Un appel pour les chefs de famille (Jason Helopoulos)

Dans le psaume 78, Asaph ne laisse pas cette responsabilité (d’enseigner la prochaine génération) aux Lévites ou aux prêtres, c’est-à-dire à ceux qui occupent des fonctions publiques de leadership spirituel, mais aux pères. Il dit, au verset 5 et aux suivants : « Il a établi un témoignage en Jacob, il a mis une loi en Israël, et il a ordonné à nos pères de l’enseigner à leurs enfants ». L’enseignement religieux est la responsabilité du chef de famille. Par conséquent, je tiens à m’adresser directement aux maris et aux pères.

À notre époque, nous, les pères et maris, avons négligé notre responsabilité de façon générale. Il y a beaucoup de foyers chrétiens où le père ou le mari est absent physiquement ou spirituellement. Et si c’est le cas, on souhaite encourager les mères à se charger de cette joyeuse responsabilité. Néanmoins, je sais que plusieurs pères chrétiens liront ce livre, et je souhaite qu’ils réalisent cet appel. Si le père est présent dans le foyer, il doit se voir comme le pasteur de cette petite assemblée. Il doit être le théologien résident de son domicile et servir comme pasteur dans sa propre maison. Son ministère envers sa femme et ses enfants est très important. John Knox, le père du presbytérianisme au xvie siècle, a déclaré, dans une missive adressée aux réfugiés à Genève :

 Pères, vous êtes évêques et rois ; votre épouse, vos enfants, vos serviteurs et votre famille sont votre évêché et votre responsabilité. Vous devrez rendre compte de la façon dont vous leur aurez transmis, avec soin et diligence, la vraie connaissance de Dieu, comment vous aurez veillé à implanter en eux la vertu et [à] réprimer le vice. Ainsi donc, je dis que vous devez les faire participer à la lecture, aux exhortations et aux prières communes, voilà ce que je voudrais que toutes les maisons fassent au moins une fois par jour1

L’origine de cette responsabilité

Pourquoi est-ce que je dis que les pères et les maris doivent prendre conscience de cette responsabilité ? Parce que, dans un monde idéal, les pères et maris devraient diriger leurs familles dans les choses spirituelles. Lors de la Création, Dieu a établi cet ordre et cette responsabilité. Adam était responsable d’Ève. La manière dont Dieu l’a créée à partir d’une côte d’Adam est un signe tangible. Elle est égale à lui en stature et en dignité, mais il est responsable d’elle. Elle est sous sa garde et sa protection.

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi le péché dans l’épisode du jardin d’Éden est appelé, dans la Bible, le péché d’Adam ? C’est pourtant Ève qui a vu « que l’arbre était bon à manger et agréable à la vue ». C’est Ève qui, la première, « prit de son fruit et en mangea ». Ce n’est qu’après en avoir pris une bouchée, qu’elle « en donna aussi à son mari, qui était auprès d’elle, et il en mangea » (Ge 3.6). Malgré tout, la Bible l’appelle le péché d’Adam (Os 6.7 ; Ro 5.14). Pourquoi ? Parce qu’Adam était responsable d’Ève. Sa culpabilité n’est pas la sienne, certes, mais il est responsable d’elle. Même après la chute, la relation entre mari et femme n’a pas changé à cet égard. Le mari est toujours responsable de l’état spirituel de sa femme et de ses enfants. Ils sont sous sa garde. C’est pourquoi le mari doit s’efforcer de conduire son épouse, et le père chrétien doit amener ses enfants à s’approcher de Dieu.

L’importance de cette responsabilité

Dans 1 Timothée 5.8, Paul dit à son jeune protégé : « Si quelqu’un n’a pas soin des siens, et principalement de ceux de sa famille, il a renié la foi et il est pire qu’un infidèle. » Paul parle de la responsabilité d’un chef de famille envers ceux qui la composent. La position de cet homme ne vise pas la complaisance, mais la provision. Sa responsabilité est grande. Il doit pouvoir aux besoins de ceux qui sont sous ses soins. Et cette provision ne concerne pas seulement leurs besoins physiques. Beaucoup de maris et de pères chrétiens pensent qu’ils s’acquittent de leur obligation en couvrant les besoins matériels de leur famille. Cela ne suffit pas ! Si nos femmes et nos enfants n’étaient que des corps physiques, il serait alors normal de couvrir uniquement leurs besoins matériels. Mais ce ne sont pas juste des êtres physiques ; ils ont une âme éternelle ! Leur bien-être spirituel doit également être assuré.

Un chef à l’image de Christ

Les chapitres 5 et 6 d’Éphésiens soulèvent également ce point concernant la responsabilité des maris et des pères. Le mari est le chef de sa femme, tout comme Christ est le chef de l’Église. La question n’est jamais de savoir si le mari est le chef de sa femme. La question est de savoir s’il agit comme un chef à l’image de Christ envers sa femme. Il doit lui montrer Christ.

