Pourquoi Noël n’est jamais à la hauteur de nos attentes (Pasteur John Piper vous répond)

Tout le monde attend avec impatience la fête de Noël. La musique de Noël domine les radios. L’odeur des épices de Noël imprègne tout. De belles lumières illuminent la nuit. Et dans moins d’une semaine, Noël prendra fin. Tous les cadeaux seront déballés et portés ou joués (ou retournés au magasin). Les arbres et les lumières tomberont et seront jetés dehors ou mis en boîte et remis dans le grenier. Et cela arrive chaque année : un sentiment de déception. Appelez-moi « Scrooge », mais je trouve cette expérience assez prévisible. C’est peut-être parce que nous aurons trop dépensé, trop peu dormi et trop mangé.

Quelle qu’en soit la cause, Noël ne semble jamais être à la hauteur de nos attentes. Pourquoi est-ce le cas ? Pour répondre à cette question, il y a quelques années, le pasteur Matt Chandler a prêché une prédication de l’Avent sur Sophonie 3.14-20 intitulée « La protection et la joie de Dieu ». La prédication comprend une méditation perspicace et utile sur ce point pour nous préparer, et nous soutenir en cette saison. Nous vous présentons donc ici un extrait de la prédication du pasteur Matt Chandler, un survivant d’un cancer du cerveau, prêchant sur Sophonie 3.

Dans Sophonie 3.15, le texte répond à la question suivante : « Pourquoi chantons-nous, poussons-nous des cris de joie, applaudissons-nous et nous réjouissons-nous de tout notre cœur ? » C’est parce que, selon le verset 15, le verdict de notre condamnation a été levé.

Et ça, c’est génial. Notre condamnation a été ôtée. Nous sommes des transgresseurs de la loi. Nous nous sommes rebellés contre Dieu. Et en Christ, tout notre châtiment a été ôté. C’est vrai aujourd’hui même. Le jour de ton jugement, chrétien, a déjà eu lieu. Dorénavant, quand vous vous tiendrez devant Dieu et vous rendrez compte de votre vie, voici ce qui se passera :

Quand ils ouvriront votre dossier le sortant et l’étalant sur la table, il dégoulinera du sang de Christ. Quand ils ouvriront la première page, il sera écrit « saint, sans défaut, irréprochable » – pas à cause de vous, mais à cause de Christ. « Maintenant donc, il n’y a plus de condamnation pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ. » (Romains 8.1).

C’est ce que Dieu a fait. C’est la raison pour laquelle nous nous remémorons la première venue de Christ et nous chantons et nous crions de joie et nous nous réjouissons de tout notre cœur dans le Dieu de notre salut : car il n’y a aucune condamnation pour nous. Nous n’aurons plus jamais peur d’être condamnés.

L’entre-deux

Je le répète, nous sommes dans l’entre-deux. Nous sommes dans le « déjà, mais pas encore ». C’est effrayant de vivre dans le monde de Genèse 3.

J’ai dû passer une IRM la semaine dernière. Je me sentais très nerveux. Pourquoi, cependant ? Au fond, si je meurs, n’est-ce pas un gain pour moi ? Oui, mais j’étais quand même nerveux. Je n’avais aucun contrôle là-dessus. J’étais tout de même nerveux. J’ai rencontré une femme et ses adolescents hier soir dont le mari est mort mardi matin. Il y avait chez eux une certaine crainte. Nous sommes dans cet entre-deux. Nous sommes dans le « déjà, mais pas encore ». Nous savons ce que le Christ a acquis. Il nous raffine, il travaille en nous, il agit en nous, il se révèle en nous, il remue nos cœurs, il éveille nos sentiments.

Nous attendons avec impatience la seconde venue de Christ où tout cela sera complètement accompli. Nous nous réjouissons parce que le châtiment a été ôté, et nous ne craindrons plus jamais d’être condamnés. Alors j’aime Sophonie 3.17. Notre Dieu est « un guerrier qui te sauve ». J’aime l’image de Dieu en tant que guerrier puissant. Pensez à ça. Dieu a tué la mort. C’est incroyable. Quel ennemi pourrions-nous avoir, vous et moi, dont le Dieu guerrier de l’univers ne se moquerait pas ? Notre Dieu est un guerrier. Il prend beaucoup de joie en vous selon le texte.

