Comment éviter de se retrouver à la porte après seulement deux ans passés dans une Église ? (Brian Croft)

1. Ayez confiance en la Parole.

Afin de réinsuffler la vie dans leurs assemblées aux prises avec des difficultés, il peut être tentant pour de nombreux pasteurs de se tourner vers des stratagèmes modernes et pragmatiques. Toutefois, la solution est la même que celle formulée par Paul à Timothée : « prêche la parole » (2 Ti 4.2). Seul Dieu, par le Saint-Esprit, peut insuffler la vie dans ce qui est mort. Il en est de même pour les vieilles Églises qui sont sur le point de fermer leurs portes. Les pasteurs doivent prêcher et enseigner la Parole en croyant véritablement que c’est la seule manière de réinsuffler la vie dans une congrégation qui lutte pour sa survie. Ils doivent s’en remettre à la Parole de Dieu qui, par la prédication, est capable de donner un second souffle de vie à l’Église. S’ils n’ont pas cette confiance en la Parole de Dieu, ils essaieront autre chose pour la ranimer. Si nous croyons que la Parole de Dieu, par la puissance du Saint-Esprit, est ce qui ranime une Église divisée et mourante, alors nous pouvons être assurés que des changements surviendront dès le premier dimanche après l’arrivée du nouveau pasteur, c’est-à-dire dès qu’il aura prêché. Toutefois, il faut laisser le temps à la Parole d’agir en chacun. 

2. Soyez les bergers des âmes.

Bien souvent, le déclin et les difficultés des Églises locales peuvent être le résultat de plusieurs décennies de bergers infidèles qui s’intéressaient davantage aux nombres, aux projets, aux enjeux politiques et à ce qu’ils pouvaient gagner, qu’à l’appel adressé aux pasteurs : « Paissez le troupeau de Dieu » (1 Pi 5.1‑4 ; Hé 13.17). Les Églises qui ont besoin d’un renouveau sont généralement constituées de brebis blessées et découragées qui ont besoin de bergers pour prendre soin d’elles, pour les nourrir afin qu’elles retrouvent la santé. Si un pasteur souhaite demeurer fidèle à l’appel qu’il a reçu pour son Église, c’est dans ce domaine qu’il doit consacrer du temps, en particulier pendant les premières années de son ministère. Lorsque Dieu revivifie son Église, il le fait à travers la renaissance des personnes qui s’y trouvent déjà. C’est une erreur fréquente que de chercher immédiatement un nouveau souffle à l’extérieur de l’Église, alors qu’il y a des brebis à l’intérieur qui aspirent à un renouveau.

3. Aimez tout le monde.

Lorsque la Parole commande aux pasteurs de paître le troupeau (1 Pi 5.2), c’est-à-dire les âmes « dont ils devront rendre compte » (Hé 13.17), il est primordial de comprendre que nous ne pouvons pas choisir les membres de l’Église qui sont sous notre garde. Nous pourrions être tentés de conclure qu’un pasteur ne rendra compte que de ceux qui l’apprécient, reconnaissent son ministère et se soumettent volontiers à son autorité, mais ce n’est pas le cas. Bien souvent, durant les premières années de son ministère, un pasteur s’intéresse et s’investit beaucoup plus envers ce type de membres. C’est pour cette raison qu’il est nécessaire de prendre l’engagement d’aimer tout le monde lorsque l’on cherche à être fidèle au Seigneur dans notre ministère. Dans une Église, il y a toujours des personnes que nous avons plus de mal à aimer. Toutefois, la clé d’un véritable renouveau ne consiste pas à s’investir uniquement auprès de ceux qui peuvent être enseignés et qui nous soutiennent. Il faut également s’occuper de ceux qui sont difficiles à aimer et chercher à gagner ceux qui doutent de notre ministère. Dites et montrez à tous vos membres que vous les aimez. Faites-le souvent. Le fruit de ce travail viendra beaucoup plus tard, mais il sera encore plus agréable à déguster.

