Toujours bon, jamais inoffensif (Liz Wann)

Si quelqu’un aurait dû connaître la crainte de Dieu, c’était bien les israélites.

Ils étaient aux premières loges pour voir Dieu harceler l’Égypte de toutes sortes d’insectes, d’amphibiens et de maladies. Il a transformé le Nil en sang, a couvert l’Égypte de ténèbres et a même emporté tous les fils aînés des Égyptiens. Le Dieu d’Israël a fait sortir son peuple d’Égypte avec une colonne de nuée le jour et une colonne de feu la nuit. Il a fendu la mer Rouge, laissant son peuple la traverser indemne. Et tandis que les armées de Pharaon les poursuivaient, il a réuni les mers pour que les eaux les engloutissent.

Mais Israël n’a pas appris sa leçon.

Sept semaines après cette grande délivrance, ces esclaves nouvellement libérés se préparaient à être en présence de Dieu au pied du mont Sinaï (Exode 19.9-11). Dieu a ordonné à Moïse de fixer des limites autour de la montagne afin que le peuple n’y monte pas sous peine de mort (Exode 19.12-13). Il s’est montré à son peuple en descendant sur la montagne dans le feu et en l’enveloppant de fumée (Exode 19.18). Il y avait aussi une épaisse nuée sur la montagne, avec des éclairs, des coups de tonnerre et un grand coup de trompette (Exode 19.16).

Le peuple a d’abord tremblé. Mais leur peur n’a pas duré.

Pas inoffensif, mais bon

Dieu ne se révèle plus à son peuple de la même manière. De ce fait, nous avons tendance à imaginer que si Dieu pouvait faire cela pour nous aujourd’hui, alors nous le croirions et le craindrions à juste titre. Nous pourrions même penser qu’il était plus facile pour les israélites de craindre le Seigneur parce qu’ils voyaient tellement sa puissance et son pouvoir, et parce qu’ils étaient témoins de la mort comme conséquence de la désobéissance.

Mais en lisant le reste de l’Ancien Testament, nous voyons le peuple d’Israël oublier continuellement son libérateur et souffrir d’une incrédulité chronique.  Ils ont cru au mensonge selon lequel Dieu les avait abandonnés, aussi ont-ils érigé un veau d’or à sa place (Exode 32). Les israélites se plaignaient constamment (Exode 16.2-4), croyant au mensonge selon lequel la servitude en Égypte était meilleure que la liberté dans le désert. Ils n’ont pas cru Dieu lorsqu’il leur a promis qu’il leur donnerait la Terre promise, aussi ont-ils refusé de se battre pour Canaan (Deutéronome 1.19-45). Bien que quelques-uns aient cru le Seigneur et craint son nom, il est clair dans l’Écriture qu’une grande partie d’Israël ne le craignait pas – bien qu’ils aient vu tout ce qu’il avait fait pour eux. Qu’est-ce qui manquait aux israélites ? Qu’est-ce qu’ils ne croyaient pas à propos de Dieu ?

C.S. Lewis répond à cette question dans Le lion, la sorcière blanche et l’armoire magique lorsque M. Castor dit à Susan qu’Aslan (le souverain de Narnia) est un grand lion. Susan est surprise, car elle pensait qu’Aslan était un homme. Elle dit alors à M. Castor : « Je me sentirai plutôt nerveuse de rencontrer un lion. » Elle demande à M. Castor si Aslan est inoffensif, ce à quoi M. Castor répond : « Inoffensif ? Qui a parlé d’ “inoffensif” ? Bien sûr qu’il n’est pas inoffensif. Mais il est bon. Il est le Roi. »

Les israélites connaissaient intimement le concept selon lequel Dieu n’est pas inoffensif, mais ils ne croyaient pas qu’il était bon. La racine de leur incrédulité (et de notre incrédulité) est un manque de confiance dans la bonté de Dieu. Dans tous les exemples cités ci-dessus, Israël croyait que sa voie était meilleure que la voie de Dieu, que son propre sens de la bonté était meilleur que la bonté de Dieu.

Les autres nations entourant Israël avaient créé leurs propres dieux qui n’étaient pas perçus comme inoffensifs. Ils craignaient d’être punis par leurs dieux, alors ils faisaient des sacrifices et suivaient des règles et des traditions strictes. Mais le Dieu d’Israël (le vrai Dieu) ne recherchait pas ce type de crainte, mais une crainte née de la connaissance de son caractère. Dieu est grand, effrayant et puissant, mais contrairement aux autres dieux des nations, il est aussi humble, compatissant, aimant, indulgent et personnel. Les israélites devaient craindre leur Dieu différemment des autres nations. Ils devaient croire qu’il était bon.

Craindre Dieu nous rapproche de lui

Si les israélites avaient cru en la bonté de Dieu, ils se seraient détournés de leurs péchés pour se tourner vers Dieu. Ils auraient vécu selon Proverbes 14.27 : « La crainte de l’Eternel est une source de vie pour détourner des pièges de la mort. » Mais la plupart du temps, les israélites couraient vers la mort. Et ils sont une image de nous tous. Nous devons nous voir en eux, et apprendre de leur incapacité à craindre Dieu comme il se doit.

Mais cela ne doit pas nous éloigner de Dieu. Dieu ne nous impose plus de limites dans notre approche de lui, mais il a rendu le chemin vers lui direct et accessible à tous les peuples. En fait, il nous appelle à nous approcher avec assurance de son trône de grâce, afin d’obtenir compassion et de trouver grâce pour être secourus au moment opportun (Hébreux 4.16). Aucun autre dieu ne donne cette invitation. Il voulait aussi que les israélites s’approchent de lui, sinon il ne les aurait pas délivrés, il ne serait pas descendu sur le mont Sinaï, et il n’aurait pas habité le tabernacle (Exode 40.35). La seule différence entre eux et nous est que nous avons un meilleur Grand Prêtre (Hébreux 4.14-15).

Dieu a toujours voulu que son peuple s’approche de lui, c’est pourquoi il a envoyé son Fils. Une seule personne pouvait craindre le Seigneur à juste titre dans ce monde. Il était un rejeton de la souche d’Isaï qui prenait plaisir dans la crainte de l’Éternel (Ésaïe 11.1-3). Grâce à Christ, l’invitation de Dieu à s’approcher de lui s’étend à toutes les nations (Apocalypse 7.9), et grâce à Christ, nous pouvons nous approcher avec confiance en nous fondant sur sa crainte parfaite du Seigneur. La crainte du Seigneur ne consiste pas à se tenir à distance de Dieu, mais à s’approcher de lui. Lorsque nous le craignons, nous nous approchons de lui. Lorsque nous nous approchons de Dieu en Christ – encore et encore – cela signifie que nous choisissons de nous détourner du péché. La vraie crainte du Seigneur s’approche dans la foi, craignant Dieu parce qu’il est Dieu, mais sachant aussi qu’il est gracieux et miséricordieux.

Il n’est pas inoffensif, mais il est bon.