La foi endure la souffrance – Hébreux 11 (Richard Phillips)

Certains ne se privent pas de clamer haut et fort que si nous avons assez de foi, nous ne serons jamais malades, ni pauvres, ni en proie à quelque trouble que ce soit.

La foi des « autres »

Le verset 35 de Hébreux 11 réfute cette théologie fausse. L’auteur nous parle en effet «d’autres», c’est-à-dire de personnes qui avaient foi en Dieu et qui subirent cependant des épreuves indicibles. Leur foi n’en était pas moins conquérante, car elle leur permit d’honorer Dieu en persévérant jusqu’à la fin :

« D’autres furent livrés aux tourments, et n’acceptèrent point de délivrance, afin d’obtenir une meilleure résurrection ; d’autres subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison ; ils furent lapidés, sciés, torturés ; ils moururent tués par l’épée ; ils allèrent çà et là, vêtus de peaux de brebis et de peaux de chèvres, dénués de tout, persécutés, maltraités – eux dont le monde n’était pas digne – errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre ».
Hébreux 11:35-38

Des croyants furent torturés à mort et refusèrent la délivrance en échange d’une abjuration. L’auteur pense probablement aux martyrs maccabéens, des Juifs au deuxième siècle avant l’ère chrétienne qui tinrent tête au roi séleucide Antiochus Épiphane. Celui-ci les forçait à consommer de la viande de porc et à offrir des sacrifices aux divinités grecques. Le livre apocryphe de 2 Maccabées décrit ce qui correspond au mot grec utilisé dans la lettre aux Hébreux à propos de tortures. Le mot désigne le supplice de la roue, la victime étant écartelée et battue. L’auteur de la lettre aux Hébreux connaissait bien la scène qu’il évoque, celle de la torture et du meurtre de sept frères qui refusèrent tous de renier le Seigneur. Ils subirent des tortures d’une extrême cruauté. Les bourreaux les scalpèrent, les mutilèrent en leur coupant la langue, les firent passer à la poêle ; les victimes étaient attachées à la roue d’une catapulte.

Les sept frères préférèrent mourir dans ces conditions horribles plutôt que de renoncer à leur foi. Ils nourrissaient l’espoir d’une résurrection meilleure que celle opérée par Élie et Élisée ; en effet, ceux-ci ramenèrent les morts dans ce monde; les martyrs espéraient ressusciter pour la vie éternelle dans le monde à venir. L’un des frères déclara à son tortionnaire : «Scélérat que tu es, tu nous exclus de cette vie présente, mais le Roi du monde nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour ses lois.» Le dernier des frères se tourna vers le représentant du roi et dit en toute confiance : «Quant à nos frères, après avoir supporté une douleur passagère, en vue d’une vie intarissable, ils sont tombés pour l’alliance de Dieu.» (2 Maccabées 7:9,36)

Souffrir pour Dieu

Celui qui ne connaît pas Dieu ne peut pas comprendre ce genre de sacrifice, cette marque de fidélité. Mais le regard de la foi sait qu’il s’agit d’un troc avantageux, bien que douloureux ; c’est même un privilège et un honneur que de souffrir pour Dieu. Un autre écrit juif contemporain des Maccabées dit ceci :

« Les âmes des justes sont dans la main de Dieu et nul tourment ne les atteindra. Aux yeux des insensés ils ont paru mourir, leur départ a été tenu pour un malheur et leur voyage loin de nous pour un anéantissement, mais eux sont en paix. S’ils ont, aux yeux des hommes, subi des châtiments, leur espérance était pleine d’immortalité. »

Le livre de la sagesse 3:1-4

Au verset 36, le passage d’Hébreux évoque ceux qui «subirent les moqueries et le fouet, les chaînes et la prison». On peut penser à certains prophètes dont ce fut le sort, comme ce fut aussi celui du Seigneur Jésus. Au verset suivant, il est question de ceux qui furent lapidés, un châtiment subi par de nombreux fidèles de l’Ancien Testament, en particulier des prophètes. Il est question aussi de ceux qui furent sciés. À ce propos, la tradition indique que ce fut le sort que le roi impie Manassé réserva au prophète Ésaïe. D’autres encore périrent par l’épée, comme l’apôtre Jacques. Ils «allèrent ça et là… errants dans les déserts et les montagnes, dans les cavernes et les antres de la terre». L’auteur pense peut-être en particulier aux Maccabées qui vécurent ainsi 4, bien qu’Élie et Élisée aient également mené ce genre d’existence.

L’auteur fait ensuite une merveilleuse déclaration qui, bien que d’apparence sibylline, dit tant de choses : «Eux dont le monde n’était pas digne.» Le monde écartait ces hommes et ces femmes en raison de leur foi en Dieu ; en réalité, par son incrédulité, ce monde ne leur convenait pas. «C’est pourquoi Dieu n’a pas honte d’être appelé leur Dieu, car il leur a préparé une cité» (Hébreux 11:16). Quel rappel salutaire pour nous, comme l’exprime l’apôtre Jean :

«Le monde passe, et sa convoitise aussi ; mais celui qui fait la volonté de Dieu demeure éternellement».
1 Jean 2:17


Cet article est tiré du livre : Le test de la foi – Hébreux chapitre 11 de Richard Phillips.