La puissance et la plénitude du Dieu unique (Jonathan Leeman)

Une discussion doctrinale digne de ce nom à propos de Dieu doit inclure plusieurs aspects, notamment le fait que Dieu est omnipotent, éternel, omniprésent, immuable, omniscient, pleinement spirituel et indivisible. Elle doit également aborder ses attributs moraux tels que sa bonté, sa justice, sa véracité, sa droiture, et bien d’autres vertus encore. C’est une façon de parler de la nature de Dieu ou de la nature de ses attributs. Dans l’espace limité qui nous est alloué, nous examinerons de près plusieurs attributs qui nous aideront vite à comprendre ce qui est la chose la plus difficile à saisir aujourd’hui, à savoir le fait que Dieu est un Roi devant lequel nous devons nous prosterner. Il est un Roi dont le pouvoir, la sainteté, l’amour et la gloire n’ont pas leur pareil.

Nous vivons à une époque obsédée par la question des droits et décidée à les faire valoir. Nous sommes réfractaires à l’autorité. Pour nous, la réalité gravite autour de nous comme si nous étions le centre du système solaire. Il n’est pas difficile de comprendre l’attrait qu’exerce un Dieu « Superman ». Superman est un personnage héroïque et passionnant ; il a pour avantage d’être à notre service et d’exiger très peu en retour. Or, que penser si Dieu est vraiment quelqu’un capable de détruire l’humanité entière par un déluge ? Ou s’il est une personne qui inspire la crainte et devant laquelle nous devons automatiquement nous prosterner face contre terre ? Cela ne va-t-il pas toucher toutes choses, comme si un nouveau soleil apparaissait dans le système solaire ? Cela ne changera-t-il pas notre façon de considérer le péché, de définir l’amour et d’évaluer notre importance ?

Commençons par les premières paroles de la Bible : « Au commencement, Dieu créa les cieux et la terre » (Ge 1.1). Qui est le sujet ? Dieu. Le récit de la création concerne avant tout Dieu. Toute l’histoire biblique s’articule autour de Dieu. L’histoire de notre vie pareillement. Dieu en est le personnage principal.

Dieu est tout-puissant. Rien n’existait. Puis, des choses sont venues à l’existence. Dieu est éternel. Il existait « avant » le commencement. Dieu se suffit complètement à lui-même. Il a tout créé dans l’atelier de sa pensée. Comme l’a joliment dit un auteur : « Si vous voulez faire une tarte aux pommes à partir de rien, vous devez d’abord inventer l’univers1. » C’est ce que Dieu a fait.

La prise de conscience de la puissance et de la plénitude autosuffisantes de Dieu devrait nous fermer la bouche chaque fois que nous sommes tentés de penser que Dieu nous doit quelque chose ou que nous pouvons lui apporter une chose supplémentaire. Voici comment l’apôtre Paul interprète Genèse 1 : « Le Dieu qui a fait le monde et tout ce qui s’y trouve, étant le Seigneur du ciel et de la terre, n’habite point dans des temples faits de main d’homme ; il n’est point servi par des mains humaines, comme s’il avait besoin de quoi que ce soit, lui qui donne à tous la vie, la respiration, et toutes choses » (Ac 17.24,25 ; voir aussi Ps 50.10-12).

Dieu ne nous doit rien. Il ne se laisse pas manipuler par nos requêtes, nos revendications ou nos vantardises. Il ne nous est redevable de rien, et nous n’avons aucun droit indépendant de lui. Nous n’avons rien à lui apprendre, comme si le vase pouvait donner des leçons au potier. Celui-ci fait et défait le vase comme il lui plaît. Dieu est le Roi Créateur, et il est préférable de garder le silence en sa présence : « Ne te presse pas d’ouvrir la bouche, et que ton cœur ne se hâte pas d’exprimer une parole devant Dieu ; car Dieu est au ciel, et toi sur la terre : que tes paroles soient donc peu nombreuses » (Ec 5.1) ; « Que toute la terre fasse silence devant lui ! » (Ha 2.20).

La découverte de la puissance et de la plénitude autosuffisantes de Dieu procure un grand soulagement. Elle signifie que nous n’avons pas à nous éreinter pour le rassasier ou pour satisfaire le vieillard grincheux. Le Roi de l’univers est infiniment heureux ; le connaître, c’est donc se dorer à son soleil. Cette découverte nous enseigne également que le salut est gratuit, acquis par la foi. Si Dieu est pour nous, toutes les ressources de sa puissance et de sa plénitude le sont également.

Mais Dieu est-il pour nous ?

1 Carl Sagan, Cosmos, New York, Random House, 1980, p. 218 (traduction libre).

Cet article est un extrait de Introduction à la théologie évangélique édité par Kevin DeYoung