4. Priez beaucoup.

Le désespoir et le découragement, qui sont souvent le lot des Églises divisées et mourantes, peuvent créer un sentiment de panique chez les pasteurs. Cela peut les pousser à aborder les choses d’une manière hâtive, pensant qu’ils doivent résoudre tous les problèmes immédiatement. Toutefois, afin de rester fidèle à une Église en proie à des difficultés, la meilleure chose à faire est de s’arrêter et d’intercéder auprès de Dieu pour les personnes de cette assemblée. Le désespoir que l’on peut ressentir face à une Église en quête de renouveau peut nous conduire à essayer de trouver une solution aux problèmes financiers, au lieu de prier Dieu de pourvoir à nos besoins, tout simplement.
Il peut aussi nous pousser à écarter rapidement des leaders, au lieu de prier afin que Dieu intervienne et développe leurs compétences. Si nous croyons vraiment que Dieu est celui qui insuffle la vie dans une Église mourante, et que les plans que nous dessinons habilement pour cette église n’y sont pour rien, nous devrions faire tout ce qu’il faut pour nous trouver à genoux, en train d’implorer le souverain berger qui aime son Église plus que nous ne l’aimerons jamais. Si j’en crois mon expérience, les pasteurs qui sont prêts à quitter le navire après seulement deux ans passés dans une Église ont rarement prié comme ils auraient dû pour leurs troupeaux.

5. Réjouissez-vous d’être entourés par des membres plus âgés.

Vous trouverez dans chaque Église qui existe depuis longtemps des membres plus âgés qui espèrent que leur Église retrouvera sa gloire passée. Ce sont généralement ceux qui ont lutté pendant des années pour que leur église ne ferme pas ses portes, mais ce sont aussi ceux qui résistent le plus souvent aux changements nécessaires. À cause de cela, au lieu de faciliter un renouveau, ces membres de longue date peuvent parfois donner l’impression d’être une entrave. Pour qu’un renouveau ait lieu, que la vitalité de l’Église soit renouvelée, vous devez garder près de vous ces membres plus âgés, les aimer, les accepter comme ils sont, et saisir les meilleures occasions de vous réjouir de leur présence. 

Beaucoup trop souvent, les jeunes pasteurs qui arrivent dans les Églises en difficulté en viennent à la conclusion que les membres plus âgés sont la source du problème, et que la solution consiste à s’en débarrasser. Dans Tite 2.1-8, Dieu révèle son plan pour l’Église locale : il désire que l’assemblée soit composée de jeunes et de vieux. Si nous voulons que nos Églises reflètent le dessein de Dieu, nous devons être des pasteurs fidèles qui aiment les membres plus âgés de nos assemblées et qui comprennent leur importance pour le travail de revitalisation. Si nous respectons et honorons les membres âgés qui ont soutenu fidèlement nos Églises dans les moments difficiles, cela les rendra plus réceptifs aux plus jeunes, qui ont aussi besoin de s’attacher à leurs Églises pour que celles-ci survivent à la prochaine génération.

6. Soyez patients.

Dans les premières années du travail de revitalisation, les pasteurs se croient souvent plus patients que les membres de leur Église qui résistent aux changements. Nombreux sont les pasteurs qui ont pensé comme cela à un moment ou à un autre dans leurs efforts de revitalisation à la suite de critiques, de conflits ou d’attaques envers leur ministère. Les pasteurs pensent qu’ils sont plus patients et fidèles que les membres de leurs Églises. Plus les années passent, plus les pasteurs réalisent que, de bien des manières, c’est plutôt l’inverse. Ces saints de longue date, ces fidèles, blessés par de nombreux pasteurs pendant des décennies, sont ceux qui ont été patients. Ils ont été patients alors que leurs pasteurs grandissaient et devenaient de meilleurs prédicateurs. Ils ont été patients alors que leurs nouveaux pasteurs apprenaient à les aimer. Ils ont été patients quand leurs pasteurs faisaient des erreurs de débutants. Ils ont été patients malgré tous les changements qu’ils n’ont pas compris ou avec lesquels ils n’étaient pas d’accord.

Plus un pasteur poursuit son ministère, plus il développe sa patience et comprend à quel point la grâce qui lui a été manifestée était grande. La patience est sans doute la clé la plus importante pour assurer la persévérance dans le ministère pastoral. Celle-ci permet aux pasteurs d’attendre quand il est nécessaire d’attendre et de prendre des décisions en fixant leur regard plus loin. De plus, elle aide les pasteurs à ne pas laisser tomber les personnes difficiles en chemin. La patience n’est pas seulement un fruit de l’Esprit essentiel dans la vie de chaque chrétien, mais un élément clé pour survivre et éviter les profonds découragements. Et si cela ne suffit pas à nous convaincre, n’oublions pas que la Bible exige que chaque pasteur possède cette vertu : « je te le recommande solennellement : proclame la Parole, insiste, que l’occasion soit favorable ou non, convaincs, réprimande, encourage par ton enseignement, avec une patience inlassable » (2 Ti 4.1, BDS). La patience est essentielle pour qu’un pasteur puisse persévérer dans son travail.

