Jeûner pour les débutants (David Mathis)

Vous êtes probablement parmi les chrétiens qui jeûnent rarement, voire qui n’ont jamais jeûné. Ce n’est pas faute d’avoir rencontré ce mot lors de votre lecture de la Bible, ni d’en avoir entendu parler dans les messages de vos pasteurs, ou même d’en avoir l’envie. Nous ne prenons tout simplement pas le temps de déposer sa fourchette.

Le problème se situe en partie dans le fait que nous vivons dans une société où la nourriture est tellement omniprésente que nous ne mangeons pas seulement quand nous n’en avons pas besoin, mais même parfois quand nous ne voulons pas. Nous mangeons, entre autres, pour nouer ou bâtir des relations, pour partager un repas (de très bonnes raisons) ou tout simplement, dans certains cas pour fuir nos responsabilités.

C’est sans compter nos désirs de confort qui nous éloigne de l’inconfort associé au jeûne.

Pas si vite

 Le jeûne consiste à faire délibérément abstinence de nourriture (ou de tout cadeau de Dieu dont nous bénéficions régulièrement) afin d’en retirer un bénéfice spirituel. C’est profondément contre-culturel dans notre société de consommation, comme la chasteté avant le mariage.

Si nous devons réapprendre cet art perdu, il faudra pour un temps mettre au placard ce que le monde nous enseigne, et plonger dans nos Bibles. Le constat sera alors sans équivoque : on ne se posera plus la question s’il faut jeûner, mais bien quand jeûnerons-nous la prochaine fois ? Jésus ne doute pas que ses disciples jeûneront, mais croit plutôt qu’ils le feront. Il ne dit pas « si », mais « quand vous jeûnez » (Mathieu 6 :16). Il ne dit pas que ses disciples jeûneront peut-être, mais qu’ils le feront. (Mathieu 9 :15)

Si nous appliquons cette discipline dans notre vie, c’est que nous avons foi en la vie après la mort. Pourquoi s’empresser de jouir de ce monde, s’il nous est réservé tant de bénédictions dans l’autre? Nous nous privons de ce que nous voyons et savourons dans cette vie, car nous avons déjà goûté et vu la bonté du Dieu invisible et infini, et nous avons désespérément faim de plus de lui.

Une mesure radicale, mais temporaire

Le jeûne est applicable dans cette vie, afin que nous apprenions à nager en dehors de l’eau pour respirer l’air frais au-delà de la misère et les douleurs de ce monde. Nous nous en servons comme arme pour défaire le péché, et pour surmonter nos propres faiblesses. C’est un moyen d’exprimer toute l’insatisfaction que nous ressentons de notre condition de pêcheur en même temps que notre désir de plus de Christ.

Au retour du Christ, le jeûne sera alors lettre morte. Le recours au jeûne est temporaire et s’applique à notre âge, pour augmenter la joie que nous avons en Jésus, et afin de préparer nos cœurs pour la prochaine vie – où nous Le verrons face à face. Lors de Son retour, Il ne commandera pas un jeûne, mais nous conviera à Son banquet, au repas de l’Agneau. Toute juste abstinence que nous aurons faite jusqu’alors aura rempli son but, et sera considérée par tous comme un beau cadeau.

En attendant, nous jeûnons.

Comment jeûner ?

Ne nous leurrons pas, la pratique du jeûne est exigeante, et plus facile à dire qu’à faire. Les humeurs qui résultent de la privation, ne serait-ce que d’un repas, sont bien étonnantes. Nombreux sont les apprentis jeûneurs qui, dans un élan d’idéalisme, ont décidé de sauter un repas pour s’apercevoir les faisait compenser avant même le prochain.

Le jeûne, en apparence si simple, se bute au monde, à la chaire et au Diable, ce qui pourrait nous rendre la tâche impossible. Ainsi, pour faciliter vos premiers pas, voici six astuces. Nous souhaitons notamment que ces conseils servent aux personnes pour qui la pratique du jeûne est nouvelle, ou celles qui ne l’ont jamais essayé sérieusement. 

  1. Commencez en douceur

Si vous n’avez jamais jeûné, ne vous fixez pas un objectif inatteignable (ex. jeûner pendant une semaine). Commencez plutôt par un repas. Sautez un repas par jour durant plusieurs semaines. Puis, essayez d’en sauter deux, puis progressez jusqu’à une journée complète de jeûne. Pensez éventuellement à faire un jeûne de deux jours en buvant du jus de fruit.

Un jeûne de jus consiste à se priver de nourriture et de boisson, exception faite de l’eau et du jus. Se permettre le jus vous offrira les nutriments et le sucre qui sont nécessaires pour demeurer fonctionnels, tout en gardant la sensation de jeûne. Il n’est pas recommandé que vous vous absteniez d’eau pour un jeûne, quelle qu’en soit la durée.

