Les 5 choses à ne pas faire de la paternité (Kent Hughes)

1. Critique

La critique se retrouvera presque en haut de la plupart des listes d’actions à éviter. Chaque année, quand notre famille décore l’arbre de Noël, j’y place une toute petite couronne faite de perles en verre rouge et vert, et je pense au jeune garçon qui me l’a donnée alors que j’étais entraîneur de foot. Son père arpentait le terrain d’un bout à l’autre, rabaissant son fils par des remarques sarcastiques et humiliantes du genre «poule mouillée» et «femmelette». Il est le seul parent à qui j’ai demandé de se tenir tranquille, faute de quoi il devrait quitter le terrain.

Je me demande parfois ce que ce garçon est devenu. Winston Churchill avait un tel père en la personne de Lord Randolph Churchill. Il n’aimait pas les regards de Winston, ni sa voix ; il n’aimait pas se retrouver dans la même pièce que son fils. Il ne lui a jamais fait de compliments, seulement des critiques. Ses biographes ont publié des extraits de lettres du jeune Winston, destinées à ses parents, afin que son père lui porte quelque attention: «J’aurais préféré être apprenti maçon, camarade de travail […] tout serait venu naturellement […] et j’aurais pu apprendre à connaître mon père ».

Les pères qui critiquent leurs enfants les poussent souvent au découragement. Le verset parallèle de Colossiens 3: 21 signale que les enfants qui sont aigris à cause des railleries et des remarques continuelles4 «perdent courage» (Parole vivante) comme un cheval qui a l’esprit abattu. On le voit à la façon dont il se déplace, tout comme on reconnaît un enfant découragé à son regard et à son attitude.

En plus des mots, la critique se manifeste de plusieurs manières. Par principe, certains parents ne félicitent jamais leurs enfants – « quand je le féliciterai, il saura que c’est sincère». Mais ces compliments n’arrivent jamais. Puis, il y a les éloges flous et équivoques, comme ceux qu’on donne au garçon qui vient de marquer un but au foot: «C’était pas mal, fiston, mais tu peux faire mieux ». Souvent, ce ne sont pas les mots, mais le ton de la voix ou le regard distrait qui veulent tout dire. Pourquoi les pères critiquent-ils? Leurs pères les ont probablement traités de la sorte. Ou peut-être sont-ils simplement des personnes qui aiment critiquer, qui le cachent bien en public, mais ne peuvent se retenir au sein du cocon familial. Pour de tels pères, la parole de Dieu frappe comme une flèche, en plein dans le mille: ne poussez pas vos enfants à bout par vos critiques.

2. Sévérité excessive

Certains pères exaspèrent leurs enfants en étant trop sévères et dominateurs. Ils devraient se souvenir qu’élever des enfants, c’est comme tenir une barre de savon mouillée: si nos mains la serrent trop fort, elle sera projetée en avant, et si nous ne la tenons pas assez fermement, elle glissera. Une main ferme dans un gant de velours vous assure une bonne maîtrise.


Nous ne pouvons pas commencer à estimer les ravages de l’excès de rigueur sur la communauté chrétienne évangélique au fil des ans.


Nous ne sommes pas en mesure d’évaluer les ravages de cette sévérité excessive dans la communauté chrétienne évangélique au fil des ans. Il m’est arrivé, au cours de mon ministère, d’enterrer des gens qui avaient pratiquement passé les soixante-dix ans de leur vie en réaction contre le légalisme rigoureux qui avait marqué leur éducation, comme de pauvres barres de savon que personne n’avait pu récupérer. D’autres n’ont pas réagi aussi tragiquement. Ils ont renoncé au légalisme à l’aide de la Bible et de la théologie, mais ont tout de même lutté intérieurement à cause de cela durant toute leur vie.

Pourquoi certains pères sont-ils si sévères? Plusieurs le sont parce qu’ils essaient de protéger leurs enfants de cette culture de plus en plus permissive; pour eux, instaurer des règles étouffantes semble être le meilleur moyen d’y parvenir. D’autres ont tout simplement une personnalité dominatrice et utilisent les règlements, l’argent, les amis ou les coups de poing pour régir la vie de leurs enfants. La Bible devient un laissez-passer pour posséder et dominer, parce qu’ils la lisent à travers leur propre grille d’interprétation, celle d’un esprit qui veut commander. D’autres encore se trompent et vivent leur foi en vertu de la loi plutôt que de la grâce. Certains hommes démontrent une sévérité excessive parce qu’ils ont peur de ce que les autres vont penser. «Que vont-ils dire si mon jeune fréquente cet endroit ou porte ce vêtement, ou encore si on le surprend en train d’écouter cette musique?» Plus d’un enfant de pasteur est tombé dans la rébellion parce que son père a essayé de modeler sa vie selon les attentes des membres de sa communauté. Quel immense péché contre ses propres enfants!