7. Attendez-vous à souffrir.

Si vous êtes un pasteur qui essaye de revitaliser une Église en vous accrochant à l’espoir que vous ne souffrirez pas, vous devriez choisir un autre travail dès maintenant. Dans de nombreux cas, la raison pour laquelle les pasteurs sont prêts à démissionner après environ deux ans est qu’ils ont finalement rencontré les adversaires que l’ennemi avait placés pour eux devant la porte ouverte de leur ministère. Comme beaucoup de ces pasteurs ont commencé à me parler des périodes de découragements et de luttes qu’ils vivaient, je leur ai finalement posé cette question : « Pensiez-vous qu’en devenant pasteur, vous n’auriez pas à affronter des adversaires venus s’attaquer à votre ministère pour l’Évangile ? »

Paradoxalement, dans beaucoup de cas, c’est à cause de leur affrontement avec des adversaires de l’Évangile et de leur ministère que ces pasteurs ont conclu qu’il était temps de partir ailleurs. Cependant, l’apôtre Paul opte pour l’approche opposée. La présence des adversaires le convainc plutôt qu’il doit rester plus longtemps : « Je resterai néanmoins à Éphèse jusqu’à la Pentecôte ; car une porte grande et d’un accès efficace m’est ouverte, et les adversaires sont nombreux » (1 Co 16.8,9).

Devenir pasteur signifie que nous nous plaçons nous-mêmes et nos familles sur la ligne de front de la bataille spirituelle. Pourquoi sommes-nous surpris quand l’ennemi s’attaque à notre ministère évangélique, en particulier quand nous œuvrons dans des endroits qui en ont été privés pendant des décennies ? Charles Simeon a dit : « Mes frères, nous ne devons pas être dérangés par un peu de souffrance. » Attendez-vous à souffrir dans votre travail de revitalisation, et ne soyez pas surpris quand cela se produit. Être préparé à cette souffrance peut vous amener à persévérer au travers de l’épreuve.

8. Choisissez vos batailles avec sagesse.

Pour survivre, un soldat sur le champ de bataille doit savoir s’il y a des mines et faire ce qu’il faut pour ne pas poser le pied sur l’une d’elles. Le travail de revitalisation est semblable à un champ de mines : vous survivrez longtemps si vous parvenez à éviter de marcher sur ces mines géantes, et si vous savez les reconnaître quand elles sont proches. Il y a beaucoup de batailles à livrer. La clé est de savoir lesquelles sont à livrer maintenant et lesquelles peuvent attendre. C’est indispensable à la persévérance. Même si vous posez le pied sur une mine, Dieu utilisera cet événement pour vous donner le discernement nécessaire afin de savoir quelles batailles il faudra livrer demain. Dieu, dans sa grâce souveraine, se sert des pires moments que nous vivons dans notre ministère pour nous équiper pour le futur. Les épreuves qu’un pasteur subit dans son Église lui donnent une perspective unique qui l’aide à prendre des décisions que peu de personnes dans l’Église pourraient prendre. Cela lui confère une sagesse toute particulière et du discernement afin de choisir les batailles à mener. Les cicatrices apparues en cours de route sont des témoignages que Dieu a fait grandir un pasteur en maturité. Il n’y a rien de mieux que ce qui laisse des cicatrices pour forger la sagesse dont nous avons besoin pour persévérer dans ce travail.

Revitaliser une Église est un travail de longue haleine. Cela ne peut se faire en quelques années. Cela nécessite une personne appelée par Dieu, non pas pour simplement rejoindre une Église mourante, mais pour aller planter et semer, puis rester et attendre patiemment la récolte. Personne ne peut envisager ce travail long et fastidieux – mais aussi noble, parce que porteur de bons fruits – avec l’ambition de conquérir le monde en deux ans. Un homme ne portera pas non plus de bons fruits s’il n’est pas équipé pour nourrir sa vision. De bien des manières, pour être en mesure de persévérer dans une œuvre de revitalisation, il est nécessaire de savoir où l’on s’en va, de comprendre ce qu’il y a à faire et de se préparer en conséquence avant de commencer. Gardez toujours en mémoire que vous devez emprunter le chemin de la persévérance avant même que le travail ne commence.