Les 3 choses à faire de la paternité (Kent Hughes)

1. Tendresse

Les mots «élevez-les» signifient «les nourrir et les entretenir», comme en Éphésiens 5 : 29, où «nourrir et prendre soin de son propre corps» ont la même racine grecque. Calvin traduit ainsi les mots «élevez-les»: «Qu’on les chérisse avec bonté». Il poursuit en mettant l’accent sur le fait que l’idée générale est de parler à ses enfants avec douceur et bienveillance.

Quand j’étais adolescent, mon meilleur ami avait un père qui impressionnait. Il avait travaillé trente-deux ans comme sous-officier de la garde côtière, second maître en chef. Il avait une carrure imposante et, dans sa jeunesse, il s’était battu contre Joe Louis lors d’un match de boxe. Malgré son rang inférieur, les officiers le saluaient en premier quand il marchait dans la rue. Il se battait parfois avec rudesse, sans trop de soucis pour les règles. Mais savez-vous comment il appelait son fils de 120 kg ? «Mon petit David.» Et moi, j’étais «son petit Kent» et cela ne me dérangeait pas du tout. En réalité, j’éprouvais même de la fierté à me faire nommer ainsi. Il n’était pas attaché au dicton qui dit: «Un vrai homme ne montre pas son affection». En fait, il embrasse aujourd’hui encore son fils devenu grand, un vrai homme lui aussi.

Nous devons être affectueux. Un homme n’est jamais plus viril que lorsqu’il est tendre avec ses enfants, que ce soit en tenant son bébé dans ses bras, en démontrant de l’amour à ses jeunes enfants ou en étreignant ses enfants devenus adolescents ou adultes.


Les hommes ne sont jamais plus virils que lorsqu’ils sont tendres avec leurs enfants.


Le sage philosophe chrétien Elton Trueblood a fait cette déclaration fort pertinente, qui développe encore davantage ce principe. D’après lui:

[Un enfant] a aussi besoin de savoir que son père et sa mère s’aiment vraiment et en dehors de leur relation avec lui. C’est la responsabilité du père de montrer à l’enfant qu’il est profondément amoureux de sa mère. Il n’y a aucune raison de cacher ou de garder secrètes les marques d’affection. Un enfant qui grandit en sachant que ses parents sont amoureux possède une fondation solide et stable.

La tendresse – verbale et physique – vient tout naturellement au papa qui met en pratique la parole de Dieu. Frères, sommes-nous à la hauteur?

2. Discipline

Vient ensuite la correction. Ce mot a une signification puissante: «discipliner, même par la punition». Pilate a utilisé ce terme quand il a dit de Jésus: «Je le relâcherai donc après l’avoir fait châtier» (Luc 23:16– Colombe). La discipline implique inévitablement la punition corporelle, quand elle est nécessaire. Mais elle englobe aussi tout ce qui aide à « orienter le jeune garçon sur la voie qu’il doit suivre» (Proverbes 22:6– Colombe).

Ce qui est tragique, c’est que tant d’hommes laissent cette responsabilité à la maman. Non seulement c’est injuste pour elle, mais l’enfant se voit privé de la sécurité et de l’estime de soi que lui apporte la correction d’un père. Frères, laissez-vous vos femmes corriger vos fils et vos filles? Si oui, c’est un bien triste manquement à vos devoirs paternels. Vous ne vivez pas selon les principes de la parole de Dieu!

3. Instruction

Enfin, il y a l’instruction: instruire et avertir par nos paroles. Le mot « avertir» dans son sens littéral veut dire «porter à l’attention de». Souvent, ce mot sous-entend une confrontation et il est donc étroitement lié au sujet déjà discuté, la correction. Le sacrificateur Éli a lamentablement échoué dans ce domaine en éduquant ses fils, tel que nous le relate 1 Samuel, chapitre 3, versets 11 à 13 (Colombe):

Alors, l’Éternel dit à Samuel: Voici que moi je vais faire en Israël une chose qui fera que les deux oreilles de quiconque l’entendra en tinteront. En ce jour, j’accomplirai sur Éli tout ce que j’ai dit contre sa maison: je commencerai et j’achèverai. Je lui ai déclaré que je veux moi-même condamner sa maison à perpétuité, à cause de la faute qu’il connaît et par laquelle ses fils se sont rendus méprisables, sans qu’il les ait réprimés.

Le mot grec utilisé dans la Septante pour «réprimer» a la même racine que le mot « avertissement» en Éphésiens 6:4. Éli a manqué en ne confrontant pas ses fils. Il ne les a pas avertis de leur péché. Et à cause de cela, ils ont été détruits.