J’aime lire ça. J’ai juste une question à ce sujet. Il est dit que Dieu se réjouit de nous en chantant, en poussant des cris de joie (Sophonie 3.17). J’ai une question rapide à laquelle je n’ai pas de réponse, mais c’est une excellente question. Si la parole de Dieu a créé l’étendue de l’univers – si puissant était le « Que la lumière soit… » que l’univers continue encore aujourd’hui à s’étendre dans toutes les directions – quel est l’effet du chant de Dieu sur le cœur des hommes et des femmes ?

Ce que je recherche

Dans Sophonie 3.18, nous voyons qu’il n’y aura plus de deuil. Au verset 19, il n’y a plus d’oppression. Les boiteux seront sauvés. Les exilés seront rassemblés. Puis au verset 20, nous serons tous ramenés à la maison. J’adore le verset 20.

Si nous étions sincères, nous reconnaîtrions que nous avons tous un cœur un peu agité, non ? Nous nous attendons à ce qu’un jour cette agitation, cette inquiétude prenne fin. On l’a payé en avance toute notre vie, n’est-ce pas ?

Vous avez hâte d’aller au lycée. Après, vous avez hâte d’avoir une voiture. Après, vous avez hâte de quitter le lycée. Après, vous avez hâte d’aller à l’université. Après, vous avez hâte de quitter la fac. Après, vous avez hâte d’avoir un bon boulot. Vous avez hâte de trouver un homme ou une femme à épouser. Vous avez hâte de gagner un certain montant d’argent. Vous avez hâte d’acheter votre première maison. Vous avez hâte d’avoir un enfant. Vous avez hâte que cet enfant aille à l’école. Vous avez hâte que ce gamin sorte de chez vous. Vous avez hâte de…

Vous ne cessez de payer ces choses à l’avance pour ainsi dire, et pourtant le « je ne suis pas encore tout à fait là » subsiste. Il ne disparaît tout simplement pas. Bono a réussi, n’est-ce pas ? « Mais je n’ai toujours pas trouvé ce que je cherchais » dit-il. Puis, certains chrétiens se sont emparés de ce sentiment et ont déformé cette grande théologie de l’attente. Ils chantent : « J’ai enfin trouvé ce que je cherchais. » Non, vous ne chantez pas une bonne théologie.

Une juste théologie de la chanson chante que nous sommes dans l’entre-deux. Tout cela est vrai pour nous en ce moment même en Christ, et pourtant, dans cet entre-deux, le feu raffinant de l’amour de Dieu purifie, transforme et travaille pour notre bien. Ce que nous désirons ardemment, c’est la seconde venue, et dans la venue de Christ – sa vie, sa mort et sa résurrection – notre cœur a trouvé sa demeure. Ils respirent, ils se reposent alors que nous anticipons la venue de Christ.

Les vacances de Noël

C’est ça, Noël. La maison Chandler est décorée. Les chaussettes de Noël sont pendues. Les arbres sont mis en place. Oui, « les arbres », au pluriel. J’ai perdu ce combat il y a huit ans. Je ne m’en mêle même plus. Je suis juste du genre : « D’accord. Combien y en a-t-il ? Juste deux ? Ok, allons les chercher. » Les arbres sont alors mis en place.

Honnêtement, on dirait que les vacances de Noël ont vomi dans ma maison. Nous sommes parés pour Noël, et mon fils de dix ans (pour une raison ou une autre, c’est lui en ce moment) en perd la tête. Plusieurs fois par jour, il nous demandera : « Combien de jours encore avant Noël ? » Il y a quelques cadeaux emballés sous le sapin. Chaque jour qui nous rapproche de Noël augmente cette anticipation.

La fête arrivée, on va ouvrir les cadeaux. La famille va venir. On va rire. On va passer un bon moment en famille. Ensuite, tout le monde rentrera à la maison, et nous commencerons (pas ce soir-là) à tout démonter. Personne n’a le droit de dire cela, mais nous le ressentons tous. Il y aura un sentiment de déception. « C’est tout ? On s’y est préparé depuis si longtemps. On nous avait envahis d’attentes à ce sujet. »

Des cœurs égoïstes

Vous serez frustrés par vos enfants à cause de leurs petits cœurs égoïstes. Ils vont faire ou dire quelque chose de mauvais à propos d’un cadeau pour lequel vous aurez dépensé beaucoup d’argent. « Je voulais réellement la Xbox One, pas la Xbox 360. » Vous ferez ce que font les parents pieux, ce qui est de menacer : « Je vais reprendre tous tes cadeaux ! Je vais allumer un feu, si tu vois ce que je veux dire. »

Ce qui est ancré dans cette saison, c’est un sentiment d’anticipation. C’est presque magique ce qui se passe si tu aimes vraiment Noël. Je veux dire, nous sommes presque programmés cette semaine pour sortir et regarder les lumières. On va déjà à diverses fêtes de Noël. On en a une autre ce soir. On va faire le tour du quartier, chanter des chants de Noël et distribuer des guides de l’Avent.

