Pourquoi les communautés pauvres ont-elles besoin d’adhérer à une Église locale ? (Mike McKinley)

J’espère que vous êtes convaincu que la description biblique de la vie de l’Église exige une entente claire et formelle précisant qui fait partie de l’assemblée. L’adhésion à une Église locale n’est pas seulement une exigence biblique (raison suffisante de faire quoi que ce soit pour un chrétien), mais elle est aussi bénéfique pour créer des assemblées en santé qui sont en mesure d’atteindre les communautés pauvres.

1. L’adhésion à une Église locale évite le « syndrome de seconde classe »

Un système de castes subtil peut facilement se développer dans une Église. Les gens qui ont de l’argent ou de l’éducation peuvent être tentés de regarder de haut les croyants moins nantis ou de les marginaliser (voir Ja 2.1-6). Si une Église espère voir des gens provenant d’endroits démunis venir à Christ, elle doit s’assurer que ces personnes sont accueillies et acceptées au même titre que les autres dans la vie de l’assemblée.

La reconnaissance des membres a un « effet égalisateur » formidable sur l’Église et confirme que tous les chrétiens ont le même statut devant Dieu. Nous sommes simplement des membres du corps de Christ. Une assemblée qui désire rejoindre une communauté pauvre doit comprendre cette vérité biblique. Lorsque des gens d’une communauté pauvre viennent à Christ, ils devraient être baptisés et intégrés comme membres de l’Église locale. Cette façon de faire montre clairement qu’ils sont pleinement acceptés et qu’ils sont des parties fonctionnelles du corps.

2. L’adhésion à une Église locale accroît la responsabilité des membres et renforce les liens

Établir des membres dans l’Église accroît le sentiment de responsabilité au sein de l’assemblée et entre l’assemblée et ses dirigeants. Le statut de membre nécessite un engagement et clarifie, en termes bibliques, la définition de l’appartenance à l’Église. Lorsque les gens deviennent membres de l’assemblée, ils promettent d’aimer toutes les autres personnes dans l’Église, d’en prendre soin, de prier pour elles et de se sentir responsables envers elles. Tous les membres de l’Église, qu’ils soient riches, pauvres ou de classe moyenne, sont appelés à s’aimer les uns les autres. Dans notre Église locale, nous ne voulons pas seulement que des sans-abris et de nouveaux immigrants viennent à Christ, nous voulons aussi qu’ils deviennent des membres à part entière de l’Église.

3. L’adhésion à une Église locale (incluant la discipline) montre que quelqu’un est croyant

Dans 1 Corinthiens 5, Paul instruit l’Église sur la façon d’intervenir auprès d’un homme qui vit dans le péché de manière ouverte et scandaleuse. Pour la santé de l’Église, l’assemblée doit exercer la discipline de l’Église contre l’homme pour qu’il soit « livré à Satan ». Dans le verset 2, plutôt que de laisser l’homme demeurer parmi eux, il leur dit : « que celui qui a commis cet acte soit ôté du milieu de vous ». Nous pouvons ressortir quelques points de ce passage.

Premièrement, le châtiment est décrit au verset 2 lorsqu’il est écrit que l’homme doit être ôté « du milieu [d’eux] ». Le résultat de la discipline d’Église est le retrait du pécheur de l’assemblée. Inévitablement, cela sous-entend l’existence d’une liste de membres officielle. Comment quelqu’un pourrait-il être retiré s’il n’appartenait pas formellement à l’Église ? Laissez-moi illustrer mon propos. Je ne peux pas être retiré de l’Association des golfeurs gauchers de la Caroline du Nord puisque je n’en ai jamais fait partie. Selon leur site Internet, ils peuvent retirer le statut de membre pour plusieurs raisons (comme le fait d’être droitier peut-être ?). Cependant, je ne cours aucun risque d’être l’objet d’une telle sanction, puisqu’il est impossible d’expulser une personne qui n’a jamais été membre.