  1. Comblez votre emploi du temps pour tromper la faim

L’acte de jeûner ne se résume pas à une simple privation de nourriture. Il constitue également une discipline spirituelle pour trouver la face de Dieu. Ce qui signifie qu’il faut investir le temps que nous passions à manger dans un autre dessein. Durant une bonne partie de la journée, nous sommes attablés devant une assiette. Par conséquent, une des composantes du jeûne est le temps qu’il libère pour la prière et la méditation de la Parole de Dieu, ou encore pour rendre témoignage de l’amour fraternel les uns envers les autres.

Avant de vous lancer dans le jeûne, tracez quelques lignes directrices, un plan. Tentez de le lier au motif pour lequel vous jeûnez. Un jeûne devrait toujours découler d’un dessein spirituel précis. Identifiez le motif en question, et déterminez une orientation, pour combler les cases de votre horaire qui se libéreront. Sans dessein ni plan, votre jeûne n’est plus une pratique chrétienne, c’est tout bonnement la famine.

  1. Considérez en quoi votre jeûne affectera les autres

Jeûner ne donne pas la permission d’être désagréable. Il serait dommage que vous manquiez de considération pour les autres et d’attention à leurs sensibilités à cause d’une pratique si bien intentionnée, à savoir se rapprocher de Dieu. L’amour que vous portez à Dieu et l’amour que vous portez aux autres vont de pairs. Le jeûne digne de ce nom mêle les dimensions horizontale et verticale. Les personnes devraient au contraire sentir que nous les aimons davantage, et que nous nous soucions d’eux.

Alors que vous planifiez votre jeûne, réfléchissez à comment cela pourrait affecté les autres. S’il est dans vos habitudes de dîner avec des collègues, de souper en famille ou entre colocataires, évaluez alors les conséquences de votre abstinence et prévenez votre entourage à l’avance, au lieu de vous en cacher et de leur laisser savoir uniquement la journée ou au moment même du jeûne.

Aussi, prévalez-vous des occasions qui surviennent de manière impromptue. Si vous dinez régulièrement avec un groupe d’ami ou votre famille, lorsque ces derniers devront s’en excuser pour une raison ou une autre, plutôt que de manger seul, tirez-en profit en jeûnant.

  1. Essayez plusieurs types de jeûne

Le jeûne est plus traditionnellement pratiqué en solitaire, de manière privée, et partielle, mais dans la Bible, il se décline de différentes façons : personnelle ou communautaire, privée ou publique, de concert avec la congrégation ou à l’échelle nationale, régulièrement ou occasionnellement, complètement ou partiellement.

Considérez également le jeûne en famille, en petit groupe, ou avec votre église. Votre volonté de rechercher et discerner la sagesse et la direction du Seigneur se recoupe-t-elles ? Éprouvez-vous des difficultés en église, ou en société qui nécessitent une intervention divine ? Voulez-vous garder à l’esprit la seconde venue du Christ ? Joignez vos frères dans cette attitude fervente afin obtenir l’aide de Dieu.

  1. Jeûnez en vous privant dautre chose que de nourriture

Sauter un ou des repas n’est pas à la portée de tous. Certaines personnes des plus dévouées en sont empêchées par des problèmes médicaux. Toutefois, le jeûne ne se limite pas à la nourriture. Comme le disait Martin Lloyd-Jones : « Notre pratique du jeûne devrait également comprendre labstinence de toute chose légitime en soi, au profit particulier dun dessein spirituel».

Si vous jugez qu’il soit plus sage, compte tenu de votre condition de santé, de ne pas vous abstenir de nourriture, rabattez-vous plutôt sur un jeûne de télévision, d’ordinateur, des réseaux sociaux, ou de n’importe quel plaisir de sorte à trouver plus de contentement en Jésus. Dans l’une de ses épîtres, Paul fait même allusion aux couples qui se privent de relations intimes « Ne vous privez point l’un de l’autre, si ce n’est d’un commun accord pour un temps, afin de vaquer à la prière ; puis retournez ensemble, de peur que Satan ne vous tente par votre incontinence. » (1 Corinthiens 7 :5)

  1. Ne pensez pas à l’éléphant dans la pièce!

Lorsque votre estomac émettra ses premiers gargouillements et enverra au cerveau tous les types de signaux « Nourris-moi » possibles, empêchez-vous d’y penser. Si vous achevez la journée sans avoir succombé, secouru par une volonté de fer qui dit non à votre estomac, mais vous ne détournez pas votre attention sur quelque chose d’autre, cela en dit plus sur votre amour pour la nourriture que sur votre amour pour Dieu.

Le jeûne proprement chrétien dévie son attention sur Jésus ou d’autres grandes causes, chères à Christ, dans ce monde. Le jeûne chrétien sublime les douleurs de la faim en hymne éternel, qu’il s’agisse de lutter contre le péché, de plaider pour le Salut de quelqu’un, pour la cause de l’avortement, ou encore pour désirer davantage Jésus.

Cet article est une traduction française de « Fasting for Beginners » par David Mathis écrite par Fred Harding. Merci pour la traduction !