Paître le troupeau – Actes 20.28 (John MacArthur)

Prenez donc garde à vous-mêmes, et à tout le troupeau sur lequel le Saint-Esprit vous a établis évêques, pour paître l’Église de Dieu, qu’il s’est acquise par son propre sang. (Actes 20.28)

Après avoir veillé à ce que l’ordre règne dans sa propre vie (et, par conséquent, dans celle des membres de sa famille ; 1 Ti 3.4,5), le responsable a pour deuxième priorité de prendre soin spirituellement de son troupeau, c’est-à-dire, en termes positifs, nourrir et diriger tout le troupeau. Nous remarquerons que Dieu utilise souvent la métaphore du troupeau et du berger pour décrire la relation qui l’unit à son peuple. Or, quelle meilleure analogie pourrait-on choisir, quand on songe que les brebis sont sans défense, timides et sales, et requièrent constamment protection et soins ? D’ailleurs, dans l’Ancien Testament, Israël est souvent présentée comme le troupeau de Dieu (Ps 77.21 ; 78.52 ; 80.1 ; És 40.11 ; 63.11 ; Jé 13.17 ; 23.2,3 ; 31.10 ; Éz 34.2s ; Mi 2.12 ; 5.4 ; 7.14 ; Za 10.3) et, dans le Nouveau Testament, l’Église est présentée comme un troupeau dont le berger est le Seigneur Jésus-Christ (Jn 10.1s ; Hé 13.20 ; 1 Pi 2.25 ; 5.2-4).

Jésus, le souverain berger

Jésus-Christ, le souverain berger (1 Pi 5.4), a divisé son grand troupeau en plus petits troupeaux (voir 1 Pi 5.2 : « le troupeau de Dieu qui est sous votre garde » ; 1 Pi 5.3 : « ceux qui vous sont échus en partage »). Or, le Saint-Esprit établit souverainement des évêques, ou aides-bergers, qui ont pour responsabilité de paître leur troupeau. Précisons que le verbe paître rend poimainô, terme dont la notion englobe tout le travail du berger. Par contre, l’aspect le plus important de cette tâche consiste à nourrir les brebis, comme l’indique Jean 21.15-17.

Dans ce passage, où Jésus demande trois fois à Pierre de paître ses brebis, il n’utilise le verbe poimainô que la deuxième fois, alors que les première et troisième fois il emploie le verbe boskô, qui a le sens plus restrictif de « nourrir ». Nous en conclurons, évidemment, que la principale tâche de l’aide-berger consiste à nourrir les brebis du Seigneur, ce que malheureusement beaucoup d’entre eux négligent de faire aujourd’hui, apparemment satisfaits de mener leurs brebis d’une maigre pâture à une autre. Le plus triste dans tout cela, c’est qu’ils produisent ainsi des troupeaux faibles spirituellement qui sont prêts à se nourrir des herbes empoisonnées de la fausse doctrine ou à suivre de faux bergers qui leur font miroiter des pâtures plus verdoyantes en les conduisant tout droit au désert spirituel.

Comme les brebis ont l’habitude de suivre, le berger a également pour tâche de les conduire. C’est effectivement à lui d’indiquer au troupeau la direction qu’il doit suivre. Nous remarquerons que le Nouveau Testament n’établit aucune règle à l’intention de la congrégation mais commande ceci aux croyants : « Obéissez à vos conducteurs et ayez pour eux de la déférence » (Hé 13.17). C’est pourquoi Paul rappelle aux Thessaloniciens que leurs pasteurs « [les] dirigent dans le Seigneur », conformément à leur mandat, et qu’ils doivent les considérer, les estimer, les aimer et les suivre paisiblement (1 Th 5.12,13). Dieu a donc confié les rênes de l’Église aux évêques (anciens, pasteurs), et ceux qui servent avec fidélité doivent être trouvés dignes d’un double honneur (1 Ti 5.17), tandis que ceux qui s’adonnent au péché doivent être réprimandés publiquement (1 Ti 5.20). Le fait que les anciens devront un jour rendre compte à Dieu de la manière dont ils auront dirigé ceux qu’il leur aura confiés (Hé 13.17) ne donne-t-il pas à réfléchir ?

Des normes élevés

Pourquoi fixer aux responsables des normes si élevées ? Tout simplement parce que l’Église n’appartient pas aux hommes mais à Dieu (voir 1 Pi 5.2). En effet, les responsables de l’Église ont pour mandat de gérer les biens de Dieu, tâche dont ils doivent s’acquitter avec fidélité (voir 1 Co 4.2). Et quelle autre réalité est plus précieuse sur terre que l’Église ? N’est-ce pas pour elle que le prix ultime a été payé par le Seigneur Jésus-Christ, qui l’a acquise par son propre sang (voir 1 Pi 1.18,19) ? Or, cela exige de la part de chaque responsable qu’il traite l’Église avec tous les égards qui lui sont dus. Bien entendu, étant esprit, Dieu ne possède pas de corps, et donc pas de sang. Cependant, Paul est en mesure d’affirmer que Dieu a néanmoins racheté l’Église par son propre sang, parce qu’il « croit si fermement à la divinité de Jésus-Christ et à son union essentielle avec le Père que [l’apôtre] n’hésite aucunement à décrire le sacrifice qu’il a consenti à Golgotha comme l’épanchement du sang de Dieu » (G. T. Stokes, « The Acts of the Apostles » dans W. Robertson Nicoll, The Expositor’s Bible, New York : A. C. Armstrong and Son, 1903, 2: p. 419).

Le Seigneur Jésus-Christ a montré comment prendre soin de l’Église avec amour, et tous les responsables se doivent de suivre son exemple. Paul décrit d’ailleurs aux Éphésiens l’amour sacrificiel que Christ voue à l’Église :

Christ a aimé l’Église, et s’est livré lui-même pour elle, afin de la sanctifier en la purifiant et en la lavant par l’eau de la parole, pour faire paraître devant lui cette Église glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable, mais sainte et irréprochable (Ép 5.25b-27).

Or, l’aide-berger doit se soucier tout autant de la pureté de l’Église que ne le fait le grand berger. C’est certes le cas de Paul, qui écrit aux Corinthiens : « Car je suis jaloux de vous d’une jalousie de Dieu, parce que je vous ai fiancés à un seul époux, pour vous présenter à Christ, comme une vierge pure » (2 Co 11.2). Ainsi, les aides-bergers qui tiennent réellement à l’Église paîtront leur troupeau en le nourrissant de la Parole de Dieu et en le conduisant avec fidélité.


Cet article est tiré du livre : Actes, 13-28 – John MacArthur de John MacArthur