Deuxièmement, la discipline de l’Église doit être exercée lorsque l’Église est assemblée (v. 4). Pour notre étude, notons simplement qu’il y avait une assemblée déterminée et officielle de l’Église, et que les gens savaient qui devait se présenter lors d’une réunion. Une fois de plus, cela indique clairement la présence d’une liste de membres dans l’Église.

Troisièmement, Paul enseigne que l’Église doit seulement discipliner ceux « du dedans » (v. 12). L’apôtre ne dit pas de juger le monde et son sens moral. De toute évidence, l’Église savait qui était « du dedans » et qui était « du dehors ». La discipline d’Église adéquate est impraticable sans la présence de membres reconnus comme tels.

Quatrièmement, la discipline de l’Église est pour le bien de l’Église, mais elle est aussi bénéfique pour la personne disciplinée (v. 5). Paul insiste pour que l’Église renvoie la personne immorale de l’assemblée afin que, ultimement, son âme puisse être sauvée. Nous pourrions penser que la discipline d’Église est désobligeante ou cruelle, mais l’apôtre pensait réellement qu’il s’agissait d’un acte d’amour envers le pécheur. Lorsqu’une personne détient un bon statut dans l’Église, elle possède l’assurance de son salut, comme si une autorité extérieure avait examiné sa profession de foi et l’avait ensuite approuvée.

Le retrait de cette affirmation par le biais de la discipline ecclésiale sert toutefois de signal d’alarme pour la personne qui vit dans le péché. Sa profession de foi est remise en doute à cause de son refus à se repentir de son péché et la personne doit alors prendre conscience que son âme est en danger. Bien entendu, ce ne sont pas toutes les personnes qui, après avoir été mises à la porte de l’Église, se repentent et reviennent. Mais par la grâce de Dieu, c’est parfois le cas, comme dans l’histoire de Rab au chapitre 5.

Cinquièmement, la discipline d’Église montre au monde à quoi devrait ressembler un chrétien. L’immoralité de l’homme de Corinthe était telle qu’elle aurait même scandalisé les païens de la communauté (v. 1). Si l’Église n’avait pas réagi, le monde autour aurait simplement conclu que les chrétiens étaient les pires pervers. Toutefois, en mettant l’homme en dehors de l’Église, l’assemblée a fait voir au monde que le péché a des conséquences et que les gens immoraux qui ne se repentent pas ne sont pas des chrétiens authentiques.

4. L’évangélisation d’une Église dépend de ses caractéristiques distinctives

De nos jours, les chrétiens pensent souvent que notre puissance d’évangélisation dépend de notre capacité à montrer au monde à quel point nous sommes comme eux. Pourtant, le défi des Églises d’aujourd’hui est le même que celui du peuple d’Israël qui était tenté de poursuivre les dieux des nations environnantes : être distinct. À quoi sert le sel s’il perd sa saveur ? Aussi bien le jeter dehors. À quoi bon une lumière sous un récipient ? Ce sont nos vies différentes qui donnent au monde une raison de donner gloire à Dieu (Mt 5.13-16, voir aussi 1 Pi 2.9-12).

L’adhésion comme membre et la discipline, lorsqu’elles sont mises en pratique de façon saine, jouent un rôle crucial pour cultiver et protéger la spécificité d’une Église. Elles ne sont pas la cause principale des vies changées. La prédication de la Parole l’est. Toutefois, l’adhésion comme membre et la discipline protègent ces vies, les clarifient et les rendent visibles. À quel point pensez-vous que les gens d’une communauté difficile trouvent l’espoir lorsqu’ils sont témoins d’un avant-poste du royaume de Christ ? Ou d’un groupe de personnes surnaturellement transformées qui continuent de changer jour après jour ?


Cet article est tiré du livre : Être l’Église là où c’est difficile de Mez McConnell & Mike McKinley