Quelques questions sur le contentement (Thomas Watson)

L’exposé de la vérité sur le contentement chrétien soulève un certain nombre de questions. Nous voulons donc y répondre.

1. Le chrétien peut-il être content tout en étant sensible à sa condition ?

Bien sûr ! S’il ne ressentait rien, il ne serait pas chrétien, mais il appartiendrait seulement au mouvement des stoïciens. Comme le dit le prophète, Rachel pleura ses enfants, et elle faisait bien en cela, car sa nature de mère parlait. Son erreur consistait en son refus d’être consolée, une attitude engendrée par le mécontentement.

Christ lui-même manifesta une grande sensibilité humaine, surtout dans le jardin de Gethsémané, où il suait comme des grumeaux de sang. Son humanité priait : « Père, si tu voulais éloigner de moi cette coupe ! » Cependant, son cœur abritait le contentement et il se soumit volontiers à la volonté divine :

Toutefois, que ma volonté ne se fasse pas, mais la tienne (Luc 22:42)

L’apôtre Pierre nous exhorte à nous humilier « sous la puissante main de Dieu » (1 Pierre 5:6). Personne n’a la capacité de faire cela, à moins qu’il soit sensible à la condition où l’a placé cette main providentielle.

2. Le chrétien peut-il être content tout en présentant ses doléances à Dieu ?

Bien sûr ! « C’est à toi que je confie ma cause », dit Jérémie (31:12). David aussi amena sa complainte devant le Seigneur (Psaume 142:2). Nous pouvons crier vers Dieu et désirer qu’il se souvienne de tout le mal que nous subissons. Un enfant n’ira-t-il pas se plaindre auprès de son père ? Lorsqu’un fardeau ploie l’esprit, la prière sert d’échappatoire à l’oppression du cœur.

L’esprit d’Anne, la mère de Samuel, se brisait sous sa douleur et l’amertume emplissait son âme. Elle dit : « Je suis une femme qui souffre en son cœur. » Ayant prié et pleuré, elle s’en alla cependant et son visage ne fut plus le même. Le chagrin l’avait quittée. Nous voyons ici la grande différence qui existe entre une sainte plainte et l’expression du mécontentement. La première se plaint à Dieu, alors que la seconde se plaint de Dieu.

3. Qu’est-ce que le contentement exclut ?

Il bannit trois choses du cœur où il réside ; trois choses qui ne peuvent absolument pas cohabiter avec lui.

Les plaintes coléreuses

Celles-ci sont vraiment la progéniture du mécontentement.

Ô Dieu ! … J’erre çà et là dans mon chagrin et je m’agite (Psaume 55 : 2,3)

Le psalmiste est désemparé, mais il ne dit pas : « Je murmure dans mon chagrin. » Grommeler d’insatisfaction n’est guère mieux qu’abriter une mutinerie dans le cœur. C’est une révolte contre Dieu.

Lorsque la mer est agitée et tumultueuse, elle rejette sur la plage toutes sortes de débris et d’écume. De même, dans l’excitation de sa colère, le cœur laisse échapper l’écume de la frustration, de l’impatience et, quelquefois, rien de moins que du blasphème. Ces plaintes coléreuses sont en réalité la crasse qui sort d’un cœur mécontent.

Une confusion incontrôlable

Quand un homme s’écrie : « Je suis dans une telle extrémité que je ne sais de quel côté me tourner ni comment m’en sortir », il est en danger. Lorsque les soucis et les épreuves accaparent tellement sa tête et son cœur qu’il ne peut plus prier ni réfléchir, il n’est plus lui-même. Il ressemble à une armée en déroute, de laquelle chacun court de son côté dans une extrême confusion.

Les pensées de cet homme courent à droite et à gauche, sans mesure ni but. C’est la débâcle. Le mécontentement disloque l’âme et lui fait perdre tout équilibre en ôtant les roues qui la font progresser.

Un découragement puéril

Cette condition suit en général la confusion dont nous venons de parler. L’homme, dont l’extrémité oppresse l’esprit, qui ne sait comment s’en sortir ni comment traiter son problème, commence à perdre courage et à sombrer sous le poids de la difficulté. Les soucis représentent pour l’esprit ce qu’est le fardeau pour le dos. Ils le pressent et, en augmentant la pression, finissent par le faire sombrer. Un esprit découragé est un esprit mécontent.


Cet article est tiré du livre : Le contentement est un don de Dieu de Thomas Watson