La parabole des deux serviteurs (John MacArthur)

Dans ce trio, il y a d’abord une histoire qui oppose deux serviteurs : l’un est « fidèle et prudent », l’autre « méchant » (Mt 24.45,48). La nature profonde du serviteur méchant se révèle rapidement dès que son maître est appelé à s’éloigner pour un temps. Il se dit que le maître ne va pas revenir de si tôt. Cette pensée bannit de son esprit toute notion de responsabilité, et le serviteur mène une vie débridée :

Quel est donc le serviteur fidèle et prudent, que son maître a établi sur ses gens, pour leur donner la nourriture au temps convenable ? Heureux ce serviteur, que son maître, à son arrivée, trouvera faisant ainsi ! Je vous le dis en vérité, il l’établira sur tous ses biens. Mais, si c’est un méchant serviteur, qui dise en lui-même : Mon maître tarde à venir, s’il se met à battre ses compagnons, s’il mange et boit avec les ivrognes, le maître de ce serviteur viendra le jour où il ne s’y attend pas et à l’heure qu’il ne connaît pas, il le mettra en pièces, et lui donnera sa part avec les hypocrites : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents (Mt 24.45‑51).

Le contraste entre les deux serviteurs est volontairement forcé. Le serviteur fidèle et prudent comprend que l’absence de son maître accroît le fardeau de ses responsabilités. Il devra travailler plus dur et être plus consciencieux que jamais, sachant qu’à la fin, il devra rendre compte. Que le maître revienne tôt ou tard, le serviteur prudent désire être trouvé en train de s’acquitter patiemment de ses devoirs. Mais le méchant serviteur voit dans l’absence du maître une occasion de s’amuser. Il jette par-dessus bord toutes les contraintes et se dérobe à toutes ses responsabilités. Il s’adonne à tout ce vers quoi son cœur mauvais l’incline, tout simplement parce qu’il n’y a personne pour le surveiller et qu’il a perdu toute notion de responsabilité.

Lors de son retour inopiné, le maître récompense le serviteur fidèle au-delà de tout espoir. Il est promu tout de suite à la position suprême d’autorité et d’honneur. Il bénéficie de privilèges qui ressemblent à ceux du maître lui-même. C’est l’illustration des récompenses éternelles accordées à tous les chrétiens fidèles. Ils régneront avec Christ dans son royaume (2 Ti 2.12 ; Ap 20.6). Ils sont ses cohéritiers et ils seront glorifiés avec lui (Ro 8.17). Ils occuperont dans les cieux une position d’honneur et de récompense insondables. Ils s’assiéront avec lui sur son trône (Ap 3.21).

Le méchant serviteur représente, lui, l’incroyant fourvoyé qui s’est identifié à l’Église et croit servir le Maître. En réalité, il n’aime pas le Maître et n’attend pas son retour. Il ne croit d’ailleurs pas à son retour, en tout cas pas à son retour prochain. Il se dit « en lui-même : mon Maître tarde à venir » (Mt 24.48, italiques pour souligner). Son manque de foi enhardit son inconduite.

Le retour effectif du maître – un retour soudain et plus tôt que prévu – expose aussitôt le méchant serviteur pour ce qu’il est réellement. Son châtiment est aussi sévère que la récompense du premier serviteur était généreuse. Il est mis « en pièces » (v. 51) – ce qui est évidemment fatal. Mais ce n’est pas la fin pour lui. Sa part (dans la vie à venir) sera « avec les hypocrites : c’est là qu’il y aura des pleurs et des grincements de dents ». Ce langage s’applique à l’enfer, ce qui nous permet d’identifier cet homme à un incroyant.

Les disciples étaient familiarisés avec l’expression « des pleurs et des grincements de dents », car Jésus l’avait déjà utilisée plusieurs fois pour décrire la tristesse et les regrets angoissants des âmes en enfer (Mt 8.12 ; 22.13 ; Lu 13.28). Elle revêt la même signification ici. L’attitude cynique du méchant serviteur à propos du retour de son maître s’apparente à l’incrédulité ; or, « celui qui ne croit pas est déjà jugé » (Jn 3.18). Cela montre à quel point celui qui se moque de la promesse du retour de Christ commet un grave péché (2 Pi 3.3,4).

La grâce qui nous sauve nous enseigne aussi « à renoncer à l’impiété et aux convoitises mondaines, et à vivre dans le siècle présent selon la sagesse, la justice et la piété, en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire de notre grand Dieu et Sauveur Jésus‑Christ » (Tit 2.12,13). « Encore un peu, un peu de temps, celui qui doit venir viendra, et il ne tardera pas » (Hé 10.37). Dans le livre de l’Apocalypse, Jésus réitère plusieurs fois la promesse : « Je viens bientôt » (Ap 3.11 ; 22.7,12,20).

Telle est la leçon que cette parabole met en exergue. Le retour de Christ est imminent, il peut se produire à tout instant : « Le Seigneur est proche » (Ph 4.5). « L’avènement du Seigneur est proche… voici, le juge est à la porte » (Ja 5.8,9). Rien ne fait obstacle au retour immédiat du Seigneur ; l’Écriture nous enseigne constamment que nous devons être prêts, dans l’attente, occupés, obéissants, loyaux, bien préparés, comme le serviteur fidèle et prudent de la parabole « puisque vous ne savez pas quel jour votre Seigneur viendra » (Mt 24.42).

Cet article est tiré du livre Paraboles de John MacArthur.