Comment pouvons-nous nous aider les uns les autres à combattre les désirs impurs ? (John Piper)

Pasteur John, dans un précédent podcast, vous avez exprimé l’importance d’une théologie profonde et riche dans la lutte contre la dépendance à la pornographie et les désirs impurs. J’aimerais revenir sur ce sujet et examiner de plus près la manière dont les hommes chrétiens peuvent s’aider les uns les autres à ce sujet. Que diriez-vous aux hommes qui s’engagent à aider leurs amis à gagner la bataille contre les désirs impurs et la dépendance à la pornographie ?

En fait, j’ai beaucoup pensé récemment au texte de Paul dans 1 Corinthiens 9.27 où il est dit qu’il discipline son propre corps. Le mot signifie littéralement « s’infliger un œil au beurre noir ». Il dit : « Je boxe, mais non pour battre l’air. » (1 Corinthiens 9.26) En d’autres termes, « je sais où loger mes coups de poing ».

Et il parle des péchés dans sa vie qui ont besoin d’être mis à mort. Ils doivent être mis à mort. Il parle donc d’une sorte de renoncement à soi et d’une sorte d’auto-opposition qui se dresse contre soi et se frappe, et je pense qu’il ne fait que prolonger les paroles de Jésus lorsqu’il dit : « Si ton œil droit te pousse à mal agir, arrache-le. » (Matthieu 5.29)

Or on sait que ce n’est pas à prendre au pied de la lettre, parce qu’il dit que si ton œil droit te fait pécher, arrache-le. Eh bien, tu as encore ton œil gauche, et tu peux chercher la femme nue aussi bien avec ton œil gauche qu’avec ton œil droit. Nous savons donc que l’arrachage littéral de l’œil droit ne résoudrait pas le problème. Il veut dire qu’il nous faut être aussi vigilants et déterminés que possible dans notre opposition au péché que pour être en mesure de le tuer dans notre vie.

Les désirs impurs sont une euphorie psycho-érotique

Or, je me pose une nouvelle question. Pourquoi la vue – je pense surtout aux hommes, mais pas seulement aux hommes – pourquoi la vue a-t-elle une telle force pour nous inciter à cliquer sur la pornographie ou à nous attarder sur un magazine figurant des personnes en maillot de bain ou sur une publicité pour un film ? Pourquoi sommes-nous comme ça ? Au fil des ans, j’ai essayé d’analyser mon propre corps et j’ai trouvé une expression que j’utilise pour qualifier ce phénomène : l’euphorie psycho-érotique. Je l’ai inventé – l’euphorie psycho-érotique.

Ce que je veux dire, c’est que je ne sais pas ce que c’est ni où ça se trouve. Elle ne se limite pas à une partie du corps. Elle peut être concentrée ci ou là, mais elle ne l’est pas habituellement. Et c’est comme un pouvoir dans votre corps qui vous rend si heureux par l’érotique, par le visuel, que vous vous orientez vers lui visuellement avec une telle force qu’il commence à annihiler toute conviction morale. Cela vous coupe de tous les arguments que vous aviez auparavant pour être pur et vous pousse à adopter un comportement que vous allez ensuite désapprouver. Mais qu’est-ce que c’est que ce phénomène ?

Et ma réponse est : c’est comme l’ivresse. Supposons que vous allez dans un bar avec un ami et que vous prévoyez de témoigner de Jésus ce soir au bar. Et vous êtes assis là et l’ami avec qui vous êtes commence à boire. Il boit trop et se saoule, et vous vous dites : « De toute évidence, nous ne pouvons plus faire cela. Nous n’allons amener personne à Jésus. Nous venons de désobéir à Jésus en nous enivrant. Nous allons simplement partir d’ici. » Alors vous attrapez son bras, et vous dites : « Partons. »

Mais c’est lui qui a conduit, et donc il veut conduire et aller voir un film en ville alors qu’il est ivre. Et vous lui dites : « Tu ne conduiras pas. Je ne vais pas te laisser conduire. »

« C’est ma voiture. C’est moi qui vais conduire cette voiture ».

Et vous lui tordez le bras derrière le dos et le jetez sur le siège arrière et prenez sa clé, et comme c’est votre ami, il ne vous frappe pas, et vous le conduisez chez lui et le jetez dans son lit.

Voilà une belle manière de malmener un type ivre. Est-ce que c’est bien ? Devrions-nous faire ça ? Et je pense que la plupart des gens diraient : « Ouais. Oui, vous devriez faire cela. Après tout, il était ivre. Il allait se tuer. »

Intoxiqué par les désirs impurs

Et ma question est la suivante : dans la lutte contre les désirs impurs, y a-t-il quelque chose de similaire que nous devrions faire les uns pour les autres ? Si cette euphorie psycho-érotique est aussi puissante que l’ivresse – et je pense qu’elle l’est – avons-nous besoin dans nos vies de personnes qui nous cassent le bras ? Pas seulement, comme le dit Paul, « je tabasse mon propre corps ». Je dis que vous devriez me tabasser.