Des avertissements précis et directs sont nécessaires à une bonne éducation. Frères, si nous reconnaissons notre part de responsabilité, nous devons:

  • Nous engager à parler à nos enfants pour les instruire.
  • Enseigner la Parole et prier avec notre famille.
  • Endosser et contrôler, avec notre femme, ce qui entre dans ces jeunes esprits si faciles à impressionner.
  • Prendre nos responsabilités afin que l’Église soit pour eux une expérience plaisante.
  • Par-dessus tout, il faut s’assurer que notre vie – notre exemple – démontre la véracité de ce que nous enseignons,
  • Car c’est en nous regardant qu’ils apprendront le plus.

Vers la fin de sa vie, on a demandé à Evangeline Booth, alors âgée de quatre-vingt-un ans et générale de l’Armée du Salut, à quel moment elle avait voulu en faire partie: «Très tôt, a-t-elle répondu, je voyais mes parents (les fondateurs) travailler pour les gens, porter leurs fardeaux. Jour et nuit. Ils n’avaient pas besoin de me parler du christianisme. »

Conclusion

Les éléments positifs de la paternité mis ensemble – tendresse, discipline et instruction – nécessitent une autre chose essentielle, comme l’a constaté un certain médecin très occupé. Il faisait une brève apparition lors des repas, distribuait l’argent de poche et donnait quelques conseils, souvent sans avoir vraiment écouté quel était le problème de sa famille. Un après-midi, alors qu’il écrivait un article pour un important journal médical, son petit garçon s’est faufilé dans le sanctuaire interdit: le bureau de son père.

— Papa, a-t-il dit. Sans même répondre, le médecin a ouvert le tiroir de son bureau et a donné au garçon une boîte de bonbons.

Quelques instants plus tard, le petit garçon a de nouveau appelé:

— Papa ! Et le père lui a distraitement tendu un crayon. — Papa, a continué l’enfant. Le médecin a répondu par un grognement, indiquant ainsi qu’il savait bien que le garçon était là, mais qu’il ne voulait pas être dérangé.

— Papa, a persisté le fils. Fâché, le médecin occupé a fait pivoter sa chaise et a dit:

— Qu’est-ce qu’il peut bien y avoir de si important pour que tu n’arrêtes pas de m’interrompre? Ne vois-tu pas que je travaille? Je t’ai déjà donné des bonbons et un crayon. Que veux-tu de plus?

— Papa, je veux être avec toi! Les préceptes positifs de la paternité ne peuvent pas se vivre par procuration.

Il faut que vous soyez présent pour mettre les petits au lit afin de prier avec et pour eux. Vous devez assister à leurs pièces de théâtre, exposés, concerts et compétitions sportives. Il vous faut planifier régulièrement des moments que vous passerez seul avec chacun de vos enfants. Organisez des vacances inoubliables pour prôner et renforcer les liens familiaux.

Parvenu à la mi-temps de ma vie, je me demande parfois avec nostalgie: «Où est passé le temps qui s’est écoulé entre ces deux impérissables souvenirs: la naissance de ma fille et celle de son fils?». Pour tout vous dire, certaines de ces années ont été longues et difficiles. Je pensais ne jamais réussir à traverser certaines périodes stressantes. Mais lorsque ces grands événements me reviennent en mémoire dans toute leur beauté, j’ai l’impression que seule une fraction de seconde les sépare. C’est pourquoi, quand j’ai l’occasion de tenir un bébé dans mes bras, j’encourage souvent les parents à savourer chaque instant et à ne pas vouloir passer trop vite à une autre étape: leur enfant grandira et partira bien assez tôt. Comprendre que nous n’avons que peu de temps pour élever nos enfants devrait nous motiver grandement à en profiter au maximum et nous inciter à suivre de tout notre cœur les conseils que les Écritures nous donnent.

Frères, le temps est la chrysalide de l’éternité – il n’y a pas d’autres instants qui importent plus que le présent. Je suis conscient qu’à certaines périodes de notre vie, nous n’avons que peu de temps à consacrer à notre famille – cela fait partie du rythme normal des choses. Mais être toujours «trop occupé» ne doit pas devenir un choix, comme c’est souvent le cas! Nous devons faire attention à ne pas remplir nos agendas par des activités qui nous empêcheront d’être disponibles pour nos familles.

C’est maintenant le temps de prendre le temps. Il n’y en aura pas d’autre! Le ferez-vous? Le ferai-je moi-même?


Cet article est adapté du livre : « Homme de dieu, exerce-toi à la piété » de Kent Hughes