L’amour romantique est un merveilleux cadeau et un terrible Dieu (Pasteur John Piper vous répond)

Pour cette émission, l’auteur et orateur Paul David Tripp remplace John Piper. Paul est l’auteur du livre L’émerveillement : pourquoi c’est important pour tout ce que nous pensons, disons et faisons. Dans un podcast précédent, nous avons parlé de l’émerveillement et de la façon dont il est vraiment lié à tout ce que nous faisons, y compris la croissance spirituelle, les objectifs que nous poursuivons dans le ministère, nos tentatives de perte de poids, nos méthodes pour élever nos enfants, et maintenant nos attentes dans le mariage.

Paul, dans mes recherches sur les lettres pastorales du pasteur John Newton, au XVIIIe siècle, j’ai été surpris de voir combien de fois il écrivait aux jeunes mariés pour les avertir de ne pas faire de leur épouse une idole en qui placer leur sécurité. Il le fait encore et encore, et je pense qu’il le fait en partie parce qu’il l’a vécu dans son propre mariage, une histoire d’amour incroyable en soi. Mais cette préoccupation perdure encore aujourd’hui au travers du ministère de Tim et Kathy Keller, par exemple, qui mettent en garde contre une fascination dévorante pour l’amour romantique qui façonne une bonne partie des médias de la culture populaire. Le mensonge en question est le suivant : si vous trouvez l’amour romantique, alors votre vie sera sûre et satisfaisante. À tel point que le mariage devient une sorte de salut et que l’amour romantique suscite des attentes presque rédemptrices. Que diriez-vous donc aux chrétiens, célibataires ou jeunes mariés, qui risquent de perdre leur émerveillement face à Dieu en se préoccupant par trop de cet amour romantique ?

La première chose que je leur dirais, c’est que le romantisme n’est jamais la cause d’un bon mariage. Et je suis par nature un homme très romantique. J’aime le romantisme, mais le romantisme est en fait le résultat d’un bon mariage. Et si vous comptez sur le romantisme pour forger un bon mariage, vous allez devenir un être humain effrayé, découragé, déçu et finalement sans espoir. Pourquoi ? Qu’est-ce qu’une vision biblique du mariage ? C’est une personne imparfaite mariée à une personne imparfaite dans un monde déchu. J’ai conscience que cela ne sonne pas très encourageant. Mais cela peut devenir encourageant avec la présence d’un Dieu fidèle.

Par conséquent, mon mariage ne sera jamais un paradis. Le paradis est à venir. Je ne suis jamais marié à une personne parfaite. Cette personne ne sera jamais mon Messie. La personne avec qui je suis marié n’a aucune capacité de changer mon cœur. Cette personne avec qui je suis marié ne peut pas donner à mon cœur la satisfaction et la plénitude qu’il désire. Elle ne peut pas me délivrer de mon péché. Elle n’est tout simplement pas capable de faire tout cela.

Ainsi, un bon mariage est un bon mariage parce que le mari et la femme savent tous deux qu’ils ne sont pas le Messie de leur conjoint. Mais ils ne paniquent pas pour autant, parce qu’un Messie plus qu’adéquat et suffisant leur a été donné. Celui-là envahit le mariage par sa grâce et nous donne tout ce dont nous avons besoin pour être qui nous sommes supposés être et pour faire ce que nous sommes supposés faire dans le mariage.

Voici ce que cela signifie en résumé. Vous n’obtenez jamais votre capacité à aimer de la part de la personne que vous êtes appelé à aimer. Vous n’obtenez jamais votre capacité à aimer de votre conjoint. Vous obtenez votre capacité à aimer au pied de la croix du Seigneur Jésus-Christ. Vous l’avez. C’est un don de grâce de Dieu pour vous. Et ainsi vous n’avez pas besoin de regarder vers l’autre personne pour ce qui vous a déjà été donné en Christ.

Oui ! Mais plus précisément, que diriez-vous à un chrétien célibataire, dont la solitude semble plus réelle que la présence de Dieu ?

Ma réponse à quelqu’un qui est tout simplement dépassé par une expérience humaine, que ce soit le célibat, la maladie ou la pauvreté, est d’examiner votre méditation. Ce qui contrôle ma méditation tend à dominer ma pensée et reformulera mes désirs. C’est pourquoi il y a un appel biblique à méditer sur les choses du Seigneur, à méditer réellement sur Dieu lui-même.

Ce que je dirais, c’est que la foi biblique ne vous appelle jamais à nier la réalité. Si vous devez nier la réalité pour obtenir la paix, vous n’exercez pas la foi biblique. Mais si vous vous permettez de méditer sur les réalités troublantes de la chute dans le monde, vous remettez les pieds sur terre. Et ainsi vous faites face à ces réalités, mais vous méditez sur la gloire de Dieu et de cette façon vous pouvez ne plus vous sentir dépassé par cette expérience en question.

Nous devons clôturer ce podcast. Je pourrais parler de la gloire de Dieu pour toujours ; et c’est ce que nous ferons pour toujours ! Mais pour l’instant, nous devons conclure cette émission. Ce faisant, je me souviens de ce que C.S. Lewis a écrit sur la joie. Lewis a dit : « Toute joie accentue notre statut de pèlerin ; elles rappellent, attirent et éveillent toujours le désir. Ce que nous possédons de plus cher est ce que nous désirons. » En un sens, nos joies les plus profondes dans cette vie sont nos désirs. Vous terminez le livre sur l’émerveillement en parlant de ce dernier comme d’un désir. En définitive, même dans notre émerveillement, il y a quelque chose d’insatisfaisant à la fin de la journée, un désir qui demeure. Pouvez-vous expliquer cela ?

Nous sommes tous faits pour l’éternité et je pense que cela signifie que chaque moment de tristesse, de déception, de souffrance ou de peur représente un cri pour un autre et meilleur monde. Chaque moment de joie, de bonheur et de paix est le goût d’un autre monde qui, au plus profond du cœur de tous les êtres humains, représente un désir de paradis – et ce désir du paradis est en son cœur un désir pour Dieu.

J’adore dire ça. Le paradis sera le paradis parce que Dieu sera au milieu de celui-ci pour toujours sans être contesté. C’est ce à quoi nous aspirons. Et chaque jour, d’une manière ou d’une autre, alors que je suis confronté à la fragilité à l’intérieur et à l’extérieur de moi, que je le sache ou non, je crie mon désir de l’éternité. Les émerveillements d’aujourd’hui nous conduisent vers ce moment où nous vivrons dans l’émerveillement ininterrompu de Dieu pour toujours et à jamais. Et même 10 millions d’années passées dans l’éternité ne diminueront pas l’intensité de cet émerveillement.

Je suis ravi que l’on termine sur cette note. Paul, merci de m’avoir accordé votre temps cette semaine !

Merci de m’avoir invité !


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts