Qu’est-ce que la centralité des Écritures ? (Pascal Denault)

Sola Scriptura

Sola Scriptura signifie que l’Écriture seule est la Parole de Dieu et qu’elle est la seule norme de la foi et de l’Église. 

Beaucoup d’Églises chrétiennes acceptent le principe sola Scriptura en théorie, mais le rejettent en pratique en ne l’appliquant tout simplement pas. L’Église doit-elle être centrée sur la mission ? Ou sur les relations entre croyants ? Ou sur la famille ? Ou sur l’amour ? Ou sur l’étude? Ou sur la prière ? Ou sur un projet qu’elle s’est donné ? Ou sur la relation d’aide ? Ou sur elle-même ? 

Une Église centrée sur la Parole

La bonne réponse ne dépend pas de notre opinion, mais de celle de Dieu : qu’est-ce que Dieu nous appelle à mettre au centre de l’Église ? La réponse est simple : Dieu nous appelle à le mettre lui au centre de l’Église, de nos familles et de nos vies. Le prophète Ésaïe reçut une vision de Dieu : 

« L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple. » (Es 6.1). 

Seul le Seigneur doit remplir le temple, il ne doit y avoir de la place pour aucun autre que Lui. Il n’y a qu’une seule façon pour l’Église d’être centrée sur Dieu, c’est en étant centrée sur la Parole de Dieu. Il n’y a aucune séparation possible entre ce que Dieu dit et ce que Dieu fait, entre la Parole de Dieu et Dieu lui-même. Connaître l’Écriture c’est connaître Dieu, car il s’agit de la seule révélation par laquelle nous connaissons Dieu. Bien sûr, il faut le Saint-Esprit pour véritablement connaître Dieu par sa Parole, mais le Saint-Esprit n’agit pas séparément de la Parole. Ce que l’Esprit fait, la Parole le fait et vice versa. L’Écriture est sortie de Dieu (2 Tm 3.16), la lire c’est lire son cœur. 

La Parole doit être notre guide

En étant centrée sur l’Écriture, l’Église sera en harmonie avec la volonté de Dieu pour sa mission, ses relations, l’amour et tout ce qui peut concerner une vie d’Église. Si la Parole n’est pas notre seul guide, nous nous éloignerons forcément de la volonté de Dieu. Nous ne deviendrons pas nécessairement des hérétiques ou des apostats, mais nous ne serons pas au diapason de Dieu et le jour du Seigneur révèlera que nous aurons mal construit sur le fondement, car une autre parole que la sienne nous aura guidés. 

Rien ne peut remplacer la centralité de la prédication de la Parole dans l’Église

Tous les grands réveils dans l’histoire de l’Église furent provoqués par la prédication de la Parole. Lorsque la vérité est proclamée, exposée et appliquée, la lumière jaillit. Inversement, tous les moments de déclin sont venus avec un abandon de la prédication biblique. Il n’y a absolument rien qui puisse remplacer la centralité de la prédication de la Parole dans l’Église, car « il a plu à Dieu de sauver les croyants par la folie de la prédication » (1 Co 1.21).

Malheureusement, de plus en plus d’Églises évangéliques, sans abandonner complètement l’Écriture, introduisent plusieurs autres éléments qu’ils placent au centre du temple, c’est-à-dire de l’Église. Un peu comme les Israélites qui continuaient de rendre un culte à l’Éternel, dans un temple rempli d’idoles. La prédication des Écritures est concurrencée ou carrément remplacée par des témoignages de vie, des partages, de la musique, des présentations actées ou audiovisuelles, des prédications sans contenu biblique, des prédications au contenu biblique partiel qui ne déclarent pas tout le conseil divin, etc. 

Dieu doit être celui qui détermine ce qu’est l’Église

Dans ces circonstances, ce n’est plus Dieu qui parle à son peuple, mais l’homme ; la vérité n’est plus proclamée, mais toutes sortes de discours agréables. La nouvelle façon d’implanter une Église, pour avoir du succès, consiste à demander aux gens, convertis ou non, ce qu’ils attendent d’une Église, comment ils veulent que leur Église réponde à leurs besoins et à ceux de la communauté. C’est maintenant l’homme qui définit ce qu’est l’Église et non Dieu. Cette situation ne prévaut pas partout, car plusieurs Églises demeurent fidèles à la Parole, mais malheureusement, un nombre grandissant d’Églises prennent cette direction. 

A.W. Tozer avait perçu une grave erreur qui prenait déjà beaucoup d’ampleur à son époque (il est mort en 1963) : 

« Une des erreurs populaires aujourd’hui, et une de laquelle jaillit beaucoup de bruit et d’activités religieuses confuses dans les cercles évangéliques, est l’idée que l’Église doit changer avec les temps qui changent … » 

Bien avant le pasteur Tozer, le pasteur Paul fit cette déclaration sur un ton grave et solennel : 

Je t’en conjure devant Dieu et devant Jésus-Christ, qui doit juger les vivants et les morts, et au nom de son apparition et de son royaume, prêche la parole, insiste en toute occasion, favorable ou non, reprends, censure, exhorte, avec toute douceur et en instruisant. Car il viendra un temps où les hommes ne supporteront pas la saine doctrine ; mais, ayant la démangeaison d’entendre des choses agréables, ils se donneront une foule de docteurs selon leurs propres désirs, détourneront l’oreille de la vérité, et se tourneront vers les fables. (2 Tm 4.1-4)

La Bible est de moins en moins aimée parce que nous n’aimons pas tout ce qu’elle a à nous dire

Le message de l’amour de Dieu est merveilleux, mais ce que Dieu dit concernant le péché, la sanctification, l’obéissance, le renoncement à soi-même, l’exclusivité de Jésus-Christ, le jugement et les choses de ce genre est trop difficile. Nous préférons ne pas les entendre. 

On raconte l’histoire d’un homme qui aimait la science et était fasciné par le monde microscopique. Un jour il fit l’acquisition d’un puissant microscope. Il était ravi de passer des heures à observer toutes sortes de choses sous l’œil puissant de son appareil et examinait tout ce qu’il pouvait. Alors qu’il s’apprêtait à manger son repas préféré, il examina sa nourriture avec le microscope et, à son plus grand dégoût, il s’aperçut que dans sa nourriture il y avait de minuscules petites créatures qui grouillaient par milliers. Il ne voulut pas en savoir davantage de peur de devoir renoncer à son plat favori. Après avoir mangé, il alla détruire le microscope et tenta d’oublier ce qu’il avait vu. C’est ainsi que plusieurs agissent avec la Bible, ils la trouvent merveilleuse, jusqu’au jour où elle leur renvoie une image de leur propre cœur qu’ils ne veulent pas voir…


Cet article est tiré du livre : Solas : la quintessence de la foi chrétienne de Pascal Denault