On est tous impliqués dans cette attente. On attend avec impatience, et nous allons tous être déçus. La raison pour laquelle nous allons être déçus, c’est que tout cela n’est que l’ombre d’une plus grande réalité. Ce qui se passe en ce moment d’attente essaye de me faire croire qu’il est impossible d’être déçu de Noël, mais ce n’est pas vrai. L’amour de Dieu par contre est si riche et si profond qu’à l’accomplissement de toutes choses, dans dix milliards d’années, il sera tout aussi frais, tout aussi beau et tout aussi libérateur qu’il ne l’a jamais été.

Un amour si profond

C’est le puits inépuisable de la grâce de Dieu. Vous savez ce que vous ressentez la première fois que vous faites l’expérience de quelque chose ? C’est tout simplement incroyable. Plus vous en faites l’expérience, plus la chose perd de son éclat en quelque sorte. Eh bien, selon la parole de Dieu, selon ce qui se passe lors de l’accomplissement de toutes choses, l’apôtre Paul nous dit dans le livre d’Éphésiens qu’il nous faudra les siècles et les millénaires à venir pour comprendre combien l’amour de Dieu est profond pour ceux qu’il aime – des millénaires pour méditer sur les trésors de sa grâce.

Je ne sais pas comment vous pensez habituellement. Mais la première chose qui me vient à l’esprit est que dans dix milliards d’années je penserai quelque chose de ce genre : « Peu importe à quoi l’éternité ressemble. Je vais certainement mourir d’ennui à un moment donné. » Je ne peux même pas faire quelque chose pendant plus d’un jour ou deux avant de me dire : « Bon, d’accord. Qu’est-ce qu’on fait ensuite ? » Pourtant, le puits inépuisable de Dieu est si profond que, pour l’éternité, notre plaisir augmentera et notre joie grandira. C’est ça, Noël. Nous regardons en arrière à la venue de Christ, et nous nous réjouissons de ce qui est vrai en ce moment même.

Nous chantons, nous crions de joie et nous nous réjouissons parce que ces choses sont vraies en ce moment. Notre condamnation a été levée. C’est vrai maintenant. La peur est en train de perdre son emprise sur nous en ce moment. Nous avons dépassé la peur. Nous avons grandi. Nous avons vu Dieu travailler en nous. Dieu est un guerrier puissant qui nous a sauvés et continue à se battre pour nous. Il y a une perte de pouvoir du deuil sur nos vies. Nous pleurons, mais pas comme ceux qui n’ont pas d’espérance. Nous pleurons comme ceux qui ont de l’espérance.

La femme que Michael et moi avons rencontrée hier soir, qui a perdu son mari mardi soir, se sentait coupable de ne pas avoir pleuré et de ne pas s’être effondrée dans notre conversation. Je lui ai dit : « Ma sœur, tout le monde prie pour toi pour que tu obtiennes cette paix qui dépasse toute intelligence. Ne t’en fais pas pour ça. Réjouis-toi et sois heureuse que tu pleures comme quelqu’un qui a de l’espérance. »

C’est vrai en ce moment. Oui. Plus d’oppression. L’oppression est en train de perdre son pouvoir. Les boiteux sauvés. La maladie perd de son pouvoir. Les exilés seront rassemblés. Frères et sœurs, nous sommes des étrangers, des étrangers, des exilés dans ce monde. Pourtant, le Christ, le grand sauveur, le grand rédempteur nous rassemble. On nous a ramenés à la maison en ce moment même. Nous nous reposons en cette vérité, et nous nous en réjouissons tout en attendant la seconde venue, en implorant l’avènement de la seconde venue de Jésus. C’est pourquoi Jean termine le livre de l’Apocalypse par « Amen ! Viens, Seigneur Jésus ! »


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts