Jésus, le «garant d’une alliance plus excellente» (Thomas Goodwin)

Le garant de la nouvelle alliance

Jésus a été fait « le garant d’une alliance plus excellente » (Hé 7.22), c’est-à-dire de celle qui est appelée la « nouvelle », ou qui a succédé à l’alliance mosaïque de laquelle l’apôtre cherche à détacher les Hébreux. La garantie de cette dernière reposait sur l’observation des institutions données par Moïse au peuple d’Israël, et les bénédictions qui leur avaient été promises devaient être le fruit de l’obéissance des créatures qui avaient consenti à y entrer, comme nous le voyons dans une foule de passages du Lévitique et du Deutéronome.

Mais la loi étant sans force face à la corruption de l’homme, une bénédiction réelle ne pouvait surgir pour ce dernier d’une alliance légale, ou dans laquelle Dieu traite avec sa créature sans aucun égard à la déchéance de cette dernière (déchéance dont il n’est point la cause), et lui propose des conditions qui doivent être accomplies pour que Dieu remplisse celles qu’il s’est lui-même imposées. Aussi Dieu ayant résolu de glorifier des pécheurs, il n’est point entré primitivement en relation avec eux, mais leur a établi un chef, uni d’une manière ineffable à leur nature et à la sienne, dans une seule personne qui s’est volontairement engagée à remplir en leur lieu et place toutes les conditions exigées pour leur glorification, c’est-à-dire : d’un côté, à obéir à toute la loi de Dieu ; de l’autre, à souffrir la peine de toute transgression de cette loi sainte.

La garantie de la nouvelle alliance

C’est ainsi que Jésus est devenu le garant ou la caution de cette assemblée de pécheurs que Dieu, dans son bon plaisir, a de tout temps souhaité amener à une intime participation aux joies du ciel. Il s’est porté caution solidaire, envers le Père qui les avait choisis, du plein et entier accomplissement des choses auxquelles devait être attaché leur droit d’entrée dans le royaume céleste ; c’est là ce qui a été la cause de son incarnation, de sa mort et de son retour à une vie nouvelle.

Présenter à Dieu cette garantie représentait plus que s’offrir purement comme médiateur ou intercesseur, car ces charges n’impliquent pas obligatoirement l’obéissance ou la souffrance, tandis que Jésus a pris sur lui-même ces deux charges à notre place, et que les deux autres n’en sont que les suites ou la conséquence. Même Christ, comme garant (ou caution), s’est engagé à plus qu’on ne le fait ordinairement au milieu des hommes lorsque l’on s’impose cette obligation. En effet, en cas d’emprunt par exemple, on saisit d’abord le débiteur et ensuite la garantie ; tandis que Jésus, dans son grand amour, a pris la chose entièrement à sa charge, à tel point que la justice de Dieu n’a plus de recours contre nous.

La consolation de l’alliance de grâce

C’est ce fait plein de consolation que Paul établit (2 Co 5.19,21) et qui assure la fermeté de l’alliance de grâce, la sûreté de la justification du croyant, et en même temps la grandeur de l’amour de Dieu envers les pécheurs. Là nous voyons que « Dieu était en Christ, réconciliant le monde avec lui-même ». De quelle façon ? « Celui qui n’a point connu le péché, il l’a fait devenir péché [sacrifice pour le péché] pour nous, afin que nous devenions en lui justice de Dieu. » Notre péché a été imputé, ou attribué à Christ ; il en a été chargé, et ainsi nous en sommes déchargés. La justice de Dieu, s’étant exercée sur lui comme s’il eût été le seul pécheur, reste impuissante à l’égard des croyants, sinon pour concourir, en accord avec la grâce, à les sauver et à les bénir.

L’apôtre nous prêche les mêmes doctrines (Ro 5.6-10 ; Col 1.19-22). Ici, comme on le voit, Christ est une caution plénière ; et c’est avec lui seul que traite notre céleste Créancier. Nous n’y avons aucune part, Christ s’étant chargé de tout. La teneur de l’alliance n’est pas que Christ ou nous-même aurons à satisfaire aux exigences de la loi divine. En réalité, tout retombe sous la responsabilité de celui qui a dit : « Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande [de la part de l’homme, bien entendu] […] Alors j’ai dit : Voici, je viens (dans le rouleau du livre il est question de moi) pour faire, ô Dieu, ta volonté » (Hé 10.5-7).

Une confiance triomphante

Si maintenant nous considérons Jésus ressuscité sous ce caractère de garant (ou de caution), nous y trouverons un premier et solide argument pour justifier la confiance triomphante que Paul exprime dans les paroles que nous méditons. C’est déjà un grand sujet de consolation pour un pécheur croyant que d’apprendre l’arrestation et le jugement de celui que le Père a agréé comme répondant de la dette de l’homme (És 53.8). Au moins a-t-il l’espoir que son garant ayant été saisi et mis en prison, il sera libéré de toute poursuite, car il sait quelle est l’excellence de ce garant, et quel est le sang qui a coulé pour son offense.

