Voici pourquoi tous ceux pour qui Christ est mort sont nécessairement sauvés (John Owen)

J’avance que si une chose est réellement obtenue pour une personne, il ne peut subsister aucun doute à savoir si cette chose lui appartient vraiment. Elle ne dira pas : « elle sera peut-être à moi ». Donc, ce que Christ a acquis par sa mort doit inévitablement appartenir à ceux pour qui il l’a acquis.

Il serait contraire à la raison de prétendre que le dessein de Dieu ait été que Christ meure pour une personne — sans toutefois que cette dernière puisse jouir de ces avantages.

Le fait qu’une rançon soit payée pour affranchir des esclaves, sans pour autant assurer la liberté à ces derniers serait aberrant ! Et nous savons que la mort de Christ constituait une rançon (Matthieu 20.28).

Certains ont argué que même s’il est vrai qu’un avantage obtenu pour quelqu’un lui revient de droit, il doit cependant se l’approprier selon certaines conditions. Ils disent aussi que la condition pour jouir des privilèges acquis pour nous par Christ consiste à ne pas résister à l’offre de rédemption, ou à accepter l’invitation de l’évangile, ou simplement à avoir la foi. Les quelques remarques suivantes serviront à réfuter cet argument :

  1. Si Dieu, en toute sincérité, a formé le dessein de racheter quiconque, et si Christ est mort pour sauver tous les hommes selon certaines conditions, tous donc sans exception doivent être en mesure de respecter ces dernières. L’intention de sauver ne peut être sincère s’il subsiste des individus qui ne sont pas éclairés concernant de telles conditions à remplir. Que dire de ceux qui n’ont jamais entendu cette nouvelle ? 
  2. Il est soit possible, soit impossible, de satisfaire les conditions requises pour obtenir les privilèges reliés à la mort de Christ. S’il est en notre pouvoir de les remplir, c’est donc que tous les hommes ont la capacité de croire, ce qui est faux. S’il est impossible de s’y conformer, le Seigneur doit donc attribuer, ou non, cette capacité. S’il l’accorde, pourquoi tous ne sont-ils pas sauvés ? S’il ne la donne pas, comment peut-il sincèrement exiger de nous ce que lui seul est en mesure de faire ? Cette façon d’agir correspondrait à celle d’un homme qui promet une somme de 1 000 livres à un aveugle, à condition qu’il puisse la voir.
  3. La foi — la condition qui nous permet de jouir du salut — nous est acquise par la mort de Christ, ou ne l’est pas. Si elle s’obtient par sa mort, tous les hommes la possèdent donc, car disent-ils, Christ est mort pour tous. Si elle n’est pas acquise par Christ, c’est donc que l’élément primordial dans le processus de notre salut ne dépend pas du tout de Christ! Une telle allégation déprécie la gloire de Christ. De plus, elle est contraire à l’enseignement de la Bible qui déclare que la foi est le don de Dieu (Philippiens 1.29; Éphésiens 2.8). 
  4. Affirmer que Christ est mort pour tous les hommes, mais que seuls ceux qui respectent les conditions peuvent être rachetés, revient à faire de Christ un demi-médiateur. Il a obtenu le salut pour tous, disent-ils. Cependant, en quoi consiste un tel avantage s’il n’a pas lui-même rempli les conditions, dis-je à mon tour !

Christ est mort pour tous les élus de Dieu 

Permettez-moi de résumer ce concept. Il est impossible de dissocier ce que Christ a acquis et ceux pour qui ces choses ont été obtenues. Christ est mort, non pour que les hommes reçoivent le salut s’ils parviennent à croire, mais il est mort pour tous les élus de Dieu, afin qu’ils croient. Les Écritures n’affirment nulle part que Christ est mort pour nous à condition que nous croyions. Il serait même insensé de prétendre une telle chose. Cela impliquerait que la foi constitue l’élément validant ce qui autrement est faux — notre geste servirait à entériner en quelque sorte sa mort pour nous ! Or Christ est mort pour nous afin de nous permettre de croire.


Cet article est tiré du livre : La vie par sa mort de John Owen