5 questions sur le dessein de Dieu en matière de genre (Kevin DeYoung)

Q : Pourquoi Dieu a-t-il choisi de créer des hommes et des femmes ?

R : Rien n’obligeait Dieu à créer deux types d’êtres humains, différents en raison de leur forme et de leur taille, de leur pilosité – et souvent, de leurs raisonnements et de leurs émotions. Il aurait tout à fait pu faire en sorte que la race humaine se multiplie d’une autre manière que par la paire différenciée mâle-femelle : il aurait pu concevoir Adam de façon à ce qu’il n’ait pas besoin d’Ève ou l’inverse. Mais Dieu n’a pas choisi de créer un homme seul, ou une femme seule, ni un groupe d’hommes ou un groupe de femmes ; il a voulu un homme et une femme. La principale caractéristique de l’existence humaine, celle qui façonne notre vie plus que toute autre – notre sexe biologique – résulte d’une décision divine.

Dans un sens, évidemment, le monde devait être fait ainsi, en accord avec la volonté immuable de Dieu et comme l’expression nécessaire de son caractère. Je ne suis pas en train de suggérer que Dieu aurait créé Adam et Ève sur un coup de dés ; bien au contraire. Cette idée extraordinaire, magnifique, et compliquée d’une humanité basée non pas sur un seul sexe, mais sur deux, est de Dieu : « Dieu créa l’homme à son image, il le créa à l’image de Dieu, il créa l’homme et la femme » (Ge 1.27). La race humaine tout entière est composée de deux sexes différenciés et complémentaires. Elle l’a toujours été, et elle le sera pour toujours. Cette organisation bipartite et perpétuelle de l’humanité n’est pas le résultat d’un accident ou d’un simple caprice, mais bien de l’excellente volonté divine.

Mais pour quelle raison ? Qu’est-ce qui est en jeu, précisément, dans cet agencement homme-femme ? Rien de moins que l’Évangile. L’apôtre Paul explique que le mystère du mariage est grand, et qu’il se rapporte à Christ et à l’Église (Ép 5.32). Dans le Nouveau Testament, un « mystère » a trait à quelque chose qui, étant d’abord caché, est soudainement révélé. La Bible déclare ainsi que Dieu a créé l’homme et la femme – deux sexes distincts – afin de dépeindre, dans un tableau vivant, l’union différenciée et complémentaire de Christ avec son Église. Le chapitre 5 de l’épître aux Éphésiens a pour thème la vie conjugale, mais sa logique sous-jacente nous échappera à moins que nous saisissions que Dieu a créé le mariage pour qu’il soit une union entre deux êtres différents qui se complètent, comme c’est le cas pour l’Évangile. Tout effort pour abolir les distinctions entre hommes et femmes est une tentative (intentionnelle ou non) de démolir les éléments constitutifs de la rédemption elle-même.

Q : Les hommes et les femmes sont-ils interchangeables ?

R : Hommes et femmes ne sont pas interchangeables. Dans le mariage en particulier, mais également dans le reste de la vie, ils se complètent ; autrement dit, ils sont appelés à remplir des rôles distincts et correspondants qui ont été prescrits par Dieu. C’est ainsi que fonctionne tout le cosmos. Pensez à la nature complémentaire de la création : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » (Ge 1.1). Et c’est loin d’être le seul jumelage dans la création. La Bible répertorie toutes sortes de couples : le soleil et la lune, le matin et le soir, le jour et la nuit, les eaux et la terre, les plantes et les animaux et, pour terminer, l’apogée de la création : l’homme et la femme. Comme c’est le cas dans toute paire, l’un correspond et appartient à l’autre, mais aucune n’est composée d’individus interchangeables.

On comprend mieux pour quelle raison l’union des cieux et de la terre, dans Apocalypse 21 et 22, n’a lieu qu’après les noces de l’Agneau, au chapitre 19. Le fait que Dieu nous ait créés hommes et femmes a une signification cosmique et une portée éternelle. Du début à la fin, la trame biblique – tout comme la conception de la création elle-même – repose sur la distinction entre l’homme et la femme : différents l’un de l’autre, mais faits l’un pour l’autre1.

Q : Que veut dire la Bible lorsqu’elle appelle Eve une « aide » pour Adam ?

