Premier siècle : Le fondement apostolique

On peut sommairement diviser le ier siècle de l’histoire de l’Église en trois périodes. La première correspond au ministère de Jésus et à la phase initiale de la réalisation de sa grande promesse : « Je bâtirai mon Église » (Mt 16.18). Jésus est venu dans le monde afin de devenir le Sauveur de son peuple en mourant pour lui, mais aussi dans le but de bâtir son Église. C’est pour accomplir cette promesse qu’il a vécu et servi, qu’il a fait des œuvres extraordinaires, qu’il a donné des enseignements et commandements, qu’il est mort et ressuscité.

Le verset clé de la deuxième période du ier siècle est Actes 1.8, dans lequel Jésus déclare à ses disciples qu’ils seront ses témoins « à Jérusalem, dans toute la Judée, dans la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre ». On observe la réalisation de cette promesse dans le livre des Actes, où l’on trouve le récit des vingt à trente années qui ont suivi.

D’abord, Christ a déversé son Saint-Esprit sur les apôtres et les gens assemblés à Jérusalem au jour de la Pentecôte. Puis peu à peu ceux-ci se sont dispersés dans tout l’Ancien Monde, annonçant l’Évangile partout où ils allaient. Les auditeurs de Pierre, des Juifs et prosélytes de diverses origines, ont ramené leur foi dans leur patrie (voir Ac 2).

Ensuite, Luc relate le voyage de Philippe l’évangéliste en Samarie. Les Samaritains ont cru à son message et ont accueilli la Parole de Dieu (voir Ac 8.12).

Finalement, l’Évangile s’est répandu dans le monde païen par la prédication de Pierre (Ac 10 – 11), et depuis lors, malgré les revers, il n’a cessé de progresser vers les extrémités de la terre. Par la suite, Pierre a exercé un ministère au sein des églises de Turquie (Asie Mineure) et, plus à l’est, d’Irak (Babylone). On connaît le ministère de Paul à Antioche, puis en Turquie, et ensuite en Europe. Luc rapporte, dans le dernier chapitre des Actes, l’arrivée de Paul à Rome (Ac 28.16), siège de l’immense Empire romain. L’histoire des autres apôtres est beaucoup moins connue. On sait toutefois que certains ont parcouru d’énormes distances pour annoncer l’Évangile de Christ. On se souvient de Thomas comme étant l’apôtre de la Perse et de l’Inde. Il existe en Inde une confession religieuse connue, l’Église Mar Thoma (c’est-à-dire l’Église de Saint-Thomas), dont les origines remontent à la prédication de l’apôtre dans l’État indien du Kerala.

Les croyants de l’époque des apôtres ont également commencé à connaître ce qui deviendrait la caractéristique principale du dernier tiers du ier siècle : quand l’Église de Jésus-Christ sur la terre s’accroît, elle doit affronter l’opposition et, souvent, de violentes persécutions. Ainsi, vers le milieu des années 60 apr. J.-C., l’empereur Néron s’est dressé contre les chrétiens. La ville de Rome avait été ravagée par un terrible incendie, et on l’avait accusé d’en être responsable. (En effet, on l’avait parfois entendu envisager à voix haute de raser la ville puis de la reconstruire en marbre et de lui donner son nom.) Pour détourner les soupçons, il a jeté le blâme sur les chrétiens. De nombreux croyants ont été martyrisés à Rome. Certains ont été crucifiés ; d’autres ont été cousus dans la peau d’animaux morts pour être ensuite violemment dévorés par des chiens sauvages.

Tertullien, un historien chrétien de cette époque, a écrit dans son Apologétique, sa défense de la foi chrétienne : « Notre sang [le sang des martyrs] est une semence de chrétiens. » Il entendait par là qu’il s’agissait d’un moyen béni par lequel Christ faisait croître son Église.


Cet article est tiré du livre : ABC de l’histoire de l’Église de Sinclair Ferguson, Joel Beeke, et Michael Haykin