Comment réagir face aux attaques et aux trahisons de la part de membres de notre assemblée ? (Brian Croft)

Parmi les situations les plus douloureuses auxquelles j’ai été confronté dans mon ministère, je me rappelle particulièrement celles où j’ai été blessé par ceux qui me soutenaient et qui se sont retournés contre moi. Je me souviens avoir tremblé en lisant ce conseil de Charles Spurgeon : « Préparez-vous pour le jour où votre plus cher frère vous trahira. » Quoi ? Tu veux dire que ça arrivera ?

Après plus de 16 ans passés dans le ministère en tant que pasteur, je me rappelle la lettre la plus odieuse et la plus douloureuse que j’ai reçue. À l’époque, elle avait été envoyée par un de mes plus chers alliés qui me soutenait et me défendait dans mon ministère. Cette personne venait juste de quitter l’Église à la suite d’une décision difficile que j’avais dû prendre et qui l’avait personnellement affecté.

Comment est-il possible de face à ce genre de trahisons douloureuses ?

Voici 3 suggestions :

1. Réagissez en réfléchissant à long terme.

La réponse naturelle que nous formulons consiste à vouloir gérer la situation comme si le problème devait être résolu immédiatement. Le fait est que nous avons rarement le pouvoir de nous réconcilier d’une manière ou d’une autre avec la personne qui est offensée, en particulier si celle-ci prend ses distances et quitte l’Église. Cela ne signifie pas que nous ne devons pas essayer de nous réconcilier, mais c’est bien souvent irréaliste de penser que cela soit possible d’y parvenir rapidement. Ce qui m’amène à la deuxième suggestion.

2. Ne dites rien et ne faites rien que vous pourriez regretter, même des années plus tard.

Même si le pasteur est souvent pris pour cible, il est souvent en mesure de manipuler la situation à son avantage et il dispose d’une tribune dans l’Église pour le faire. Par exemple, imaginez qu’une personne quitte l’assemblée en colère à la suite d’un événement. À la prochaine réunion des membres, quelqu’un voudra connaître la raison. Alors que je me trouvais dans cette situation, j’ai été tenté d’ouvrir mon cœur à la congrégation pour décharger toute la douleur, la colère, la frustration, et le sentiment d’être brisé que j’éprouvais à ce moment-là. Par la grâce de Dieu, je ne l’ai pas fait. Ne vous méprenez pas. J’en avais envie, mais cela ne me semblait pas être une très bonne idée. Quand je repense à cette réunion, je réalise que si je m’étais déchaîné sur cette personne absente cette journée-là, j’aurais commis non seulement un péché, mais j’aurais aussi fermé la porte à toute possibilité de réconciliation, même des années plus tard. Alors, j’ai gardé le silence.

3. Prenez soin de vous entourer d’autres hommes afin d’examiner les accusations.

C’est la raison pour laquelle vous avez besoin d’autres pasteurs autour de vous. Toute attaque personnelle, qu’elle vise votre personne ou votre ministère, nécessite un avis objectif afin d’évaluer correctement les accusations. Une attaque personnelle venant d’un membre de l’Église que vous appréciez provoquera toujours un vif émoi, ce qui pourrait altérer votre jugement. Demandez l’avis d’autres pasteurs qui vous connaissent bien et qui peuvent vous parler franchement au sujet de ces critiques. Y a-t-il une once de vérité en elles ? Entourez-vous d’hommes bibliquement qualifiés qui font partie de votre église et qui connaissent la personne qui vous attaque, car ils seront vos meilleurs alliés pour faire preuve de discernement. Soumettez-vous au jugement de ces hommes.

Si j’ai choisi d’écrire sur ce sujet, c’est à cause d’une lettre profondément touchante que j’ai reçue la semaine dernière. Elle a été écrite par la même personne, celle qui avait écrit la lettre extrêmement douloureuse à laquelle je faisais allusion précédemment. L’essentiel de cette lettre se trouve dans cet extrait :

« Pendant des années, j’ai lutté contre l’envie d’écrire cette lettre. Je ne savais réellement pas quoi dire ni par quoi commencer. Je veux te présenter mes excuses pour la lettre que je t’ai écrite quand nous avons quitté l’Église. Je me sentais blessé et trahi par toi, alors qu’en réalité j’étais bercé d’illusions. S’il te plaît, accepte mes sincères excuses. »

Cette lettre était accompagnée d’un mot très touchant adressé à ma femme. Comme le Seigneur est bon envers nous dans ces moments-là ! Même si je crois toujours que la décision que j’avais prise était la bonne, je réalise maintenant que j’ai certainement pris de mauvaises décisions et commis des actes répréhensibles en essayant de gérer cette situation déchirante. Cette lettre toute récente nous a poussés, ma femme et moi, à méditer sur la profonde humilité de cette personne et sur la grâce que Dieu nous manifeste par le don de la réconciliation avec quelqu’un qui était, et qui est toujours, cher à nos yeux.

Malheureusement, comme beaucoup d’entre vous, je pourrais aussi écrire des articles similaires au sujet d’autres situations qui demeurent non résolues, et des larmes coulent de mes yeux dès que je pense à ces relations tendues. Cela fera toujours partie du ministère pastoral. Néanmoins, j’apprends continuellement que Dieu prend davantage son temps que nous dans de telles situations. Alors que nous attendons, Dieu fait de nous des pasteurs mûrs. Ainsi, en attendant, tenons bien compte de ces conseils lorsque nous sommes douloureusement trahis. Accrochons-nous à Christ, notre réconfort et notre joie, celui qui sera toujours avec nous à travers ces épreuves. N’oubliez pas de prier pour que Dieu répare en son temps toute relation qui est encore brisée. Je continue d’apprendre que, dans son extraordinaire bonté, Dieu en est capable.