Qu’est-ce que le contentement ? (Thomas Watson)

J’aimerais décrire la nature du contentement chrétien. C’est une douce disposition de l’esprit qui permet au chrétien de se comporter de manière équilibrée en toute sorte de conditions.

La nature de ce contentement se comprend mieux si nous la regardons sous trois titres.

1. Le contentement est une chose divine

On ne le possède pas par quelque acquisition résultant de l’exercice de l’homme, mais plutôt par une infusion opérée dans son être par Dieu. C’est un éclat détaché de l’arbre de la vie et planté dans l’âme par l’Esprit divin. Ce fruit ne pousse pas dans le jardin de la philosophie, mais il est de naissance divine.

Nous pouvons donc observer que le contentement s’associe avec la piété et marche de pair avec elle :

C’est, en effet, une [grande] source de gain que la piété avec le contentement (1 Timothée 6:6)

Il est une conséquence ou une disposition concomitante de la piété, ou même les deux à la fois.

Un pâle reflet

Je l’appelle « divin » pour faire la distinction avec cette sorte de contentement auquel un homme moral peut parvenir par ses propres efforts. Les païens semblent capables de ce genre de satisfaction, mais il ne s’agit que d’une pâle ombre et image de ce dont nous parlons et non du diamant authentique.

Ce que ces gens connaissent appartient au monde. Pour notre part, nous parlons d’un esprit sacré qui vient de Dieu. Leur contentement découle seulement des principes de la raison et n’est allumé qu’à la torche de la nature. Le nôtre provient d’une relation vivante avec Dieu et nous le dérivons de la lampe de l’Écriture. 

La raison de l’homme parvient à se satisfaire parfois en réfléchissant de la façon suivante : « Quelle que soit ma condition, c’est le lot pour lequel je suis né. Si je rencontre des épreuves, ce n’est que la misère commune à tous les hommes. Chacun en reçoit sa part, pourquoi m’en troublerais-je ? » Voilà comment pense la raison et elle le fait souvent sous la contrainte de la nécessité.

Mais seule une relation vivante avec Dieu amène dans le trésor de l’âme une vie assurée et joyeuse devant Dieu dans toutes les situations que procure ce monde.

2. Le contentement est une chose intrinsèque

Il ne repose pas sous l’écorce de l’arbre, mais dans sa racine, au fond du cœur de l’homme. Il trouve à la fois sa source et son cours à l’intérieur de l’âme. Le rayon de soleil ne dérive pas sa lumière de l’air qu’il traverse. De même, les rayons de la consolation dont jouit l’homme content ne proviennent pas des consolations extérieures, mais du dedans de son être.

Le chagrin a son siège dans l’esprit, « le cœur connaît ses propres chagrins » (Proverbes 14:10). Pareillement, le contentement repose dans l’âme et ne dépend pas des circonstances extérieures. De cela, je déduis que les problèmes extérieurs ne peuvent pas éteindre cette sainte disposition. C’est une chose spirituelle qui grandit dans une terre spirituelle : la réception de l’amour de Dieu. Lorsque la tempête fait rage au-dehors, la musique continue de résonner à l’intérieur.

La guêpe pique la peau, mais ne peut toucher le cœur. Les afflictions extérieures ne peuvent non plus toucher le cœur où réside le contentement. Si les voleurs nous dépouillent de notre argent et de nos biens, ils ne peuvent toucher cette perle à moins que nous ne décidions nous-mêmes de nous en séparer. Elle est enfermée dans le coffre-fort du cœur. L’âme qui possède une mesure de ce précieux joyau du contentement ressemble à l’arche de Noé. Elle navigue au sein même du déluge et atteint l’autre rive.

3. Le contentement est une habitude

Il n’apparaît pas seulement ici et là, par moments, comme certaines de nos comètes qu’on ne voit qu’une fois de temps en temps. Au contraire, le contentement est une humeur stable du cœur. Il brille avec constance au firmament de l’âme.

Une action unique ne caractérise pas son auteur. Par exemple, on n’appelle pas « généreux » celui qui fait l’aumône une seule fois dans sa vie. Même l’avare peut se hisser jusqu’à cette prouesse. On qualifie au contraire d’un caractère généreux, c’est-à-dire qui exerce l’hospitalité, celui qui désire en toutes occasions alléger les besoins du pauvre. Pareillement, on dit de l’homme qui a l’habitude d’exercer le contentement dans sa vie, qu’il est un homme content. Son contentement ne lui est pas occasionnel, mais constant et habituel.

Dans sa rhétorique, Aristote faisait la distinction entre les couleurs qui affectent le visage. Certaines viennent des humeurs et d’autres du teint. Le visage au teint pâle peut lui-même tourner au cramoisi lorsqu’il rougit. Mais ce n’est que passager, le temps d’une humeur. En revanche, le visage rougeaud et sanguin l’est continuellement, car c’est là son aspect et son teint.

De même, on ne peut pas dire d’un homme qu’il possède le contentement s’il n’est content qu’à l’occasion ou dans les moments heureux. Non, il lui faut l’être continuellement. C’est une habitude pour lui et le teint de son âme.


Cet article est tiré du livre : Le contentement est un don de Dieu de Thomas Watson