Une soif pour la Parole de Dieu – 1 Pierre 2.1-3 (John MacArthur)

Rejetant donc toute méchanceté et toute ruse, la dissimulation, l’envie, et toute médisance, désirez, comme des enfants nouveau-nés, le lait spirituel et pur, afin que par lui vous croissiez pour le salut, si vous avez goûté que le Seigneur est bon (1 Pierre 2.1-3).

L’importance de la Parole de Dieu pour le croyant

Un croyant a autant besoin de la vérité divine qu’un nourrisson de lait. Pierre compare la force du désir pour la révélation divine à celle, personnelle et impérieuse, éprouvée par les enfants nouveau-nés (artigennētabrephē) pour le lait maternel. Pierre aurait pu bâtir son argument sur le seul terme brephē, mais pour en accentuer l’importance, il ajoute artigennēta, qui signifie littéralement « qui vient juste de naître ». Ces deux mots désignent l’enfant tout juste issu de la matrice et poussant des cris parce qu’il désire le sein. Cette soif irrésistible, implantée par Dieu dans chaque nouveau-né, cette envie provoquée par le premier des besoins vitaux, illustre avec quelle force les croyants devraient désirer la Parole. Elle est personnelle, elle ne laisse au croyant aucun répit, parce que sa vie en dépend.

Le verbe désirez (epipothēsate) est un impératif enjoignant les croyants de désirer ardemment, ou de convoiter quelque chose. L’apôtre Paul utilise ce mot à sept reprises (Ro 1.11 ; 2 Co 5.2 ; 9.14 ; Ph 1.8 ; 2.26 ; 1 Th 3.6 ; 2 Ti 1.4). Chaque fois, ce terme exprime un désir brûlant, intense, récurrent et insatiable (voir Ps 42.1 et 119.174 ; Ja 4.5). Son emploi décrit l’ardent désir qu’un mari ou une femme a de son conjoint ; l’attraction exercée par la nourriture dans le cas d’un jeûne extrême ; le manque tragique ressenti à la mort d’un bien-aimé ; le désir d’un père ou d’une mère croyante de voir l’enfant égaré se repentir et revenir à l’obéissance de la foi ou le souhait ardent d’un croyant de voir ses proches ou ses amis inconvertis trouver le salut. De tous ces exemples illustrant la force du désir de l’Écriture souhaité par Pierre pour ses lecteurs, le plus parlant reste celui du nouveau-né pour le lait.

Comme du lait pur

Pierre compare donc l’objet de leur désir au lait pur. [Pur] (adolos) signifie non édulcoré ou non altéré. Cet adjectif s’applique souvent aux produits fermiers tels que le blé, le vin, l’huile végétale ou, dans ce cas précis, le lait. Les croyants doivent désirer ce qui est pur et sans mélange, ce qui nourrit véritablement, c’est-à-dire le lait spirituel et pur. [Spirituel] est la traduction de logikos. Il faut noter que ce mot n’est pas toujours rendu ainsi. Dans d’autres versions, on trouve : « de la Parole », Colombe ; « le pur lait intellectuel », Darby, ce qui démontre qu’on ne doit pas être dogmatique en ce qui concerne la signification de ce terme. Originellement, logikos, qui signifie « du langage » ou « de la raison », contient l’idée de « ce qui appartenait au domaine rationnel ou raisonnable ». S’il faut appliquer ce sens à la phrase de Pierre, les traducteurs devraient écrire : « le lait rationnel et pur » ou bien « le lait raisonnable et pur ».

D’autres versions, comme la Colombe, ont choisi de rendre ce terme par « de la Parole », parce que cette tournure rend correctement la volonté de Pierre de renvoyer ses lecteurs à cette dernière. Les rabbins associent traditionnellement la loi divine et le lait, et les Psaumes 19.9,10 et 119.140 proclament que la Parole de Dieu est pure et non corrompue. Pour ces raisons, on peut dire que la traduction « le lait pur de la Parole » est un choix légitime et raisonnable, la Parole étant décrite comme la source du lait spirituel et pur pour les croyants.

Le contexte général du verset 2 abonde dans le sens des versions citées précédemment. Pierre conclut le chapitre 1 en mettant l’accent sur « la Parole de Dieu vivante et permanente », source de la vie nouvelle des croyants. On voit donc que la référence au lait spirituel, dans le contexte, nous renvoie à la Parole. Le lait, ici, est donc synonyme de l’Écriture.

Un désir pour tout croyant

Il faut remarquer que Pierre ne donne aucun ordre. Il ne commande pas aux croyants de lire la Parole, de l’étudier, de la méditer, de l’enseigner, de la prêcher, de la sonder ou de l’apprendre par cœur. Toutes ces choses sont essentielles, et il existe des passages qui enjoignent aux croyants de les pratiquer (voir Jos 1.8 ; Ps 119.11 ; Ac 17.11 ; 1 Ti 4.11,13 ; 2 Ti 2.15 ; 4.2), mais Pierre se concentre sur une idée plus fondamentale, plus primordiale pour les croyants, à savoir le désir profond et permanent de la Parole de vérité (voir 2 Th 2.10).

Que nous ayons affaire à un croyant de fraîche date ou à un chrétien mûr, le désir ardent de la Parole de Dieu (voir Né 8.1-3 ; Ps 119.97,103,159,167 ; Jé 15.16 ; Ac 17.11) est toujours un élément essentiel de la restauration et de la croissance spirituelle (Job 23.12). C’est la leçon de la réponse de Jésus à Satan dans le désert : « Il est écrit : L’homme ne vivra pas de pain seulement, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu » (Mt 4.4 ; voir aussi De 8.3 ; Lu 4.4). Étant donné le flot incessant de communications perverties émanant de notre culture postmoderne à travers la radio, la télévision, les films, l’Internet, les jeux vidéos, les livres, les périodiques, et même au travers de certaines prédications soi-disant chrétiennes, il est essentiel, vu la malnutrition spirituelle et le manque d’appétence pour les véritables aliments spirituels, que les croyants tirent des repas réguliers de la Parole de Dieu.


Cet article est tiré du livre : 1 Pierre – John MacArthur de John MacArthur