Mais Jésus s’est-il acquitté de sa charge à la satisfaction de ce Dieu dont les droits, à l’égard des pécheurs, sont inaliénables ? La grâce et la paix, retenues dans le sein du Très-Haut par les saintes et sacrées exigences de sa justice, peuvent-elles couler comme un fleuve et inonder de leurs bienfaisantes eaux les consciences souillées par le péché ? Est-il effectivement prouvé que, dans la mort de Christ, Dieu a respiré une odeur d’apaisement et a dit comme à l’époque de Noé : « Je ne maudirai plus la terre » (Ge 8.21) ? C’est à quoi répond la résurrection du garant de la nouvelle alliance.

Christ apparaîtra une seconde fois

Aussi, afin de consoler les fidèles, Paul leur assure que « Christ, qui s’est offert une seule fois pour porter les péchés de beaucoup d’hommes, apparaîtra sans péché une seconde fois à ceux qui l’attendent pour leur salut » (Hé 9.28). Ce qui doit réjouir ici les fidèles, c’est que leur garant est vivant puisqu’il apparaîtra, mais aussi qu’il a ôté le péché puisqu’il sera vu sans péché. Cependant, l’instruction importante à recevoir ici, c’est que l’assurance du salut final dépend du fait que Jésus soit sans péché, et que nous comprenions comme une chose certaine qu’il est réellement et entièrement déchargé de la peine que nous avons encourue.

Or le voir encore mort et enseveli ne nous suffit pas pour cela, puisque la mort est le gage du péché, comme la prison est la demeure du garant qui n’a pas satisfait au paiement d’une dette. Il faut donc quelque chose de plus que la croix et le tombeau de Christ pour pacifier pleinement la conscience, et nous assurer qu’il n’y a plus maintenant aucune condamnation pour nous.

Jésus a subi toutes les conséquences

Or, ce qu’il nous faut de plus, nous le trouvons dans la résurrection, en même temps que l’une des raisons du « bien plus » mentionné par l’apôtre. Jésus, étant sorti du tombeau où l’avait enfermé le jugement de Dieu, et ayant repris cette vie qu’il avait donnée pour ses brebis, prouve incontestablement qu’il a subi toutes les conséquences et porté la peine du péché ; comme la libération d’un garant prouve de manière évidente qu’il n’y a plus lieu pour lui d’être poursuivi pour dette. Dieu ayant saisi, condamné et fait descendre le corps de son bien-aimé dans la tombe et son âme dans le lieu invisible,

Jésus ne devait sortir de cette demeure qu’après avoir tout payé jusqu’à la dernière pièce. Les chaînes de la mort l’auraient lié, le joug de nos iniquités l’aurait tenu serré (Ac 2.24 ; La 1.14) et la main de fer de sa première malédiction – « le jour où tu en mangeras, tu mourras certainement » (Ge 2.17) – l’aurait enfermé de nouveau dans les profondeurs du sépulcre s’il avait tenté d’en sortir avant d’avoir entièrement bu la coupe qui lui était réservée.

Christ ne pouvait s’échapper de prison, lié qu’il était, non seulement par l’amour, mais encore par la colère de Dieu. Toutefois, s’il est vraiment ressuscité, quelle conclusion en tirer, sinon que tout est accompli, que la loi est satisfaite ; l’obligation qui était contre nous, annulée ; la malédiction ôtée et la mort détruite ? Comment en douter après une pareille victoire et ne pas se joindre au chant de triomphe de l’apôtre des non-Juifs, qui, après avoir parlé de l’aiguillon de la mort qui est le péché, aiguillon brisé par la victoire du Fils de l’homme sur le sépulcre, s’écrie : « [Grâces] soient rendues à Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ ! » (1 Co 15.57.) Oui, le croyant est maintenant libre en son chef et son garant. Il en a fini avec le collecteur et le créancier qui le saisissait impitoyablement à la gorge en lui disant : « Paie ce que tu me dois » (Mt 18.28).

Il s’est soumit au juste jugement

Non seulement Christ « a porté lui-même nos péchés en son corps sur le bois » (1 Pi 2.24), non seulement il s’est soumis au juste jugement de Dieu pour détourner ce courroux de l’âme des pécheurs qu’il voulait sauver, subissant ainsi à leur place la sentence portée contre les mauvaises œuvres et payant l’amende encourue par les transgresseurs ; mais, après avoir souffert, il s’est montré vivant à son Église ; après avoir été enfermé dans le plus horrible des bagnes, vêtu du costume des condamnés, il en est sorti avec de nouveaux vêtements, laissant dans son sépulcre les linceuls qui enveloppaient son cadavre.

Ainsi, il est évidemment acquitté ; la loi est muette devant lui, l’accusateur est réduit au silence, son bâton s’est brisé sur les épaules de l’homme puissant, et les croyants, recueillant les fruits de cette œuvre, peuvent répéter avec Paul : « Qui les condamnera ? Christ est mort ; bien plus, il est ressuscité… »


Cet article est tiré du livre : « Le triomphe de la foi justifiante » de Thomas Goodwin