Comment apprendre de Dieu à travers la nature ? (R.C. Sproul)

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Il existe une catégorie d’études appelée « théologie naturelle ». La révélation naturelle (ou générale) et la théologie naturelle ne sont pas identiques. La révélation naturelle est quelque chose que Dieu fait, alors que la théologie naturelle est ce que les humains font avec la révélation naturelle. Depuis un certain temps déjà, il existe une controverse chez les théologiens se demandant si nous pouvons parvenir à une véritable connaissance de Dieu au moyen de la nature, c’est-à-dire si la théologie naturelle est une entreprise fructueuse. Certains s’opposent vigoureusement à l’idée que l’homme ait la capacité de connaître quoi que ce soit sur Dieu sans être sauvé. Paul dit dans 1 Corinthiens 2.14 que l’homme naturel ne connaît pas et ne peut connaître Dieu, il semble donc que l’apôtre exclut la possibilité que nous puissions obtenir une connaissance de Dieu par la nature sans que l’Esprit Saint nous éclaire. Cependant dans Romains 1, qui est le texte scripturaire classique en matière de théologie naturelle, l’apôtre dit que nous acquérons la connaissance de Dieu par la nature.

Les atomistes prétendent que Paul croyait une chose quand il a écrit Romains et quelque chose de différent quand il a écrit 1 Corinthiens. En d’autres termes, ils disent que Dieu, parlant par Paul, a changé d’avis. D’autres disent que les différences indiquées par 1 Corinthiens 2 et Romains 1 sont un exemple clair d’une contradiction dans la Bible. Toutefois, le verbe « savoir », en grec et en hébreu, est utilisé de différentes manières. Il existe des connaissances que nous appelons « connaissances cognitives », indiquant une prise de conscience intellectuelle de quelque chose, puis des connaissances personnelles et intimes. À titre d’illustration, lorsque la Bible parle d’un homme qui « connaît » sa femme, le verbe « connaître » indique la relation humaine la plus intime entre un homme et une femme. De même, Paul écrit aux Corinthiens à propos d’un discernement spirituel des choses de Dieu en disant que, dans notre condition déchue, nous n’avons pas ce discernement spirituel. Il écrit ici à propos d’une connaissance qui dépasse la simple connaissance intellectuelle.

Dans Romains 1, Paul écrit : « La colère de Dieu se révèle du ciel contre toute impiété et toute injustice des hommes qui retiennent injustement la vérité captive » (v. 18). Paul se soucie ici de démontrer pourquoi il est nécessaire que nous soyons sauvés. Il amène le monde entier devant le tribunal de Dieu pour démontrer que tous ont besoin de l’Évangile parce que tous ont été déclarés coupables – non pas pour avoir rejeté Jésus, dont beaucoup n’avaient jamais entendu parler, mais pour avoir rejeté Dieu le Père, qui s’était révélé clairement à tous les êtres humains. En tant que pécheurs, c’est notre nature de réprimer cette vérité dans l’injustice (d’autres traductions disent « retenir », « empêcher » ou « étouffer »). Paul dit que Dieu est fâché de ce que les êtres humains font de sa révélation.

Paul poursuit : « Ce qu’on peut connaître de Dieu est manifeste pour eux » (v. 19). Le mot grec traduit par « manifeste » est phaneros ; en latin, c’est manifestum, d’où on obtient le mot manifeste, signifiant ce qui est clair. L’idée est que Dieu n’a pas planté des indices ésotériques autour du monde afin que l’homme ait besoin d’un gourou pour expliquer que Dieu existe ; plutôt, la révélation qu’il fait de lui-même est manifestum – elle est claire. Paul ajoute : « [Les] perfections invisibles de Dieu […] se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde » (v. 20a). Cela peut sembler être une déclaration contradictoire : comment peut-on voir ce qui est invisible ? Pourtant, il n’y a pas de contradiction. Nous voyons clairement, mais pas directement. Nous ne voyons pas le Dieu invisible, mais nous voyons le monde visible et cela nous apporte la révélation de Dieu. Le caractère invisible de Dieu se révèle à travers des choses visibles.

L’homme n’a aucune excuse pour négliger la révélation de Dieu : « [Les] perfections invisibles de Dieu, sa puissance éternelle et sa divinité, se voient comme à l’œil nu, depuis la création du monde, quand on les considère dans ses ouvrages. Ils sont donc inexcusables » (v. 20). Ceux qui refusent de venir à Dieu tentent d’excuser leur refus en prétendant que Dieu n’a pas réussi à fournir une preuve suffisante de son existence, mais Paul efface cette excuse dans Romains avec une dure réalité : « Ayant connu Dieu, ils ne l’ont point glorifié comme Dieu, et ne lui ont point rendu grâces ; mais ils se sont égarés dans leurs pensées, et leur cœur sans intelligence a été plongé dans les ténèbres » (v. 21). La Bible dit clairement que la révélation que Dieu fait de lui-même dans la nature nous fournit une connaissance vraie et claire de son caractère.

Révélation directe et indirecte

Nous devons également noter la distinction entre la révélation générale directe et l’indirecte. Ces termes, directe et indirecte, ont à voir avec la fonction ou l’utilisation de quelque chose qui se situe entre deux points. Dieu est transcendant et nous sommes sur la terre. Le médiateur de la révélation de Dieu est la nature ; en d’autres termes, la nature est le moyen de révélation, tout comme un journal ou une émission de télévision est un moyen de communication. C’est pourquoi de tels moyens de communication sont collectivement appelés des « médias ». De la même manière, le principal moyen pour la révélation générale est la nature.

Révélation générale directe est le terme utilisé pour décrire une autre façon dont Dieu se révèle à nous. Dans Romains 2.15, Paul dit que la loi de Dieu a été écrite dans nos cœurs, ce que Jean Calvin a appelé le sensus divinitatis, ou sens du divin. C’est une conscience de Dieu qu’il a lui-même implantée dans l’âme de l’homme et cette conscience se manifeste à notre attention et dans notre connaissance de la loi de Dieu. Nous ne glanons pas cette connaissance à travers un médium ; elle vient plutôt directement de Dieu à nous, ce qui explique pourquoi une telle révélation est appelée « directe ».

La puissance et la divinité éternelles de Dieu sont clairement révélées au monde entier par la révélation générale. Notre suppression pécheresse de cette révélation n’efface pas la connaissance de Dieu qu’il nous a donnée par la nature et dans nos cœurs.


Cet article est adapté du livre : Nous sommes tous des théologiens – R. C. Sproul