Vous savez, nous parlons souvent du fait que nous devons nous tenir mutuellement redevables les uns envers les autres et beaucoup de gens s’emportent contre le « légalisme », et disent : « vous êtes censé aimer Jésus de tout votre cœur et ne pas avoir à être contraint. »

Écoutez. Si vous êtes ivre, et que vous êtes sur le point de vous tuer, vous feriez mieux d’être heureux que quelqu’un soit dans votre vie pour vous jeter sur le siège arrière d’une voiture. Et plus tard, quand vous vous réveillerez, vous serez content qu’il l’ait fait. Ensuite, vous pourrez prier pour obtenir une sorte de position appropriée où vous obéissez librement de votre cœur.

Mais ces désirs impurs ressemblent beaucoup plus à l’ivresse qu’à toute autre chose. C’est pourquoi nous avons peut-être besoin d’une relation avec un autre chrétien à qui on est redevable, où nous avons une sorte de connexion, un numéro spécial sur notre téléphone portable, un moyen de l’appeler et de lui dire : « Frappe-moi s’il le faut, parce que je suis sur le point de perdre la tête à cause de cette euphorie psycho-érotique qui m’a envahi comme l’ivresse. »

Combattre une dépendance comme une autre

Alors je lance cet appel aux gars et leur dit : comparez ça à d’autres dépendances dans votre vie. Analysez votre propre âme pour voir si la nature purement physique, érotique, psychologique de ce pouvoir est suffisamment semblable à l’ivresse pour que vous mettiez en place un système dans votre vie semblable au « Conduis-moi à la maison si je suis ivre ». Si un homme mène une bataille perdue d’avance – et la plupart des hommes ou des femmes savent qui ils sont – « OK, je suis censé me battre. Je suis censé gagner. Je suis régulièrement en train de perdre cette bataille. » S’ils le savent, alors ils doivent le dire à leur groupe de maison.

Une idée serait alors de mettre le numéro de votre frère qui s’est engagé à vous tenir responsable en haut de la liste de vos favoris sur votre téléphone. Quand j’appelle, il faudra que tu me frappes, et je veux que tu donnes une sonnerie spéciale à mon numéro sur ton téléphone, ok ?

Donc quand ça sonne, tu te diras tout de suite : « Ok, la seule fois où il appelle ce numéro c’est quand il a besoin que j’intervienne. » Et donc tu prendras le téléphone et tu diras : « Lève-toi. Va dehors dans la neige. » Ou : « J’arrive tout de suite. » Ou autre chose. Tu as tout arrangé comme si c’était un alcoolique. Il dit : « Je me dirige vers cette bouteille sur mon mur. Je ne sais pas ce qui me pousse à la vouloir. Je veux que tu viennes briser les bouteilles pour moi. » Au fond, c’est aussi bizarre que ça.

Des mesures extrêmes dans la lutte contre les désirs impurs

Sinon, pourquoi Jésus aurait-il dit des choses comme « arrache ton œil » ?  Enfin, c’est complètement fou. Si quelqu’un dit : « Oh, c’est fou de mettre un numéro spécial sur ton téléphone. » Vraiment ? Est-ce plus fou que de prendre un tournevis et te le planter dans le visage ?

Je dis que quand Hébreux 3.13 dit : « Exhortez-vous les uns les autres chaque jour, aussi longtemps qu’on peut dire : “Aujourd’hui !” afin qu’aucun de vous ne s’endurcisse par la séduction du péché », vous pourriez développer cette idée et dire : « Peut-être que vous pourriez vous jeter les uns les autres sous une douche froide de temps en temps, afin qu’aucun d’entre vous ne puisse se livrer à son cœur ivre de l’ivresse psycho-érotique. »


Pasteur John Piper vous répond présente les réponses que le pasteur John Piper donne à des questions théologiques et pastorales difficiles. Ce podcast, créé en partenariat avec Desiring God, vous est offert par Revenir à l’Évangile, un blog et un ministère de Publications Chrétiennes. Pasteur John répondra à deux questions chaque semaine. Vous pourrez entendre ses réponses sur notre blog, Facebook, Youtube, Apple Itunes Store et sur l’appareil que vous utilisez pour écouter des podcasts.


Cet article est une traduction de l’article anglais « How Can We Serve One Another in Battling Lust ? » du ministère Desiring God par Timothée Davi.