Combien de temps devrait durer une visite chez une veuve ? (Brian Croft)

Pour la plupart d’entre nous, le silence et la solitude constituent une discipline spirituelle nécessaire à la vie chrétienne. Lorsque nous les trouvons au milieu de nos vies chargées, ils sont souvent considérés comme un présent, qui ne dure généralement pas assez longtemps. Pour les veuves en revanche, c’est différent. Le silence ne représente pas un refuge temporaire à l’abri de la folie de la vie ; c’est l’environnement dans lequel elles vivent la plupart du temps. Pour elles, le silence est plus souvent un piège qu’un cadeau à accueillir à bras ouverts, puisqu’il leur rappelle au quotidien ce qu’elles ont perdu et amplifie la solitude qu’elles ressentent. C’est pourquoi l’une des meilleures façons de prendre soin des veuves est d’aller à leur rencontre, de leur rendre visite et de s’y attarder un moment. L’une des questions les plus importantes à nous poser lorsque nous envisageons de rendre visite à une veuve est la suivante : Combien de temps dois-je y rester ? Qu’entend-on exactement par « un moment » ? « Un moment » suffisamment long pour qu’elle ait le sentiment d’avoir passé un temps de qualité avec vous, suffisamment long pour qu’elle se sente importante à vos yeux, et suffisamment long pour la distraire du silence sinistre qui pèse sur elle le reste du temps. Mais comment savoir si ce moment est vraiment suffisamment long ? Les trois endroits où vous serez amené à rendre visite à une veuve sont l’hôpital, son domicile ou une résidence pour personnes retraitées. Selon les circonstances particulières et propres à chaque lieu, rester « un moment » sans trop s’attarder correspondra à une durée différente.

L’hôpital

Lorsque nous rendons visite à une veuve à l’hôpital, prendre en considération ces sages paroles d’Alistair Begg serait un bon point de départ :

Il est toujours préférable que les personnes éprouvent la sensation que notre visite est trop courte plutôt que trop longue.

En s’appuyant sur ce principe, la plupart recommandent de ne pas rester plus de cinq à dix minutes à l’hôpital. Si une veuve est hospitalisée, on peut aisément supposer qu’elle subit un certain degré de souffrance ou qu’elle est en fin de vie. Ainsi, nous prendrons mieux soin d’elle en ne restant pas trop longtemps. Une fois informé de leur hospitalisation, combien de temps devrions-nous attendre avant de leur rendre visite ? Cela dépend de l’état de la personne et de la maladie dont elle est atteinte. Au xixe siècle, les gens mouraient de maladies courantes, ce qui explique pourquoi David Dickson a écrit ceci :

Lorsqu’un ancien a vent d’une maladie, il doit rendre visite à la personne atteinte immédiatement. Repousser sans raison d’une journée, voire d’une heure, pourrait le remplir de regrets pendant très longtemps.

À l’ère de la médecine moderne, on ne connaît peut-être pas le sentiment d’urgence qui planait il y a cent ou deux cents ans, toutefois certaines urgences devraient devenir notre plus grande priorité aussitôt que nous en avons connaissance. Comme l’écrit Dickson, si nous tardons et manquons le décès d’une veuve qui nous est chère en Christ à cause de notre procrastination, nous éprouverons nous aussi des regrets inutiles. Ainsi, lorsque nous rendons visite à une veuve à l’hôpital, il est sage que cette démarche soit une priorité, mais il faut éviter qu’une telle visite ne dure pas trop longtemps.

Son domicile

Une visite au domicile d’une veuve doit être appréhendée de manière très différente d’une visite à l’hôpital. Dans le cas de cette dernière, comme nous l’avons vu précédemment, nous devons considérer la condition physique de la veuve, car la durée de notre visite dépendra de celle-ci. Une visite au domicile d’une veuve, toutefois, ne requiert pas le même type de considération. Bien entendu, cela ne signifie pas qu’une veuve ne sera pas confrontée à des problèmes de santé, cependant sa capacité à vivre seule de manière autonome et responsable révèle généralement qu’elle est suffisamment en bonne santé pour prendre soin d’elle-même. Nous devons alors plutôt concentrer notre attention sur elle et sur son foyer.

