Combler l’écart (Paul Tripp)

Comment pouvons-nous combler l’écart qui existe dans chacune de nos vies entre notre enseignement et notre façon de vivre? Voici cinq engagements qui devraient être incrustés dans nos vies de ministère respectives.

1) CONTRAIGNEZ-VOUS À FAIRE VOUS-MÊME CE QUE VOUS EXHORTEZ LES AUTRES À FAIRE.

Pour chaque enseignement ou prédication que nous préparons, notre étude devrait inclure la mise en application personnelle. Nous devons nous demander ce que le passage que nous étudions dévoile sur notre propre coeur. Dans quel domaine ce passage de la Parole nous appelle-t-il à la confession et à la repentance? Quel élément révèle-t-il sur le caractère et le plan de Dieu qui pourrait ranimer notre façon de vivre? Comment appliquer ses perspectives, ses principes et ses commandements à notre quotidien? Au cours de la préparation, nous devons accorder à notre coeur le temps nécessaire pour qu’il s’afflige de son état et se réjouisse de l’Évangile. Nous devons prendre le temps de prier, de nous confesser et de nous engager à franchir concrètement les étapes de la repentance. C’est une immense bénédiction d’être appelé par Dieu à passer autant de temps dans sa Parole libératrice et transformatrice. Nous avons tous besoin d’en tirer avantage.

2) CONFESSEZ PUBLIQUEMENT VOS PROPRES LUTTES.

Je ne dis pas, bien sûr, que vous devez vous vider le coeur chaque fois que vous enseignez et que vous prêchez. Par contre, je crois que la confession n’est pas seulement bénéfique pour vous. Il est également important pour vos auditeurs d’entendre que vous n’avez pas encore atteint les plus hautes sphères spirituelles, que la vie de la foi représente une lutte pour vous aussi. Le simple fait d’ouvrir votre coeur en public réduit le fossé entre votre personnalité publique et votre vie privée. Vous rejetez ainsi l’idée de vous construire une vie parallèle. C’est un combat qui s’engage contre l’incohérence entre votre enseignement et votre façon de vivre, à laquelle il est si facile de s’habituer. Ce geste constitue une mise en application, devant votre congrégation, de votre prédication et de votre enseignement. Il s’agit d’une invitation à prier pour vous, à vous reprendre et à vous encourager. Vous déclarez ainsi votre engagement à vivre une vie qui coïncide avec votre enseignement. Vous faites publiquement l’effort de combler l’écart.

3) PLACEZ-VOUS SOUS UN CONSEIL SAGE ET BIBLIQUE.

À l’évidence, pasteur, nous avons tous besoin d’être conseillés. C’est un scandale de constater que dans une multitude d’Églises personne n’offre au pasteur de soutien pastoral. Personne ne l’aide à voir clairement ce qu’il ne voit pas ou à examiner ses pensées, ses désirs, ses paroles, et ses comportements. Personne ne l’invite régulièrement à se confesser. Qui détermine pour lui le moment où la repentance est de mise? Qui le soutient, dans ses moments de découragement, à l’aide des vérités bibliques? Qui lui rappelle la présence, et les promesses d’un Sauveur qui pourvoit à tous nos besoins? Personne ne l’avertit au sujet de son idolâtrie et de son orgueil. Personne ne le met en garde contre les tentations et les dangers dans sa vie.

Or, personne ne peut se permettre d’attendre et d’espérer simplement que cela se produise tout seul. Nous devons prendre l’initiative de rechercher quelqu’un que nous respectons et avec qui nous pouvons construire cette relation de conseil. Un individu à qui nous choisissons d’être redevables tout au long de notre ministère. Il ne suffit pas de le faire seulement pendant les périodes de découragement et de tracas. Nous devons humblement admettre que ce type de ministère transparent fait partie intégrante de notre ministère. Dans chaque ministère où je me suis trouvé, j’ai recherché l’aide pastorale de quelqu’un. Je ne peux m’imaginer à quoi ressemblerait ma vie ou mon ministère sans la protection, la délivrance, la vision et la croissance que ce genre de relation m’a procuré. En effet, j’ai toujours aussi besoin de ce soutien maintenant qu’au moment où j’ai compris, il y a plusieurs années, qu’en tant que pasteur, je n’avais pas été appelé à faire cavalier seul.

4) RENDEZ-VOUS ABORDABLE POUR VOTRE ENTOURAGE.

Pour éviter cette discordance entre la vie privée et le ministère, vous devez également exiger que votre famille s’engage dans votre ministère. Invitez votre femme à relever les domaines où vous faites preuve de paresse et d’incohérence spirituelle. Encouragez-la à vous reprendre avec amour lorsque vous activez votre avocat intérieur et lorsque vous refusez d’écouter. Demandez à celle qui vit auprès de vous de relever les moments où vous projetez sur votre famille les frustrations de votre ministère. Demandez de l’aide pour prendre de meilleures décisions lorsqu’il est question du double appel que représentent la famille et le ministère. Invitez vos enfants à vous reprendre respectueusement quand vous agissez envers eux plus durement que vous n’agiriez avec quiconque dans l’Église. J’en conviens, ce n’est pas le rôle de nos enfants de nous éduquer, mais nous devons rester humbles, abordables et disposés à admettre que notre façon d’exercer l’autorité parentale n’est pas toujours un reflet reluisant de l’autorité de Dieu. Demandez souvent à votre femme et à vos enfants de prier pour vous. Durant les moments d’adoration familiale, demandez que l’on prie pour vos luttes. Engagez-vous à confesser vos torts commis envers les membres de votre famille et cherchez leur pardon. Sommes-nous conscients du fait que personne n’a une meilleure perception à notre sujet que les personnes avec qui nous vivons? Y voyons-nous un atout et une bénédiction qui nous permettent de tirer profit de ces relations sur le plan personnel et spirituel? Ou passons-nous simplement à côté de l’avantage que constitue le point de vue de nos proches?

5) CONSTRUISEZ UNE COMMUNAUTÉ DE LEADERS HUMBLES ET SINCÈRES.

À vrai dire, plusieurs dirigeants dans l’Église ne connaissent pas leur pasteur et bon nombre de pasteurs ne connaissent pas les dirigeants de l’Église. Dans la plupart des groupes de leaders, aucun temps n’est investi dans le but de former une équipe compétente où l’on se conseille mutuellement. Vous devriez viser à ce que les anciens, les diacres ou toute équipe de responsables avec qui vous travaillez forment le groupe le plus spirituellement riche et le plus dévoué de votre Église. Les autres groupes devraient pouvoir regarder l’équipe que vous avez formée avec vos dirigeants et dire : « si seulement notre groupe ressemblait à celui-là! » Chaque fois que vous vous réunissez, la confession et la prière devraient être à l’ordre du jour. Vous devriez organiser des retraites où les leaders bâtissent des relations fondées sur le partage personnel, la confession et la prière. Les rassemblements d’ouvriers engagés dans le ministère devraient être des endroits appropriés pour demander que l’on prie pour vous au sujet de vos luttes et des domaines dans lesquels vous avez besoin de croissance. Souvenez-vous que ce n’est pas par la connaissance, les aptitudes, l’expérience et la planification de ce groupe de leaders que les ministères que vous dirigez seront façonnés. C’est plutôt l’état du coeur de chacun de ces dirigeants qui influencera considérablement ces ministères. Ne laissons pas les activités de l’Église empiéter sur la formation d’une équipe de leaders spirituelle et active.

Cet article est tiré du livre Un appel dangereux par Paul Tripp