Une triple union entre Dieu, Christ et les croyants (John Flavel)

« Moi en eux, et toi en moi, – afin qu’ils soient parfaitement un. » (Jean 17:23)

Ce verset présente une triple union : celle entre le Père et Christ, puis celle entre Christ et les croyants, et enfin, celle entre les croyants eux-mêmes.

1. Toi en moi

C’est une union merveilleuse et ineffable, qui sert de fondement aux deux autres. Le Père ne se contente pas d’être en Christ dans le sens de l’affection, comme un cher ami est uni à un autre qui lui est comme sa propre âme. Son union ne se limite pas essentiellement non plus à l’identité de la nature et des attributs, domaine où Christ est « l’empreinte de sa personne » (Hébreux 1:3). Dieu est en Christ aussi dans sa qualité de Médiateur. Le Père lui communique la plénitude de la divinité qui réside dans le Fils en tant que Dieu-Homme, d’une manière transcendante et singulière, de telle sorte qu’elle n’a jamais résidé, ni ne le peut, en aucun autre (Colossiens 2:9).

2. Moi en eux

C’est ici l’union entre Christ et les élus. Par ces mots, Jésus dit en fait : « Toi et moi sommes un en essence, par la communication qu’en tant que Médiateur, j’ai de la divinité et de la plénitude de l’Esprit. Eux sont un avec moi dans une union mystique, par la communication que je leur fais de l’Esprit dans une certaine mesure. »[1]

3. Afin qu’ils soient parfaitement un

Il en résulte une troisième dimension de cette union, celle qui est entre les croyants eux-mêmes. Le même Esprit réside en chacun d’eux et les unit tous de façon égale à Christ, comme des membres vivants attachés à leur Tête. Il doit donc en découler une communion mutuelle douce et intime, en qualité de membres d’un même corps. 

4 métaphores

Penchons-nous maintenant sur le deuxième aspect, à savoir l’union entre Christ et les croyants. Nous commençons par affirmer :

Il existe une union solide et intime entre Christ et tous les vrais croyants.

Les Écritures empruntent au domaine des choses naturelles quatre belles métaphores frappantes pour nous aider à comprendre la nature de cette union avec Christ. Aucune d’entre elles (à elle seule ni toutes combinées) ne parvient toutefois à donner une idée pleine et complète de ce mystère.

« Celui qui s’attache au Seigneur (se colle, dans l’original) est avec lui un seul esprit » (1 Corinthiens 6:17). C’est ici une ombre pâle et imparfaite de notre union avec Christ. En effet, si l’union produite par la colle est intime et proche, elle ne revêt pas le caractère vital du lien qui unit l’âme et Christ.

Il en est de même de la métaphore mentionnée en Romains 6:5, qui présente les croyants comme une même plante avec Christ. Cette union est vitale, car elle permet à la sève de vie de couler, mais la métaphore demeure incomplète. En effet, le greffon possède une nature plus excellente que le tronc sur lequel on l’a enté, et il donne son nom à l’arbre puisque le fruit provient de lui. Mais Christ, en qui sont entés les croyants, leur est infiniment meilleur. Ce sont eux qui retirent leur nom de lui.

Une autre métaphore est celle de l’union conjugale (Éphésiens 5:31,32). Cette union est précieuse et intime par excellence, de telle sorte que l’homme quitte son père et sa mère pour s’attacher à sa femme, et que les deux deviennent une seule chair. Elle n’est cependant pas indissoluble, puisque la mort vient l’interrompre, forçant le conjoint survivant à vivre seul désormais, sans aucune communion avec la personne qui lui a été si chère. En revanche, la mort est incapable de dissoudre l’union qui existe entre l’âme et Christ car elle demeure pour l’éternité.

Une quatrième métaphore est celle de la tête et des membres. Les deux sont unis par la vie d’un même esprit, de sorte à former un même corps physique (Éphésiens 4:15,16). Mais, si l’âme fait agir chaque membre, elle ne les unit pas tous dans la même proximité avec la tête. En revanche, dans l’union qui nous intéresse, Christ (la Tête) s’unit avec chaque membre dans la même intimité. Le membre faible est aussi proche que le fort.

Cet article est tiré du livre : Le Saint-Esprit & l’application du salut de John Flavel


[1] Pour une étude profitable du Psaume 45, voir La splendeur de son règne, Walter Chantry, éditions Europresse, Chalon-sur-Saône, 2002, pp.89ss.