Le test de foi d’Abraham (Richard Phillips)

« Abraham se leva de bon matin, sella son âne, et prit avec lui deux serviteurs et son fils Isaac. Il fendit du bois pour l’holocauste, et partit pour aller au lieu que Dieu lui avait dit. Le troisième jour, Abraham, levant les yeux, vit le lieu de loin. Et Abraham dit à ses serviteurs : Restez ici avec l’âne ; moi et le jeune homme, nous irons jusque-là pour adorer, et nous reviendrons auprès de vous. Abraham prit le bois pour l’holocauste, le chargea sur son fils Isaac, et porta dans sa main le feu et le couteau. Et ils marchèrent tous deux ensemble… Lorsqu’ils furent arrivés au lieu que Dieu lui avait dit, Abraham y éleva un autel, et rangea le bois. Il lia son fils Isaac, et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. Puis Abraham étendit la main, et prit le couteau, pour égorger son fils. »

(Genèse 22:3-6,9,10)

Cette histoire remarquable soulève quelques questions. Comment la foi triomphe-t-elle des objections naturelles à ce commandement ? En quoi la foi surmonte-t-elle ce genre de test avec succès ?

La foi s’agenouille devant Dieu dans une humble soumission

Avant de partir avec son fils pour le lieu du sacrifice, Abraham dut certainement connaître une nuit interminable. Dans son esprit s’agitaient probablement toutes sortes de questions concernant la requête époustouflante de Dieu et son droit d’exiger pareille chose. Le patriarche évoqua certainement avec beaucoup d’émotion l’amour qu’il portait à son fils, ainsi que sa consécration au Seigneur. Incapable de trouver une réponse à ses nombreuses interrogations, il dut fléchir les genoux devant Dieu, lui réitérer sa confiance et lui demander la grâce d’obéir. Il vaut la peine de signaler que cette mise à l’épreuve suprême intervient vers la fin du pèlerinage terrestre d’Abraham.

Si le patriarche passe ce test avec succès, c’est en raison des épreuves auxquelles il a été soumis antérieurement, des épreuves moins difficiles et dont il ne sortit pas toujours vainqueur, mais dont Dieu se servit pour affûter et purifier sa nature et sa foi. Après avoir reçu l’ordre divin, Abraham dut reconnaître que la volonté de Dieu était supérieure à la sienne. « Que ta volonté soit faite, et non la mienne ! », pria-t-il sans doute avec larmes en songeant à ce qui lui était demandé. Sa foi se prosterna humblement devant Dieu, permettant au patriarche d’obéir au Seigneur.

Quelque difficile qu’ait pu être cette épreuve imposée à Abraham, son récit a ébranlé la foi d’un grand nombre de gens. Beaucoup de ceux qui lisent ces versets se révoltent contre le Dieu qui parle à travers ce passage. «Comment un Dieu bon peut-il demander à un père de tuer son enfant ?», interrogent-ils. Bon nombre de personnes rejettent la Bible à cause de cet usage abusif de l’autorité divine. Les moralistes rejettent Dieu, et les existentialistes rejettent Abraham, estimant impossible d’embrasser une telle foi.

Une foi enracinée dans l’humilité

Dans l’ouvrage Crainte et tremblement, Søren Kierkegaard demande comment Abraham pouvait être sûr que c’était Dieu qui lui avait parlé, comment un père peut faire ce qu’il était sur le point d’accomplir. La foi d’Abraham n’est évidemment pas celle qu’un existentialiste sensé et authentique veut imiter !

Que répondrait Abraham à ces accusations ? Il commencerait par rappeler qu’il n’est qu’une créature devant le Créateur. Il adore Dieu pour ce qu’il est et ne se permettrait jamais de juger le Très-Haut et Seigneur du ciel. Sa foi s’enracinait dans une humilité consciente ; elle se prosternait devant le trône d’un Dieu qu’il n’osait pas juger.

Je m’explique. Il m’arrive occasionnellement de discuter avec une personne troublée par des sujets comme cette mise à l’épreuve de la foi d’Abraham, ou l’endurcissement du coeur de Pharaon par Dieu, ou la doctrine biblique du châtiment corporel éternel des pécheurs condamnés en enfer. Du point de vue du raisonnement humain, ce que Dieu fait est terrible. «Comment un Dieu bon peut-il infliger un mal pareil ?», se demande mon interlocuteur.

J’ai coutume de dire à ceux que bloque une telle difficulté que leur humanisme ne leur permettra jamais de recevoir de réponse acceptable. Par humanisme, j’entends la croyance, si ancrée en nous, selon laquelle ce qui est le mieux pour la majorité des hommes doit servir de norme du bien. Dieu n’est pas humaniste ; il est théiste ! Il ne croit pas que le bien suprême soit celui qui favorise le plus d’êtres humains. Pour lui, le plus grand bien est la gloire de son nom ! Il estime que la manifestation de sa justice, de sa sainteté, ainsi que de son amour vaut davantage que toutes les étoiles du ciel. Il déclare :

« Arrêtez, et sachez que je suis Dieu : je domine sur les nations, je domine sur la terre »
(Psaume 46:11).


En face de sujets aussi troublants que l’ordre divin donné à Abraham, notre humanisme reste sur sa faim. Or, loin d’avoir l’intention de le satisfaire, Dieu cherche plutôt à nous en débarrasser. Il n’est pas là pour subir notre interrogatoire, pour s’asseoir sur le banc des accusés. Il ne cherche pas à se justifier devant le tribunal de notre sentiment de justice. C’est à genoux devant le vrai Dieu que nous obtenons des réponses satisfaisantes aux questions semblables à celles liées à la mise à l’épreuve d’Abraham. Le patriarche n’était plus un humaniste, car toutes les années passées à vivre par la foi lui avaient appris à s’agenouiller humblement devant le Seigneur et à placer sa confiance en lui.


Cet article est tiré du livre : Le test de la foi – Hébreux chapitre 11 de Richard Phillips.