L’amour de Paul pour les Corinthiens (John MacArthur)

La douleur physique de Paul était loin d’atteindre le niveau de ses préoccupations pour les Églises qu’il avait fondées. Et aucune Église n’était plus préoccupante que celle de Corinthe.

Une source de souffrances pour Paul

Les Corinthiens étaient une source de souffrance infinie pour Paul. Ils suivaient des faux docteurs. Ils se sont mutinés et rebellés contre lui. Et ils avaient cru à d’horribles mensonges à son sujet. Lors d’une visite à l’église, un homme de l’assemblée se leva et l’accusa ouvertement, et personne ne vint prendre sa défense (voir 2 Co 2.5-8,10). Il quitta la ville, brisé et anéanti, son amour pour eux n’ayant pas été partagé. Les Corinthiens l’ont tellement bouleversé qu’il a dit avoir été abattu (7.6). Il avait été émotionnellement malmené et meurtri par ces personnes.

La relation de Paul avec les Corinthiens rappelle que plus on aime quelqu’un, plus on risque de souffrir. C’est précisément ce que l’apôtre souligne dans 2 Corinthiens 12.15 : « Pour moi, je ferai très volontiers des dépenses, et je me dépenserai moi-même pour vos âmes. En vous aimant davantage, serais-je moins aimé de vous ? » Hélas, c’est fréquemment le cas, et cela pourrait arriver à n’importe lequel d’entre nous. Plus nous aimons quelqu’un, moins il se peut qu’il nous aime en retour.

Paul s’adresse directement aux Corinthiens

Dans le cas de Paul, plus il les aimait, plus il s’adressait directement à eux ainsi qu’à leur péché. Nous n’avons que les deux lettres inspirées de Paul aux Corinthiens. Antérieurement à 1 Corinthiens, l’apôtre leur avait écrit une lettre qui ne se trouve pas dans le canon de l’Écriture ; ensuite il leur a écrit 1 Corinthiens, qui était une lettre très conflictuelle.

Après cela, avant de rédiger 2 Corinthiens, il a écrit une autre lettre qui n’est pas non plus dans le canon. Cette lettre est souvent intitulée la « lettre sévère » (voir 2 Co 2.4 ; 7.8,9), et c’était une mise en garde concernant leur acceptation des faux docteurs. L’Esprit Saint l’a poussé ensuite à écrire 2 Corinthiens, pour aborder une fois de plus la question de leur égarement spirituel et réaffirmer l’authenticité de sa fonction apostolique. Les deux épîtres inspirées que nous possédons disent suffisamment à quel point ces personnes avaient blessé le cœur de l’apôtre et laissé des cicatrices profondes.

D’ailleurs, je crois personnellement que c’est ce à quoi Paul faisait allusion en évoquant l’écharde dans sa chair : « Et pour que je ne sois pas enflé d’orgueil, à cause de l’excellence de ces révélations, ll m’a été mis une écharde dans la chair, un ange de Satan pour me souffleter et m’empêcher de m’enorgueillir » (2 Co 12.7). Il existe un nombre infini de théories spéculatives sur ce qu’était réellement cette écharde dans la chair. Les gens s’interrogent : « Était-ce une maladie des yeux ? La malaria ? Sa belle-mère ? » Je ne pense pas que la réponse devait être aussi compliquée ou déconcertante. Paul lui-même affirme que l’écharde dans sa chair était « un ange de Satan ». Le mot grec traduit par « ange » est angelos, que le Nouveau Testament utilise couramment pour désigner les anges. Et un ange de Satan, c’est un démon.

En somme, Paul dit qu’un démon s’était introduit dans les faux docteurs, les avait conduits dans l’Église de Corinthe et avait déchiqueté cette assemblée. Il avait dressé l’assemblée contre Paul et l’avait détournée de la vraie doctrine. Bien que ce rejet et cette rébellion avaient anéanti Paul, le Seigneur avait permis cette profonde souffrance, car elle humiliait l’apôtre. C’est frappant de voir jusqu’à quel point le Seigneur peut aller pour humilier son serviteur.

Un pieu dans le cœur de Paul

Nous en parlons comme de « l’écharde dans la chair » de Paul, mais le mot grec (skolops) pourrait être traduit plus précisément par « pieu ». Paul ne parlait pas d’une petite irritation extérieure. L’influence démoniaque sur les Corinthiens avait enfoncé un pieu dans le cœur de l’apôtre. Il a été comme empalé par l’agonie de ce qui se passait dans cette Église. Il avait aimé ses membres, et il n’avait reçu en retour que de l’hostilité et de la colère parce qu’ils ne voulaient pas faire face à leurs péchés.

Voilà ce que signifie aimer jusqu’à ce que ça fasse mal. C’est être prêt à servir de manière sacrificielle, à sanctifier et à souffrir. Nous pouvons nous attendre à de la souffrance liée à cette mesure d’amour pour les autres. Mais c’est une souffrance glorieuse, car Dieu l’utilise pour nous affiner à son image et nous aiguiser pour l’œuvre de son royaume.


Cet article est tiré du livre : Demeurez fermes de John MacArthur