La santé spirituelle découle de la prière (Charles Spurgeon)

Mains en prière

Ne voyez-vous pas, frères, qu’un esprit de véritable et fervente dévotion est le plus sûr indice que nous sommes des fils de Dieu ? Cela étant, ne s’ensuit-il pas tout naturellement que plus nous persévérerons dans la prière, plus nous jouirons de l’assurance de notre salut ? Peut-être quelques-uns ont-ils perdu dernièrement cette glorieuse assurance et la paix qui en découle. Ils ne savent plus s’ils sont, oui ou non, des enfants de Dieu, et les ténèbres emplissent leur âme.

La prière : la source

Frères, voulez-vous savoir où vous avez perdu le témoignage de votre adoption ? Je vais vous le dire : c’est dans le lieu secret. Toutes les fois qu’il y a affaiblissement de vie spirituelle chez un chrétien, soyez sûrs que le mal a commencé là, et pas ailleurs. Je vous parle, hélas ! d’après mon expérience. Souvent je me suis éloigné de Dieu : j’ai perdu pour un temps cette douce saveur de son amour que j’avais goûtée autrefois. J’ai eu à m’écrier dans la tristesse de mon âme : « Le Seigneur m’a-t-il rejeté pour toujours et ne continuera-t- il plus à m’avoir pour agréable ? » 

Je suis monté en chaire, mais j’ai prêché sans feu ni énergie. J’ai ouvert la Bible, mais n’y ai pas trouvé de lumière. J’ai voulu entrer en communion avec Dieu, mais tous mes efforts ont été vains. Et savez-vous quelle était la cause de ce déplorable état spirituel ? J’avais prié avec mollesse et langueur. Oui, frères, me voici devant vous, confessant mon péché. Je reconnais que lorsque mon âme a été en souffrance, j’avais à quelque degré négligé la prière. Chrétiens, voulez-vous être heureux ? Priez beaucoup. Voulez-vous être victorieux du monde ? Priez toujours davantage. Qui cesse de prier, cesse de combattre. C’est la prière qui préserve de la rouille les armes de l’enfant de Dieu.

« Si les douze apôtres eux-mêmes revenaient à la vie, disait un chrétien éminent, et que pour jouir de leurs entretiens vous négligiez les dévotions que vous avez en privé, ils auraient porté le plus grave préjudice à votre âme. » La prière est le navire qui revient au port chargé du plus riche fret. C’est le terrain qui rapporte la plus abondante moisson à celui qui le cultive.

La prière négligée

Frère, tu te plains de ne pas jouir d’une communion plus intime avec Dieu. Mais à qui la faute, je te le demande, si ce n’est à toi, à toi, qui le matin prends à peine le temps, avant de courir à tes affaires temporelles, de prononcer à la hâte deux ou trois mots de prière et qui, rentrant le soir fatigué de corps et d’esprit, n’as à consacrer à Dieu que les instants de rebut de ta journée ? 

Et ce que je dis aux individus, je le dis également aux églises. Si aujourd’hui il y a si peu de vie dans le troupeau, c’est parce qu’il n’y a pas plus de prières. Pour mon compte, j’ai la plus triste opinion des églises qui ne prient pas. Si je vais le dimanche dans les lieux de culte, je vois parfois des auditoires considérables ; mais si je vais dans la semaine aux réunions de prières, je n’y trouve qu’une douzaine de personnes. Dieu peut-il nous bénir et répandre son Esprit sur nous tant que les choses sont en cet état ? Sans doute, il pourrait le faire, mais ce ne serait pas selon l’ordre dans lequel il agit d’ordinaire, car il dit expressément à Sion qu’elle enfantera des fils quand la surprendront les douleurs de l’enfantement (cf. Esaïe 66:8)

Changeons les choses

Frères, emportez dans votre coeur la pensée qu’il nous faut plus de prières. Allez et dites à votre pasteur que son troupeau ne prie pas assez. Engagez vos amis à prier avec vous. Même si vous deviez être seul, établissez vos réunions de prière et, si on vous demande combien de personnes y assistent, répondez sans hésiter : « Nous étions quatre, car avec moi il y avait Dieu le Père, Dieu le Fils et Dieu le Saint-Esprit, et nous avons goûté ensemble d’une communion riche et intime. »

Si les églises ne répandent pas devant le Seigneur comme des flots de supplications, je ne sais en vérité ce qu’il adviendra d’elles. Puisse le Seigneur nous réveiller tous, et nous exciter à crier vers lui, car alors la victoire sera à nous. Qu’il plaise à Dieu, frères, que je puisse en cet instant même ranimer par ma parole dans votre coeur la flamme vacillante de la prière, en sorte que vous alliez chacun de votre côté, incendier pour ainsi dire vos familles, vos églises, vos alentours, jusqu’à ce qu’enfin l’Église de Christ tout entière, gagnée de proche en proche par ce saint embrasement, s’offre à Dieu en sacrifice vivant et saint, fasse monter vers son trône comme une fumée d’adorations et de louanges !

La prière, une preuve du salut

En résumé, si vous priez, vous avez dans ce fait même un preuve que vous êtes chrétiens. Moins vous priez, plus vous avez de raison de suspecter votre foi chrétienne, et si vous avez eu le malheur de renoncer complètement à la prière, c’est un signe que votre âme a cessé de respirer, ou plutôt qu’elle n’a jamais eu le souffle de la vie.


Cet article est tiré du livre : Le choix est devant toi de Charles Spurgeon