Il ne faut jamais donner l’impression à une veuve hospitalisée que nous attendons un accueil particulier de sa part, mais lorsque nous rendons visite à une veuve chez elle, nous devons accepter qu’elle nous serve ce qu’elle nous offre si elle nous le propose. Lorsque nous nous rendons au domicile d’une veuve, il est possible qu’avoir quelqu’un à servir lui apporte plus de joie que la visite en elle-même. Rester « un moment » peut alors signifier de rester suffisamment longtemps pour qu’elle nous prépare un café, ou même un repas. Cela peut également consister à faire avec elle le tour de sa maison en l’écoutant commenter chaque photo accrochée au mur ou chacune des rénovations qu’elle et son mari ont faites au cours des cinquante dernières années. Il n’est pas rare de rester quarante-cinq à cinquante minutes au domicile d’une veuve pour lui montrer qu’on s’occupe d’elle et l’arracher au silence qu’elle ressent au quotidien.

La résidence pour personnes retraitées

La résidence pour personnes retraitées peut être considérée comme une catégorie de visite intermédiaire entre l’hôpital et la maison et peut correspondre aux besoins de la veuve dans différents contextes. Certaines s’y installent en sachant qu’il leur reste peu de temps à vivre. D’autres, bien que faibles ou malades, ne sont pas mourantes et ont simplement besoin d’un endroit où recevoir des soins de longue durée. Enfin, pour la majorité d’entre elles, la résidence pour personnes retraitées représente un endroit où s’installer lorsqu’il ne leur est plus possible de s’occuper pleinement d’elles-mêmes à leur domicile. Souvent, l’un des conjoints s’occupe de l’autre à l’approche de la vieillesse. Ainsi, lorsque celui qui donnait les soins décède, il devient difficile pour l’autre de prendre soin de lui-même. Dans une résidence pour personnes retraitées, en plus de leur procurer les soins nécessaires, on s’assure que les résidents puissent jouir d’une certaine indépendance au sein d’un établissement sécuritaire et responsable.

Cette « maison loin de la maison » qu’est la résidence pour personnes retraitées génère des défis particuliers pour celui qui désire rendre visite à une veuve, puisqu’il doit trouver un équilibre dans la façon dont il lui fera ressentir que nous voulons prendre soin d’elle. Si elle se trouve dans cet établissement parce qu’il lui reste peu de temps à vivre, il conviendra d’appliquer le principe d’une visite à l’hôpital énoncé précédemment. En revanche, si elle s’est installée à la résidence pour personnes retraitées afin d’intégrer un espace de vie plus surveillé, mais qu’elle est relativement en bonne santé bien que fragile, votre visite peut s’apparenter à celle que vous auriez faite à son domicile, avec toutefois certaines précautions supplémentaires. Comme l’objectif est alors davantage de lutter contre la solitude que de lui procurer un réconfort face à la souffrance physique, nous pouvons nous sentir libres, lors de ce type de visite, de rester un peu plus longtemps, à savoir vingt à trente minutes. Puisque ce genre de résidence est généralement considéré comme un lieu de transition entre le domicile et l’hôpital, il faut demeurer attentif, non seulement à son milieu de vie, mais aussi aux problèmes de santé qui pourraient se manifester.

Il existe d’autres contextes dans lesquels nous pouvons avoir à rendre visite à une veuve, mais il s’agit là des cas de figure les plus courants. Ils constituent un modèle de base permettant d’anticiper d’autres situations dans lesquelles nous aurons à visiter une veuve. Quel que soit le lieu la visite, le plus important demeure l’état spirituel, émotionnel et physique de la veuve ; c’est ce qui déterminera la durée de la visite. C’est aussi en fonction de cela qu’une veuve se sentira aimée et prise en charge ou au contraire exaspérée. Parce que Dieu accorde la sagesse dans ces situations spéciales, sachez qu’il peut vous utiliser, même si c’est pour un court moment, afin de dissiper le silence sinistre qui pèse sur ces femmes précieuses et de leur apporter la grâce.