Comment un pasteur peut-il conseiller un couple ayant vécu récemment une fausse couche ? (Brian Croft)

Il y a un peu plus de onze ans, ma femme et moi avons perdu notre deuxième enfant suite à une fausse couche. Depuis ce temps, Dieu, dans sa grande providence, nous a donné plusieurs occasions de conseiller les couples ayant vécu ce genre de perte. Bien qu’il y ait de nombreux cas de fausses couches, il est surprenant de voir à quel point les gens, aussi bien intentionnés soient-ils, ne sont pas préparés pour prendre soin de ceux qui ont perdu leur bébé de cette façon. Voici quelques conseils pour ceux qui veulent accompagner efficacement un couple ayant vécu récemment une telle perte et comprendre sa douleur.

  1. Comprenez la gravité de cette perte.

Généralement, nous avons une tendance naturelle à essayer de minimiser l’impact de la perte. C’est ce que nous faisons lorsque nous disons des choses comme : « Ne t’en fais pas, ça arrive souvent » ou « C’est une bonne chose que cela ne soit pas arrivé plus tard pendant la grossesse ». Malheureusement, ces commentaires, au lieu d’être utiles, vont souvent avoir pour effet de diminuer la gravité de la perte vécue. Pour bien s’occuper d’une femme qui a vécu une fausse couche, il faut reconnaître la gravité de sa perte et comprendre que sa peine est légitime.

  1. Encouragez le mari et la femme à faire leur deuil.

Quelques instants après que ma femme et moi avons appris que nous avions perdu notre bébé, mon père (un médecin de famille) nous a demandé de nous asseoir et nous a expliqué à quel point il était important que nous fassions le deuil de cet enfant. Cela me paraissait étrange parce que l’enfant n’était pas encore né. Nous n’avions pas connu l’enfant comme ce fut le cas pour notre premier-né. Toutefois, mon père nous a expliqué à quel point il était important que nous parlions quand même de la manière dont l’enfant aurait pu se comporter ou à qui il aurait pu ressembler. Il nous a exhortés à accepter notre tristesse et à pleurer la perte de cet enfant, comme nous le ferions pour toute autre perte majeure affectant notre vie. Nous avons été soulagés que quelqu’un nous dise que nous avions le droit de faire notre deuil, et même que c’était préférable. C’était essentiel pour nous de faire face à cette perte pour aller de l’avant.

  1. Informez le mari sur la manière dont il doit prendre soin de sa femme.

Les maris peuvent manquer de discernement dans leur façon de prendre soin de leur femme. Le mari a deux rôles importants à jouer. Premièrement, demandez-lui d’être patient envers sa femme pendant qu’elle gère son deuil. En plus d’avoir à gérer émotionnellement cette perte, celle-ci doit inévitablement faire face aux traces physiques accompagnant cette réalité. De nombreuses femmes doivent subir une procédure médicale appelée « DC » (dilatation-curetage) qui permet d’enlever les restes du bébé qui peuvent ne pas avoir été expulsés naturellement. Les femmes vivent aussi des changements hormonaux qui accompagnent la grossesse, et ceux-ci peuvent durer assez longtemps lorsque le corps rejette le fœtus. Deuxièmement, exhortez le mari à permettre à sa femme de le voir faire son deuil. Pour ma part, j’ai échoué parce que j’essayais d’être fort pour ma femme, alors que celle-ci avait vraiment besoin de savoir que moi aussi j’étais triste de cette perte.

  1. Affirmez la souveraineté de Dieu dans cette perte.

Nous recevons rarement des réponses aux questions que nous nous posons devant une telle perte, mais nous devrions toujours amener les couples chrétiens à fixer leurs regards sur Christ en leur rappelant que Dieu est toujours souverain et bon, même au milieu de cette perte. À travers la souffrance, Dieu continue d’accomplir ses desseins bons et parfaits à l’égard de ce couple. Lorsque nous vivons une perte, nous devons faire confiance au plan parfait de notre Dieu souverain qui réconforte son peuple lorsqu’il est affligé. Lisez des passages de l’Écriture qui vous aideront à confirmer cette vérité (2 Co 1.3-7 ; Ja 1.2-4 ; Ps 46 ; 139).

  1. Préparez le couple à une nouvelle manière de servir les autres.

Dieu utilise d’une manière spéciale les couples ayant connu les circonstances particulières de la perte d’un enfant pour réconforter d’autres couples qui passent par des difficultés semblables. Les meilleures personnes pour s’occuper de celles qui ont fait une fausse couche sont celles qui en ont fait elles-mêmes l’expérience. Dieu nous l’a rappelé à maintes reprises, à ma femme et à moi. Rappelez-le aussi au couple en difficulté que vous suivez et dites-leur que Dieu est peut-être en train de les préparer à faire ce travail plus tard. Même la perte qu’ils vivent n’échappe pas à la promesse que toutes choses contribuent au bien de ceux qui aiment Dieu (Ro 8.28).

Pasteurs, gardez-vous d’ignorer involontairement la gravité de cette perte. Il s’agit d’une expérience réelle et douloureuse. Il faut du temps pour qu’un couple puisse faire son deuil et surmonter une telle perte. Parfois, la meilleure chose à faire est de pleurer avec le couple, de partager vos regrets et d’affirmer que cette perte ne veut pas dire que Dieu, qui a formé chacun de nous dans le sein de notre mère et qui a compté nos jours (et ceux de nos enfants) avant même notre existence (Ps 139.13-16), n’est plus un Dieu bon et bienveillant.