Quel est le but de l’alliance mosaïque (Paul R. Williamson)

Dieu établit l’alliance mosaïque immédiatement après la matérialisation de la promesse de délivrance prononcée dans Genèse 15 : les descendants d’Abraham ont été libérés de l’oppression subie dans un pays étranger (voir Ge15.13,14 ; Ex 19.4-6 ; 20.2). Au mont Sinaï, il est moins question de la façon dont les descendants d’Abraham doivent se conduire pour hériter de la Terre promise que de la manière dont ils devront agir une fois qu’ils en auront hérité (Ex 19.5,6). Pour être une nation qui lui appartient, un « royaume de sacrificateurs » et une « nation sainte », Israël doit respecter l’alliance de Dieu en se soumettant à ses exigences (c.-à-d. aux modalités exposées dans Ex 20 – 23). En observant ces exigences, ainsi que celles qui viendraient plus tard au Sinaï, Israël se distinguerait des autres nations et refléterait ainsi la sagesse et la grandeur de Dieu auprès des peuples environnants (voir De 4.6-8).

Ainsi, non seulement les descendants d’Abraham suivraient l’exemple de leur ancêtre (voir Ge 26.5), mais ils deviendraient également les intermédiaires de l’accomplissement des promesses de Dieu (Ge 18.19). Par conséquent, Israël est tenu de respecter le même commandement qu’Abraham : « Marche devant ma face, et sois intègre » (Ge 17.1). Manquer à ce devoir compromettrait la raison d’être même d’Israël, ce que l’incident du veau d’or illustre bien (Ex 32 – 34). Bien que Dieu rétablisse l’alliance après cet incident (Ex 34), on doit voir dans sa décision un acte de grâce plutôt que de justice (34.6,7). De plus, le fait que Dieu réitère par la suite les mêmes exigences concernant l’alliance montre que la responsabilité d’Israël demeure inchangée.

Une lumière pour les nations

En reflétant la sainteté de Dieu (Lé 19.1), Israël mettrait en valeur une théocratie authentique et servirait ainsi de témoin à ceux qui l’observeraient. Par ailleurs, puisque la rébellion humaine menace de compromettre l’objectif ultime de Dieu (c.-à-d. de bénir toutes les nations par la postérité d’Abraham), l’alliance mosaïque comprendrait également les moyens de maintenir cette relation entre Dieu et l’homme, entre Yahvé et Israël : les sacrifices, et particulièrement ceux de la fête annuelle des expiations (Lé 16), qui serviraient à expier les péchés d’Israël et à exprimer de façon symbolique le pardon de Dieu. Ainsi, à l’instar de l’alliance noachique, qui assure la préservation de la vie humaine sur la terre, l’alliance mosaïque assure celle d’Israël, de la grande nation promise à Abraham, en Terre promise. Cet élément est crucial pour la phase à venir dans le cadre de l’accomplissement des promesses de Dieu : l’établissement d’une lignée royale par laquelle la postérité ultime d’Abraham, l’héritier de l’alliance, viendrait un jour (voir Ga 3.16).


Cet article est adapté du livre : « L’essentiel de la théologie chrétienne »