La fonction de médiateur (Michael Barrett)

Un médiateur a pour fonction de réconcilier deux parties opposées, ici, Dieu et les hommes. Les prophètes et les apôtres identifient clairement le fossé qui sépare ces deux parties. Ésaïe déclare : «Ce sont vos péchés qui vous cachent sa face et l’empêchent de vous écouter» (Ésaïe 59.2). Paul qualifie les hommes d’« étrangers » et d’« ennemis » de Dieu (Colossiens 1.21). Par nature, les hommes sont pécheurs et se trouvent sous la colère divine ; par leur comportement, ils désobéissent à la loi de Dieu et méritent la condamnation (cf. Éphésiens 2). Les hommes sont séparés de Dieu par un abîme qu’ils sont incapables de franchir par leurs propres moyens. Dieu non plus ne peut pas le combler par un simple acte de volonté. Il faut donc un médiateur qui puisse s’identifier aux deux parties pour les réconcilier.

Le besoin d’un médiateur chez Job

Au plus profond de sa souffrance, Job ressentait le besoin désespéré d’un tel médiateur. Il avait pleinement conscience que Dieu n’est pas un homme avec qui il pourrait disputer d’égal à égal. Saisi d’un sentiment d’impuissance, il se lamente : « Il n’y a pas entre nous d’arbitre, qui pose sa main sur nous deux » (Job 9:33). C’est une bonne définition du rôle du médiateur. Celui-ci doit être capable de toucher les deux parties en conflit, connaître les besoins et les intérêts de chacune. Les hommes ont un besoin désespéré, car ils ne peuvent pas s’approcher de Dieu par leurs propres moyens. Les intérêts de Dieu sont inflexibles : il ne peut pas renoncer à la justice, même au profit de la grâce. La grâce divine est souveraine, mais Dieu ne peut pas effacer le passé tant qu’il n’y a rien pour satisfaire la perfection de sa justice. Aussi longtemps que Dieu est Dieu et que les hommes sont hommes, il faut un médiateur entre eux. Ce médiateur est le Seigneur Jésus-Christ. Il est la réponse à la fois aux besoins des hommes et aux intérêts de Dieu. Vivre sans Christ revient donc à être « sans espérance et sans Dieu » (Éphésiens 2:12).

Avant de continuer, il est important de rendre justice à Job. Du fond de son désespoir, il se demande si quelqu’un se soucie vraiment de lui. Si je suis honnête, je reconnaîtrai avoir posé la même question, dans des épreuves bien moins sévères que celles de Job. Sa foi atteint toutefois des sommets lorsqu’il déclare, au milieu de l’agonie de sa souffrance, qu’il sait qu’un tel médiateur existe. Sa théologie est d’une profondeur étonnante pour quelqu’un qui vivait tant d’années avant la naissance de Christ : « Déjà maintenant, mon témoin est dans le ciel, mon témoin (ou répondant) est dans les lieux élevés. » (Job 16.19). Le terme « témoin » (« répondant » est peut-être une meilleure traduction) désigne une personne et pourrait se traduire par « avocat », quelqu’un qui plaide la cause de Job. Dans les versets suivants, Job développe sa déclaration. L’hébreu de Job est réputé difficile, et certains passages peuvent en toute légitimité se traduire de plusieurs manières. Ayant consacré une bonne partie de ma vie à apprendre et à enseigner la langue hébraïque, je me permets de proposer ici une traduction simple et littérale de Job 16.19-21. Cette traduction permet de voir l’espérance messianique qui habitait un des plus anciens croyants de l’Ancien Testament. (Notez que les mots entre parenthèses indiquent des ajouts nécessaires à la compréhension des phrases en français).

Et maintenant voici, mon témoin (est) dans les cieux Et mon avocat (est) dans les lieux élevés Mon intermédiaire (est) mon ami À Dieu mes yeux pleurent Et il résout pour l’homme la querelle avec Dieu Comme (le ferait) un fils de l’homme pour son ami.


Cet article est tiré du livre : Commençant par Moïse… de Michael Barrett