Nous devrions plutôt débuter dans notre rôle de papa en serrant tout contre nous notre petite barre de savon sans défense, puis, à mesure qu’elle grandit, desserrer notre étreinte, sagement et graduellement. Parce que nous sommes des pères consciencieux, nous devons dire «non» à plusieurs demandes. Essayons donc de dire « oui» le plus souvent possible, et gardons nos «non» pour les situations vraiment cruciales.

Nos « non » doivent s’appuyer sur la Bible, et à mesure que nos enfants grandissent, nous devons être prêts à discuter des règlements selon nos principes et la parole de Dieu. Nous devons apprendre à faire confiance à Dieu pour nos enfants, et comprendre qu’ils doivent apprendre à prendre leurs propres décisions.

Pères, n’exaspérez pas vos enfants en étant trop sévères. Apprenez à serrer leur vie entre vos mains en y mettant la pression qui vient de Dieu et à les façonner selon son amour.

3. Irritabilité

Nous avons tous été témoins d’une scène semblable. Peut-être même en avons-nous été l’un des acteurs! Un père rentre à la maison après une dure journée de travail ; soucieux, il a les sourcils froncés. Son petit garçon de trois ans court vers lui, mais le père est occupé à partager ses problèmes avec sa femme: «Attends une seconde, Jimmy ». Jimmy tire sur le pantalon de son papa. Pas de réponse. Il tire une seconde fois! À ce moment-là, son père explose, le soulève et le frappe, prétextant qu’il a été «impoli». Le Seigneur seul sait combien d’enfants «perdent courage» parce que leur père a eu une «dure journée».


Seul le Seigneur sait combien d’enfants « perdent courage » parce que leurs pères ont des « journées difficiles ».


La vie ressemble parfois à cette bande dessinée où le patron est bourru envers l’un de ses employés. Ce dernier, à son tour, rentre à la maison et se montre irritable avec ses enfants; alors son fils frappe le chien qui sort, arpente la rue et mord la première personne qu’il rencontre: le patron!

Pères, nous ne devrions jamais laisser la pression nous entraîner dans ce malheureux cercle vicieux. Le prix à payer en est trop élevé.

Vos enfants connaissent bien la réponse!

4. Inconsistence

Peu de choses vont exaspérer un enfant plus que l’inconstance. Pauvre cheval à qui le cavalier donne des ordres contradictoires, enfonçant ses éperons dans ses flancs tout en tirant les rênes. Et pauvre enfant dont le père capricieux change constamment les règles; il ne pourra qu’être continuellement irrité devant les messages contraires qu’il reçoit.

Pères, vous pouvez toujours vous trouver des excuses en disant: «Je suis tellement occupé… Oh, vous savez, ma mémoire… Je suis quelqu’un de spontané!». Mais vos enfants n’en ont que faire.

Soyez constant. Ne faites jamais, au grand jamais, à vos enfants une promesse que vous ne tiendrez pas! Vous souvenez-vous d’un engagement non respecté? Une journée d’équitation qui est tombée à l’eau? Ou un petit tour à la pâtisserie ou au parc ? Vous avez peut-être oublié, mais votre bout de chou s’en souviendra encore dans quatre-vingts ans.

5. Favoritisme

L’un des péchés les plus agaçants et les plus condamnables qu’un père puisse commettre à l’égard de ses enfants est le favoritisme. Je dis cela, bien que je sois le dernier à suggérer qu’il faut traiter tous nos enfants de la même façon. Certains ont besoin de plus de discipline, d’autres d’indépendance. Certains exigent un meilleur encadrement, d’autres moins. Tel autre a besoin de plus d’encouragements ou de câlins. Mais nous ne devrions jamais préférer un enfant à un autre.

Le favoritisme a été le péché inexcusable d’Isaac, qui a préféré Ésaü à Jacob. Ironiquement, Jacob a commis le même péché déplorable, préférant Joseph à ses frères. Tel père partial, tel fils rejeté! Comme il est destructeur et décourageant de se savoir défavorisé, moins aimé.

Conclusion

Frères, le grand précepte négatif lié à la paternité est : «N’exaspérez pas vos enfants», et la vie nous enseigne les attitudes qui en découlent:

  • Ne critiquez pas.
  • Ne soyez pas trop sévère.
  • Ne soyez pas irritable.
  • Ne soyez pas inconstant.
  • Ne faites pas de favoritisme.

Dieu a créé nos enfants avec un cœur tourné vers le nôtre. Nous avons un immense pouvoir! Nous devons prendre la parole de Dieu au sérieux.


Cet article est adapté du livre : « Homme de dieu, exerce-toi à la piété » de Kent Hughes