Quelle est la nature de l’union qui existe entre Christ et le croyant ? (John Flavel)

1. Cette union m’unit de la manière la plus intime à Christ

L’Église est son corps (Colossiens 1:24), non pas le corps physique, comme si nous étions une seule personne et une seule essence avec lui. Il s’agit du corps mystique, c’est-à-dire de son corps d’une façon mystérieuse, car Christ le regarde comme son corps naturel.

Dans leur rapport avec Christ, les saints ont la même relation que possèdent les membres naturels du corps avec la tête. Lui-même entretient la même relation avec eux que la tête avec les membres naturels. En conséquence, ils jouissent entre eux de la même relation qui unit les membres d’un corps naturel entre eux.

Christ et les saints ne sont pas un à la manière du chêne avec le lierre qui l’enlace, mais plutôt comme le greffon qui est enté sur le tronc. Ce n’est pas une union par adhésion mais par incorporation. Le mari et sa femme, le corps et l’âme, n’ont pas une intimité et une proximité égales à celles dont jouissent Christ et l’âme croyante.

2. Cette union est entièrement surnaturelle

Seule la puissance de Dieu l’accomplit. Il est dit : « Jésus-Christ qui, par la volonté de Dieu, a été fait… » (1 Corinthiens 1:30) Je ne peux pas plus m’unir à Christ qu’une branche peut s’incorporer à un tronc étranger. L’œuvre vient de Dieu, et elle lui appartient en propre.

Il existe seulement deux ligaments, ou liens d’union, entre Christ et l’âme, à savoir l’Esprit de la part de Dieu et la foi de mon côté. Toutefois, en parlant de la foi comme lien d’union de ma part, je ne veux pas dire que cet acte jaillit de moi par nature, ou découle de la simple puissance de ma volonté. Non, car l’apôtre contredit expressément une telle chose : « Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu » (Éphésiens 2:8). J’en suis néanmoins le sujet. Si l’acte provient effectivement de moi, la puissance qui me permet de croire vient en revanche de Dieu (Éphésiens 1:19,20).

3. Cette union est immédiate et directe

Cela ne veut pas dire qu’elle exclut l’emploi de moyens ou d’instruments, car beaucoup de ces choses servent à sa réalisation. Mais nous pouvons parler de caractère immédiat dans le sens où cette union exclut les degrés de proximité parmi les membres du corps mystique de Christ.

Dans un corps physique, tous les membres ne possèdent pas la même proximité vis-à-vis de la tête. En revanche, tous les membres du corps mystique de Christ, le plus faible tout autant que le plus puissant, bénéficient d’une union directe avec Christ. « À l’église de Dieu qui est à Corinthe, à ceux qui ont été sanctifiés, saints par vocation, et à tous ceux qui invoquent en quelque lieu que ce soit le nom de notre Seigneur Jésus-Christ, leur Seigneur et le nôtre » (1 Corinthiens 1:2).

4. Cette union est fondamentale

Elle l’est dans le domaine de la sustentation (mon soutien, ma nourriture), car tous les fruits de mon obéissance en dépendent : 

« Comme le sarment ne peut de lui-même porter du fruit, s’il ne demeure attaché au cep, ainsi vous ne le pouvez pas non plus, si vous ne demeurez en moi » (Jean 15:4).

Cette union est fondamentale pour tous mes privilèges et pour la réception de tout bienfait spirituel : « Tout est à vous ; et vous êtes à Christ, et Christ est à Dieu » (1 Corinthiens 3:23). Elle sert aussi de fondement à tous mes espoirs de connaître la gloire : « Christ en vous, l’espérance de la gloire » (Colossiens 1:27). Ainsi, la destruction de cette union entraînerait avec elle, d’un seul coup, la disparition de tous mes fruits, privilèges et espérances éternels.

5. Cette union est efficace

La puissance divine se communique à mon âme par elle pour me vivifier, ainsi que pour préserver et assurer cette vie de Christ en moi. Sans cette union, qui est en fait l’acte de l’Esprit, aucune vie ne peut se communiquer de Christ à mon âme (Éphésiens 4:16).

