Ceux que Jésus sauve (Richard Phillips)

Jésus était dans une des villes ; et voici, un homme couvert de lèpre, l’ayant vu, tomba sur sa face, et lui fit cette prière : Seigneur, si tu le veux, tu peux me rendre pur. Jésus étendit la main, le toucha, et dit : Je le veux, sois pur. Aussitôt la lèpre le quitta. (Luc 5:12,13)

Comment décrire ceux que Jésus sauve ?

Les miracles disent beaucoup sur les bénéficiaires de l’œuvre de salut de Christ. Comment décrire ceux que Jésus sauve ? Le passage en question nous les décrit fort bien. Luc précise le décor : « Jésus était dans une des villes ; et voici, un homme couvert de lèpre, l’ayant vu, tomba sur sa face » (v.12). Dans la Bible, le terme « lèpre » désigne une gamme étendue de maladies de la peau, et ne correspond pas toujours à ce que nous appelons « maladie de Hansen ». Le terme biblique recouvre aussi le psoriasis, le lupus, la teigne, le favus.

Quoi qu’il en soit, une chose est certaine : la condition de celui qui était atteint d’une de ces affections cutanées était vraiment horrible. Dans son stade avancé, la lèpre handicapait énormément le malade et le défigurait terriblement. Elle ne se limitait pas à la peau en créant des ulcères et des taches, mais elle empoisonnait le sang et rongeait les os. Avec son corps miné par la maladie, le lépreux était un véritable mort-vivant.

Le lépreux

Mais sa condition sociale et religieuse était encore plus terrible que sa maladie elle-même. Comme il est écrit en Lévitique 13 et 14, le lépreux était privé de tout contact humain, banni de sa famille et de son lieu de travail, de la synagogue et du marché, chassé de la ville et condamné à errer dans l’obscurité. Lévitique 13:45,46 prescrivait ceci : 

« Le lépreux, atteint de la plaie, portera ses vêtements déchirés, et aura la tête nue ; il se couvrira la barbe, et criera : Impur ! Impur ! Aussi longtemps qu’il aura la plaie, il sera impur : il est impur. Il habitera seul ; sa demeure sera hors du camp. »

Ces mesures restrictives s’imposaient à cause des risques de contagion. Mais la lèpre représentait également le péché et sa corruption. Le lépreux était physiquement impur, mais plus encore, il était surtout impur sur le plan cérémoniel, ce qui lui interdisait l’accès à tous les rites du salut. L’Ancien Testament présente d’ailleurs quelques cas de lèpre comme un châtiment immédiat de Dieu : Myriam, la sœur de Moïse, Guéhazi, le serviteur d’Élisée, le roi Ozias pour avoir osé pénétrer dans le temple afin d’offrir des parfums à l’Éternel.

Le sort du lépreux était donc horrible. C’est sans doute sa condition misérable qui poussa le lépreux de notre passage à venir vers Jésus. Par bonheur, il ne disposait pas de miroir pour contempler son visage ravagé par la cruelle maladie. Il pouvait cependant se faire une idée de l’étendue des dégâts en regardant ses pieds et ses mains. Et le mal qui rongeait ses os le faisait certainement souffrir physiquement. Mais que dire de la souffrance morale quand il entendait les cris d’horreur que poussaient ceux desquels il s’approchait, comme ce fut sans doute le cas de la foule qui entourait Jésus à ce moment-là. Et quand il lisait les expressions horrifiées sur les visages ! Et quand il se retrouvait seul, abandonné à lui-même, après la débandade des gens !

L’homme esclave du péché et de la corruption

Ce lépreux est l’image de l’homme esclave du péché et de la corruption. Sa peau impure rappelle les ravages du péché sur nous, ainsi que l’impact laissé par nos propres actions coupables et par celles d’autrui. L’état de décomposition des os est l’image de la corruption qu’accomplit le péché en nous. De même que ce lépreux était un mort-vivant, nous aussi sommes « morts par [nos] offenses et par [nos] péchés », comme le révèle Paul (Éphésiens 2:1). Comme la lèpre, le péché est invalidant ; il gâche notre vie, nos relations et tout ce que nous faisons. Il nous défigure, ne rendant pas seulement hideuses nos expressions, mais également l’image de Dieu en laquelle nous avons été créés. L’aliénation du lépreux reflète bien notre privation de communion avec les autres et d’amour à cause du péché, et souligne surtout notre aliénation de Dieu.

