Un Dieu incompréhensible (R.C. Sproul)

La première démarche de tout théologien a toujours été l’étude de l’incompréhensibilité de Dieu. À première vue, une telle initiative semble contradictoire ; comment peut-on étudier quelque chose qui est incompréhensible ? Cependant, cette recherche prend tout son sens quand on comprend que les théologiens utilisent le terme incompréhensible d’une manière plus étroite et plus précise qu’il ne l’est dans le langage courant. Théologiquement parlant, ce qualificatif ne signifie pas que nous ne pouvons rien savoir de Dieu, mais plutôt que notre connais- sance de lui sera toujours limitée. Nous pouvons le connaître de façon significative en surface, mais nous ne pourrons jamais, même au ciel, en avoir une connaissance exhaustive ; il nous est impossible de comprendre tout ce qu’il est.

Jean Calvin a formulé une raison à cela dans la phrase finitum non capax infinitum, qui signifie « le fini ne peut pas saisir l’infini ». Ces mots peuvent être interprétés de deux manières distinctes, car le terme capax peut être traduit par « contenir » ou par « saisir ». Un verre de vingt-cinq centilitres ne peut pas contenir une quantité infinie d’eau, car son volume est limité ; le fini ne peut pas contenir l’infini. Mais lorsque cette phrase de Calvin est traduite avec l’autre sens du mot capax (« saisir »), elle indique alors que Dieu ne peut pas être saisi dans sa totalité. Nos esprits sont limités et n’ont pas la capacité de saisir ou de comprendre tout ce que Dieu est. Ses voies ne sont pas nos voies, et ses pensées ne sont pas les nôtres. Il surpasse notre capacité à comprendre, dans sa plénitude.


Cet article est tiré du livre : « Que pouvons-nous savoir au sujet de Dieu ? » de R.C. Sproul