Et l’energeia, ou l’activité efficace de l’Esprit de vie en chaque partie, dont l’apôtre parle (comme s’il disait : le premier signe d’une nouvelle vie, une vitalité spirituelle diffusée au sein de l’âme qui était morte dans le péché), est aussi nécessaire pour maintenir mon union avec Christ qu’elle l’a été à l’origine pour la produire.

Pour quelle raison tant de coups mortels, comme ceux que nous décochent les tentations et les corruptions, n’éteignent-ils pas cette vie ? Cela vient de ce que Christ disait : « Vous me verrez, car je vis, et vous vivrez aussi » (Jean 14:19).

« Tant qu’il existe une sève de vie en moi, la racine, dit-il en fait, vous, les branches qui êtes en moi, ne pouvez pas flétrir ni mourir. »

6. Cette union est indissoluble

Un lien éternel existe entre le croyant et Christ. Sous ce jour, cette union surpasse toute autre. La mort dissout le tendre lien qui unit mari et femme, ou des amis intimes. Elle brise aussi l’union de l’âme avec le corps, mais elle ne peut pas détruire celle qui unit Christ avec l’âme.

Les liens de cette union ne périssent pas dans la tombe. « Qui nous séparera de l’amour de Christ ? », demande l’apôtre Paul (Romains 8:35). Il défie tous ses ennemis, et il trouve sa victoire dans la solidité de cette union face à tous les dangers qui semblent la menacer. Sa mort ne put pas dissoudre cette dernière union, même quand le fut l’union naturelle qui liait son âme à son corps.

L’union mystique, spirituelle, de mon être avec Christ ne peut pas non plus être dissoute, quand bien même la mort brise l’union qui existe avec ceux qui sont les plus proches, et même celle qui lie mon corps et mon âme. Dieu se fait appeler le Dieu d’Abraham longtemps après le retour du corps du patriarche à la poussière.

7. Cette union confère un grand honneur

Être serviteur de Christ revêt une dignité qui transcende la plus haute position conférée parmi les hommes. Mais le fait d’être membre de Christ porte une gloire sans pareille. Tous les saints possèdent un tel honneur.

8. Cette union procure consolation et réconfort

Elle est effectivement le fondement de tout réconfort réel, à la fois dans la vie et pour la mort. Quels que soient les difficultés, les besoins et les détresses qui s’abattent sur le croyant, celui-ci trouve un secours et un soutien abondants quand il se dit : « Christ est à moi, et je suis à lui. » Quelle consolation l’âme rachetée ne retire-t- elle pas de cette vérité ?

Si j’appartiens à Christ, il veillera sur moi car, ce faisant, il ne fait que prendre soin de ce qui est sien. Il est ma tête, et il lui incombe de se soucier de la sécurité et du bien-être de ses propres membres (Éphésiens 5:22,23).

Il n’est pas seulement la tête qui fait vivre ses membres. Il est aussi le chef de toutes choses pour le bien des siens. Dans cette pensée réjouissante, avec quelle consolation je peux me reposer sur lui en tout temps quelles qu’en soient les difficultés !

9. C’est une union fertile

Elle vise directement à porter du fruit. Christ nous épouse « afin que nous portions des fruits pour Dieu » (Romains 7:4). Tout mon fruit avant d’être greffé en Christ est pire que la stérilité elle-même. Avant d’être en Christ, l’homme ne peut accomplir aucun bien, ni être acceptable aux yeux de Dieu. « Il nous a favorisés dans le bien-aimé » (Éphésiens 1:6). Christ est une racine fertile, et il communique cette qualité à toutes les branches qui vivent en lui (Jean 15:5).

10. Cette union enrichit le croyant

En effet, par cette union avec lui, je participe directement à toutes les richesses de Christ (1 Corinthiens 1:30). Combien ce Sauveur est grand et riche, auquel le petit bras de ma foi s’agrippe ! Tout ce qu’il a devient mien, son Père, ses promesses, ses providences, sa gloire (1 Corinthiens 3:22 ; Jean 17:24;20:17 ; Romains 8:28 ; 2 Corinthiens 1:20), soit qu’il me le communique, soit qu’il l’utilise pour mon avancement. Toutes ces choses sont à moi en vertu de mon union avec lui.


Cet article est tiré du livre : Le Saint-Esprit & l’application du salut de John Flavel