3 façons pour les hommes d’aimer leur femme dans la vraie vie (Kevin DeYoung)

1. Conduire

J’emploi trois verbes pour décrire l’amour librement donné : conduire, sacrifier, et prendre soin. Permettez-moi de m’adresser, là encore, directement aux époux.

Maris, conduisez votre épouse. Je me rappelle avoir entendu John Piper déclarer à plus d’une reprise que le mari devrait être celui qui dit le plus souvent : « Je propose que nous… » Je n’ai jamais oublié ce simple conseil. « Chérie, je propose que nous allions nous balader », « Je propose que nous priions ensemble » ou « Je propose que nous préparions les enfants pour aller au lit ». Maris, prenez l’initiative. Il ne s’agit pas de prendre toutes les décisions ou de croire qu’écouter sa femme est un signe de faiblesse. John Witherspoon, une fois encore, l’exprime parfaitement : « Ainsi, je prends la liberté de ne pas placer dans la catégorie des hommes dominés et asservis tous ceux qui demandent et suivent le conseil de leur épouse dans la plupart des cas ; il s’avère réellement meilleur que n’importe quelle recommandation qu’ils pourraient eux-mêmes se donner. » Les bons leaders savent aussi suivre, à l’occasion, et ceux qui sont sous leurs ordres peuvent aussi avoir l’opportunité de mener de temps en temps. L’important, dans le « Je propose que nous… » du mari, c’est sa posture : son zèle pour planifier des projets, prendre des risques et participer pleinement à la relation maritale.

C’est particulièrement vrai lorsqu’il est question de diriger sur le plan spirituel. Un mari chrétien peut tout à fait se montrer audacieux et ferme lorsqu’il s’agit de gagner de l’argent, de traiter d’un problème professionnel, ou de s’adonner à son passe-temps ; mais lorsqu’il est question d’exercer un leadership aimant dans son foyer, il devient trop souvent un paillasson. Il n’assume absolument aucune responsabilité pour le bien-être spirituel de sa maison.

Et pourtant, c’est bien l’époux que Dieu tient pour responsable du bien-être spirituel de son épouse : « Maris, que chacun aime sa femme, comme Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole, pourfaire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable » (Ép 5.25-27). J’ai un rôle à jouer quant à la sainteté de ma femme. Notre mariage devrait être un instrument d’édification, de purification, et de sanctification.

Être le leader spirituel implique que l’on prenne l’initiative de réparer la brèche lorsque la relation a été meurtrie. Si Christ aime l’Église, son épouse rebelle et spirituellement adultère, et qu’il continue de lui faire la cour pour la ramener malgré tout, à combien plus forte raison devriez-vous persévérer à courtiser votre femme après un désaccord – sans parler du fait que celui-ci sera, la moitié du temps au moins, de votre faute. En ce qui concerne Christ et l’Église, c’est toujours l’Église qui a tort à 100 %. En ce qui vous concerne, ce n’est jamais votre femme qui a tort à 100 %. C’est le mari qui devrait faire le premier pas vers la réconciliation lorsque les blessures et les déceptions ont refroidi le mariage.

2. Sacrifier

Maris, sacrifiez-vous pour votre femme. Il est primordial, pour le bien de votre mariage, que vous compreniez la doctrine de l’expiation. Jésus est mort pour l’Église. En tant que mari, votre leadership doit être marqué par le sacrifice de soi.

Concrètement, cela peut s’exprimer au travers de petits gestes quotidiens : rentrer plus tôt du travail, s’occuper des enfants, participer avec joie à une activité qu’elle aime, décider de ne pas tenir compte d’une offense, faire des courses pour elle, réparer quelque chose dans la maison, faire le ménage. Aimer votre épouse peut également entraîner des sacrifices plus coûteux : il vous faudra peut-être abandonner l’idée de gravir les échelons professionnels et d’accéder à un poste plus élevé de la hiérarchie, afin de pouvoir remplir convenablement votre rôle de mari. Vous serez peut-être appelé à laisser vos rêves et vos espoirs de côté afin de prendre soin de votre femme si elle tombe malade ou qu’elle se blesse. Il se peut que vous ayez à sacrifier la grande maison ou le meilleur quartier de la ville pour adopter un style de vie plus raisonnable afin de permettre à votre femme de rester à la maison avec les enfants. Jean Chrysostome avait raison d’exhorter les époux à donner leur vie pour leur épouse : « Même s’il était nécessaire que vous donniez votre vie pour elle, et que l’on vous découpe en petits morceaux des milliers de fois, que vous éprouviez et subissiez quelque souffrance que ce soit – ne le refusez pas. Oui, même si vous enduriez tout cela, votre épreuve ne serait en rien comparable à celle de Christ1. »

3. Prendre soin

Pour finir, maris, prenez soin de votre femme. Chérissez-la comme votre propre corps (Ép 5.28). Elle n’est pas qu’une simple partenaire ; elle est votre autre moitié, votre propre chair et vos propres os. On ne maltraite pas son propre corps : on le développe, on le protège, on le nourrit. Similairement, chérissez votre épouse et prenez-en soin. « Maris, aimez votre femme et ne soyez pas durs avec elle » (Co 3.19, PDV). Vous devriez avoir autant de facilité à être dur avec votre femme que vous en auriez à vous donner un coup de poing en pleine figure. Jean Calvin déclare ainsi que l’homme « qui n’aime pas sa femme est un monstre2 ». Occupez-vous de ses besoins en nourriture, en vêtements, en sécurité. Il n’existe aucune loi interdisant à la femme de gagner plus d’argent que son mari – mais il existe un commandement exigeant des maris qu’ils nourrissent et prennent soin de leur femme.