Dans ce même passage, Paul commande aux pères de prendre soin de leurs enfants : « Et vous, pères, n’irritez pas vos enfants, mais élevez-les en les corrigeant et en les instruisant selon le Seigneur » (Ép 6.4). Nous devons faire des disciples de ceux qui sont sous notre garde et les instruire. Certes, nous faisons cela en les amenant à l’église et en répondant à leurs questions au sujet de Dieu avant qu’ils aillent au lit. Mais ce n’est pas suffisant. Donald Whitney, professeur au Southern Baptist Theological Seminary, a dit au sujet de ce texte :

Sans une régularité, une structure et un objectif, c’est une de ces choses qu’on pense faire, sans jamais vraiment la faire. Le culte familial régulier dirigé par le père est l’un des moyens les plus efficaces d’élever les enfants dans la discipline et l’instruction du Seigneur, tout en suivant leur progrès2.

En négligeant cette occasion d’adorer Dieu ensemble, on passe à côté de ce qui devrait être au centre même de notre vie de famille.

Soyez de bons bergers

Maris et pères, Dieu vous a donné le bonheur, en tant que chef de famille, de servir de berger pour prendre soin de ce petit troupeau. Il est temps de saisir le bâton pour conduire les brebis que le Seigneur nous a confiées. Il est difficile, voire impossible, de prendre bien soin de ses brebis, de notre famille, en négligeant le culte familial. C’est peut-être la première fois que vous considérez le culte familial, ou c’est peut-être quelque chose que vous aviez entrepris, mais que vous avez finalement laissé tomber. Dans les deux cas, il est le temps de reprendre le flambeau. Le culte familial peut être l’un des aspects les plus bénéfiques et satisfaisants dans la vie de votre famille en Christ.

Combien il est bon d’amener sa famille devant Dieu et de retrouver, chaque jour, sa grâce abondante ! Est-ce toujours facile ? Non. Est-ce notre joyeuse responsabilité ? Oui. Efforçons-nous donc de bien diriger nos familles, en nous appuyant complètement sur Christ. Soyons des hommes qui aiment leur Seigneur en aimant nos familles. Aimons nos familles en prenant soin de leurs âmes, et en conduisant nos femmes et nos enfants dans l’adoration. Vous découvrirez que c’est un pur bonheur ! Nous concluons avec l’encouragement de Douglas Kelly, un éminent théologien et professeur réformé :

Une lecture respectueuse de l’Ancien et du Nouveau Testament nous conduira à une conclusion sans équivoque : le culte familial, qui dépend beaucoup du chef de famille guidant tous les jours sa famille devant Dieu dans l’adoration, est l’une des structures les plus puissantes qui aient été données par le Dieu de l’alliance pour l’expansion de la rédemption à travers les générations, de sorte que des multitudes puissent être amenées dans l’adoration et la communion avec celui qui est digne « de recevoir la gloire, l’honneur et la puissance ; car tu as créé toutes choses, et c’est par ta volonté qu’elles existent et qu’elles ont été créées » (Ap 4.11)3.

Le culte familial, une bannière vivante

Quand on pense à l’encouragement biblique et à la joyeuse responsabilité que nous avons d’adorer Dieu dans nos maisons, on prend conscience que la raison principale de s’investir dans le culte familial est la gloire de Dieu. Dieu est honoré et glorifié quand une famille chrétienne se réunit pour communier avec lui, recevoir de lui et lui offrir sa louange, son adoration et ses actions de grâces. Le culte familial est une bannière vivante qui parle plus fort que tout écriteau posé sur le manteau de la cheminée ou toute gravure accrochée au mur proclamant haut et fort : « Moi et ma maison, nous servirons l’Éternel » (Jos 24.15).

  1. John Knox, « A Letter of Wholesome Counsel to His Brethren in Scotland, 1556 » [Une lettre pleine de bons conseils pour ses frères en Écosse, 1556], tiré de Selected Writings of John Knox: Public Epistles, Treatises, and Expositions to the Year 1559 [Extraits choisis de John Knox : épîtres, traités et expositions publics jusqu’à l’an 1559], Dallas, Tex., Presbyterian Heritage Publications, 1995.
  2. Donald S. Whitney, Family Worship: In the Bible, in History, and in Your Home [Le culte familial : dans la Bible, dans l’histoire et dans votre foyer], distribué par The Center for Biblical Spirituality, Shepherdsville, Kent., 2005, p. 7.
  3. Douglas F. Kelly, « Family Worship: Biblical, Reformed, and Viable for Today » [Le culte familial : biblique, réformé et viable pour aujourd’hui], cité dans Worship in the Presence of God [Adorer dans la présence de Dieu], David Lachman et Frank J. Smith, éd., Greenville, C. S., Greenville Seminary Press, 1992, p. 110-111.

Cet article est tiré du livre : Une grâce négligée de Jason Helopoulos