Fuyez les illusions de force (Paul Tripp)

Nous sommes honorés d’être joints encore une fois par l’auteur et speaker Paul Tripp sur le podcast Pasteur John vous répond. Il est l’auteur d’un livre fantastique « Sex and Money » (trad. « Le sexe et l’argent »). Dans le livre, vous dites : « quand il s’agit de tentation sexuelle, fuyez cet orgueil qui vous dit que vous êtes plus fort que vous ne l’êtes vraiment » (p. 96). Expliquez-nous cet orgueil qui dit que nous sommes plus forts que nous ne le sommes vraiment lorsque l’on fait face à la tentation sexuelle.

Waw, waw, waw. Je pense que cette question est tellement importante.

Je le dirai de cette façon : généralement, ce n’est pas ma faiblesse qui me cause problème, c’est mes illusions à propos de ma force. La Bible met l’emphase sur la beauté de la grâce de Dieu à l’égard du faible. En fait, vous pourriez dire qu’il n’y a pas dans l’Écriture d’idées d’autonomie humaine ou d’autosuffisance humaine. Je ne suis ni indépendant ni autosuffisant. Et c’était ainsi même dans les conditions d’avant la chute. Adam et Ève n’étaient pas forts au point de ne pas avoir besoin de Dieu. Ils avaient été créés dépendants de Dieu.

On n’aime pas la dépendance. Si vous êtes parent, vous savez que tous ces arguments que vos enfants ont à propos de quoi manger, quoi porter ou encore quand aller se coucher sont plus profonds que ça. Ils disent par ces choses : « Tu ne domineras pas sur moi. Je vais faire mes propres choix. J’établirai mes propres règles. Je suis assez fort et sage que pour faire cela. » Et donc nous nous comportons tous de cette façon d’une manière ou d’une autre. L’on se trompe tous nous-mêmes et pensons que nous sommes plus sages, plus forts, et plus justes que nous ne le sommes vraiment. Et cela nous rend vraiment vulnérables à la tentation, car on ne se prépare pas à la faiblesse et à la folie – on ne pense pas que ces choses existent en nous.

Voici une façon pratique de parler de cette question : je pense que nous sommes appelés à vivre dans un état constant de « spontanéité préparée ». Ce que cela signifie, c’est que je ne connais pas les tentations auxquelles je vais être confronté aujourd’hui parce que je ne suis pas souverain. Je ne suis pas omniscient. Je ne vois pas l’avenir. Mais je connais tout ce que Dieu dit sur le monde déchu et ses dangers, et je connais tout ce que Dieu dit sur le péché qui est dans mon cœur et qui me rend sensible à ces dangers.

Alors je me prépare à ce qui va arriver – même si je ne sais pas ce qui va arriver – afin que quand la chose arrive, je sois prêt. Et la façon dont vous vous préparez est la suivante : prêchez à votre propre cœur une théologie positive de la faiblesse spirituelle couplée à une théologie positive de la grâce suffisante. N’arrêtez jamais de prêcher cela à vous-même. Je vais dire ce que je dis tout le temps : personne n’a plus d’influence dans votre vie que vous, car personne ne vous parle plus que vous-même. Vous êtes dans une conversation constante avec vous-même. Et c’est soit une conversation guidée par l’Évangile qui reconnaît la faiblesse et cherche la grâce, soit une conversation délirante qui encourage les illusions de la force humaine et les illusions de la droiture humaine qui me prépare in fine à la tentation.