Votre épouse devrait pouvoir compter sur le fait que vous pourvoirez à ses besoins et que vous la protègerez. C’est ce qu’Edgar Rice Burroughs a décrit dans Tarzan, seigneur de la jungle, lorsque le personnage principal pose les yeux sur Jane Porter pour la première fois : « Il savait qu’elle avait été créée pour être protégée, et qu’il l’avait été pour la protéger3. » Un tel sentiment nous paraîtra peut-être désuet, voire carrément sexiste. Mais est-ce vraiment une mauvaise chose que des hommes ressentent, au plus profond d’eux-mêmes, le besoin de protéger les femmes et non de les exploiter, de les défendre et non de les rabaisser, de les traiter avec un honneur particulier et non de les négliger ? En fait, Mary Eberstadt soutient que la révolution sexuelle – avec son laisser-faire vis-à-vis des relations sexuelles et son insistance sur le fait qu’hommes et femmes sont sexuellement identiques – a rendu les femmes vulnérables et frustrées : « La rhétorique furieuse, fanfaronne, et vulgaire du féminisme promet aux femmes ce que plusieurs d’entre elles n’arrivent pas à trouver ailleurs : la protection4. » Elles ont plus que jamais besoin de savoir que les hommes les traiteront effectivement d’après un ensemble de règles différentes et qu’ils chercheront le bien-être des femmes plus que le leur.

Tous ces récits chevaleresques, dans lesquels l’homme combat pour défendre l’honneur d’une dame, la défendant jusqu’à son dernier souffle et la traitant comme une véritable reine, ont peut-être quelque chose à nous apprendre, finalement. Dans son livre A return to modesty, l’auteure juive Wendy Shalit dresse la liste des règles de bonne étiquette considérées aujourd’hui comme désuètes – « un homme ouvre toujours la porte pour laisser passer la femme », « un homme porte les paquets ou les valises d’une femme », « un homme se lève lorsqu’une femme entre dans la pièce », « si une femme laisse tomber son gant dans la rue, un homme, bien évidemment, le ramasse », ou encore « si une femme, peu importe son âge, se dirige vers un siège vacant, un homme ne doit jamais se précipiter pour le prendre avant elle ». Shalit reconnaît que « l’on peut sans doute critiquer ces normes comme sexistes – et nombreux sont ceux qui ne s’en sont pas privés ». Elle poursuit : « Le fait est qu’un homme qui observait toutes les règles ci-dessus était un individu qui traitait une femme avec respect, qui était incapable d’être rustre. » Les femmes n’étaient pas censées être traitées comme les hommes ; elles devaient être traitées différemment – comme des femmes. Par conséquent, « l’ancienne façon de voir soutenait qu’un homme qui ne faisait pas preuve de prévenance envers les femmes n’était pas véritablement un homme5 ».

S’il est attendu des hommes en général qu’ils traitent les femmes avec attention et bienveillance, combien plus encore devraient-ils le faire envers leur propre épouse ? D. L. Moody a fait la remarque suivante : « Si je cherchais à savoir si un homme est chrétien, ce n’est pas à son pasteur que je poserais la question, mais à sa femme […] Si un homme ne traite pas bien son épouse, qu’il ne me parle pas de christianisme6. » Que penseriez-vous d’inclure le nom de votre femme dans la section « références » de votre curriculum vitæ chrétien ? Seriez-vous à l’aise avec cette idée ? Mettez de côté toutes les manières dont notre culture confond l’amour avec les sentiments et l’euphorie ; votre épouse pourrait-elle vous regarder dans les yeux et déclarer, avec sincérité et tendresse : « Chéri, je sais que tu m’aimes vraiment, que tu m’aimes de l’amour de Christ pour son Église » ?


1. Jean Chrysostome, Chrysostom: Homilies on Galatians, Ephesians, Philippians, Colossians, Thessalonians, Timothy, Titus, and Philemon [Chrysostome : homelies sur Galates, Ephesiens, Philippiens, Colossiens, Thessaloniciens, Timothee, Tite, et Philemon], trad. libre, vol. 13, Nicene and Post-Nicene Fathers, Peabody, Mass., Hendriksen, 2004, p. 144.

2. Jean Calvin, Commentaries on the Epistle of Paul to the Ephesians [Commentaires sur l’épitre de Paul aux Éphésiens], trad. libre, vol. 21, Calvin’s Commentaries, trad. par W. Pringle, Grand Rapids, Mich., Baker, 1993, p. 322.

3. Edgar Rice Burroughs, Tarzan of the Apes [Tarzan, Seigneur de la jungle], trad. libre, New York, Modern Library, 2003, p. 143.

4. Mary Eberstadt, Primal Screams: How the Sexual Revolution Created Identity Politics [Un cri primal : comment la revolution sexuelle a créé  les politiques identitaires], trad. libre, West Conshohocken, Penns., Templeton Press, 2019, p. 75.

5. Wendy Shalit, A Return to Modesty [Un retour à  la pudeur], trad. libre, New York, Free Press, 1999, p. 144-145.

6. D. L. Moody, The Overcoming Life and Other Sermons [La vie victorieuse et autres prédications], trad. libre, Chicago, Bible Institute Colportage Association, 1896, p. 13‑14.


Cet article est tiré du livre : « Les hommes et les femmes dans l’Église » de Kevin DeYoung