Ce pauvre lépreux eut au moins conscience de son état déplorable, ce qui l’incita à venir à Jésus. Combien nous sommes peu nombreux à nous rendre compte de notre véritable condition ! Les preuves, quoique différentes, sont cependant irréfutables et nombreuses. Pouvons-nous contempler nos mains sans apercevoir les taches que le mal y a imprimées ? Pouvons-nous sonder notre cœur sans ressentir la souffrance que provoque la corruption du péché ? Comment nier les aspirations d’une nature déchue, sa délectation de ce qui est impudique et pervers, les pensées abjectes et malveillantes qui alimentent notre esprit comme le sang impur de la lèpre parcourt nos veines ?

Dieu nous révèle notre impuissance et notre infirmité

Beaucoup d’entre nous ne se sentent pas impurs parce qu’ils n’ont commis ni adultère ni meurtre, parce que leurs mensonges ne prêtent pas à conséquences, parce qu’ils n’ont pas volé ou du moins pas été pris en flagrant délit de vol. Certains se réfèrent aux normes humaines et estiment que les autres ne sont pas meilleurs qu’eux. Ils ne se sentent donc pas impurs.

Mais si la conscience ne parvient pas à nous montrer l’horreur de notre condition, Dieu procure un miroir qui reflète notre véritable image, la loi divine qui s’articule autour du décalogue. Nous y découvrons la perfection de la nature de Dieu et de ses prescriptions. Ce miroir nous renvoie les taches de notre visage. Il renvoie même l’image de notre être intérieur et révèle notre impuissance et notre infirmité. Nous nous voyons réellement tels que nous sommes, c’est-à-dire maudits, malades et impurs. Peut-être est-ce la raison qui incita Matthieu à placer le récit de la guérison du lépreux après le sermon sur la montagne dans lequel Jésus fait bien comprendre à ses auditeurs ce qu’est vraiment la loi divine :

« Vous avez entendu qu’il a été dit aux anciens : Tu ne tueras point ; celui qui tuera est passible de jugement. Mais moi, je vous dis que quiconque se met en colère contre son frère est passible de jugement ; que celui qui dira à son frère : Raca ! mérite d’être puni par le sanhédrin ; et que celui qui lui dira : Insensé ! mérite d’être puni par le feu de la géhenne… Vous avez appris qu’il a été dit : Tu ne commettras point d’adultère. Mais moi, je vous dis que quiconque regarde une femme pour la convoiter a déjà commis un adultère avec elle dans son cœur » (5:22,23,27,28).

Vous voyez que le lépreux représente notre condition horrible et impure, avec les plaies et la corruption de l’iniquité. La vue de ce lépreux n’était pas seulement insoutenable ; pire, son cas était désespéré. Dans de rares cas, et à condition d’être traitées immédiatement, certaines formes bénignes de maladies décrites comme « lèpre » pouvaient se soigner et se guérir. Mais Luc précise que l’homme en question était « couvert de lèpre ». Il n’avait donc plus aucun espoir de guérison. La société l’avait rejeté et souhaitait ne plus jamais le revoir. Il n’avait plus qu’à attendre une misère encore plus grande aboutissant à la mort.

C’est d’ailleurs la description qu’un nombre croissant de nos contemporains donnent de la vie dans cette colonie de lépreux qu’est ce monde. La misère et la mort au bout.

Jésus sauve

Ce lépreux savait sa condition désespérée, mais il savait aussi autre chose : Jésus pouvait le sauver. Je me demande si vous le savez également. Vous avez bien noté cette description du péché, vous avez reconnu quelque similitude entre la condition du lépreux et la vôtre, mais vous cherchez à vous améliorer, vous prenez de nouvelles résolutions, vous tournez une nouvelle page de votre vie.

Vous rendez-vous compte que vous commettez des actes mauvais parce que vous les aimez ? C’est votre nature qui est corrompue, qui vous incite à vous vénérer, à rechercher votre propre satisfaction aux dépens de celle d’autrui. J’admets qu’il est possible de s’améliorer superficiellement. Vous parviendrez à faire disparaître une ou deux taches de votre peau. Sachez toutefois qu’elles réapparaîtront car le mal qui vous frappe est profondément en vous ; vous ne le guérirez pas en attaquant ses symptômes. Il faut soigner sa cause. Or, il n’existe aucun remède humain contre le péché.

Le lépreux se vit abominable et désespéré ; c’est pourquoi il se décida à venir à Jésus. Faisons comme lui.


Cet article est tiré du livre : Les miracles de Jésus de Richard Phillips