R : La femme a été donnée à l’homme en tant qu’aide. Ève est créée à partir de l’homme (Ge 2.22) – égale à lui en valeur – mais, de plus, pour l’homme (Ge 2.20) – ayant un rôle différent. Le leadership de l’homme, auquel le texte fait allusion dans Genèse 1.27 en les appelant, lui et la femme, « homme », est clairement affirmé au chapitre 2, lorsque Dieu donne Ève à Adam comme « aide » (2.18,20). Le fait d’être une aide ne sous-entend nullement une quelconque diminution de valeur ou de statut ; Dieu lui-même est parfois appelé l’aide d’Israël (Ex 18.4 ; Ps 33.20, DBY ; 146.5, OST). Ezer (l’aide, le secours) est un terme lié à la fonction, pas à la valeur. Tout comme Dieu vient parfois en aide à son peuple, le rôle de la femme dans sa relation avec son époux est de lui venir en aide : « En effet, l’homme n’a pas été tiré de la femme, mais la femme a été tirée de l’homme ; et l’homme n’a pas été créé à cause de la femme, mais la femme a été créée à cause de l’homme » (1 Co 11.8,9).


Quel est l’enjeu lorsque Dieu nous fait homme et femme ? Rien de moins que l’évangile, c’est tout.


On a tendance à psychologiser la solitude d’Adam et à interpréter le mot « aide » de façon à faire d’Ève un simple réconfort pour Adam, quelqu’un qui lui tiendrait compagnie. C’est certainement une caractéristique possible du terme ; Calvin a dit d’Ève qu’elle était un don de Dieu à Adam pour « l’aider à bien vivre ». Toutefois, le mot « aide » ne saurait être dissocié des défis plus larges que pose le mandat créationnel. En effet, il n’était pas bon que l’homme soit seul parce qu’il ne pouvait pas, à lui seul, obéir au commandement divin de Genèse 1.28 (« Soyez féconds, multipliez, remplissez la terre »). Là encore, la complémentarité ordonnée de l’homme et de la femme est manifeste : un autre homme aurait pu offrir à Adam une énergie et un répit relationnels. Dieu aurait très bien pu donner à Adam une charrue, un attelage de bœufs, ou un groupe d’amis – et tout cela aurait été utile, et même agréable. Aucun de ces dons, cependant, n’aurait été une aide adaptée à la tâche cruciale visant à avoir et à éduquer des enfants. Pour que l’humanité domine la Terre, il faut qu’un homme cultive le jardin et qu’une femme l’aide.

Q : Qu’est-ce que le complémentarisme biblique ?

R : J’adhère à la position complémentariste. De ce fait, je crois que Dieu veut que les hommes soient des leaders, des serviteurs, et des protecteurs ; je crois également que, dans l’Église, les femmes peuvent s’épanouir sous ce leadership alors qu’elles aussi travaillent en faisant preuve d’une allégeance et d’une fidélité bibliques conformément à la sagesse et à la beauté de l’ordre que Dieu a créé.

Le schéma biblique du leadership de l’homme n’est jamais une excuse pour ignorer les femmes, les rabaisser, occulter leurs contributions, ou abuser d’elles de quelque manière que ce soit. La complémentarité biblique s’exprime le plus fidèlement lorsque les hommes protègent les femmes, les honorent, s’adressent à elles avec bienveillance et prévenance, et qu’ils trouvent tous les moyens appropriés d’apprendre d’elles et de les inclure dans la vie et le ministère, tant au sein du foyer que de l’Église.

Q : Les hommes et les femmes sont-ils définis uniquement par leurs rôles dans le mariage ?

R : Nous devons considérer le mariage non pas comme le seul endroit où le dessein de la Genèse est vécu, mais comme l’endroit où le dessein de Dieu est vécu le plus clairement. Bien sûr, les hommes et les femmes ne devraient pas se comporter avec tous les autres hommes ou femmes comme mari et épouse. Et pourtant, il y a quelque chose dans la relation matrimoniale qui montre à tous le genre de personnes que les hommes et les femmes sont faits pour être.

Il est vrai que le chapitre qui traite d’Éphésiens 5 porte effectivement sur ce sujet et que bon nombre des schémas de la différenciation sexuelle créée par Dieu sont le plus clairement visibles au sein de la vie conjugale. Pourtant, personne ne devrait en tirer la conclusion qu’il est impossible d’être pleinement homme ou pleinement femme à moins d’être marié. De même, j’espère que personne n’arrivera à la conclusion que la Bible n’a pas grand-chose à dire aux célibataires sur le fait d’être un homme ou une femme. Comme nous le verrons, le fait que Dieu ait créé l’Homme en tant que pluralité – homme et femme, une paire complémentaire – devrait façonner notre vision du mariage, mais aussi celle que nous avons de nous-mêmes en tant qu’individus.

Notes :

Ce paragraphe est un résumé de, et à certains endroits emprunte des phrases de, mon livre What Does the Bible Really Teach about Homosexuality ? (Wheaton, IL : Crossway, 2015), 32.


Cet article est adapté du livre : « Les hommes et les femmes dans l’Église » de Kevin DeYoung