Le pasteur et sa relation avec Christ (Paul Tripp)

Le pasteur doit être charmé, émerveillé et amoureux de son Sauveur. Tout ce qu’il pense, désire, choisit, décide, dit et fait doit être motivé par son amour pour Christ et par l’assurance qu’il est aimé de Christ. L’amour de Christ doit constamment l’humilier, le rassurer et lui donner du repos. Sa communion avec Christ doit jour après jour attendrir son cœur de sorte qu’il devienne un leader serviteur tendre, attentionné, patient, prompt à pardonner, encourageant et généreux. La vision de la réussite de son ministère ne doit pas assombrir sa vision de Christ : incluant sa présence, ses promesses et sa provision.

Seul l’amour de Christ défend le cœur du pasteur

Seul son amour envers Christ peut défendre le cœur du pasteur contre toutes les autres formes d’amour qui risquent d’entraver son ministère. Seule l’adoration de Christ est assez puissante pour le protéger de toutes les idoles séductrices qui lui murmurent à l’oreille. Seule la gloire du Christ ressuscité le gardera de la tentation de chercher sa gloire personnelle que connaissent tous ceux qui s’engagent dans le ministère et qui détruit le travail de tant de pasteurs. Seul Christ peut transformer un diplômé du séminaire arrogant et « prêt à affronter le monde » pour en faire un agent de la grâce plein d’humilité et de patience. Seule une profonde reconnaissance envers un Sauveur qui a souffert peut inciter un homme à souffrir pour le ministère. Seul un cœur satisfait en Christ peut s’épanouir spirituellement au travers des difficultés du ministère. Seule la tristesse de la repentance nous permet d’accorder la grâce à ces congénères rebelles que Dieu a confiés à notre ministère. C’est seulement lorsque notre identité est fermement enracinée en Christ que nous sommes délivrés : nous cessons alors de la chercher dans notre ministère.

Bien définir l’aptitude au ministère

Nous devons être prudents dans notre façon de définir l’aptitude au ministère et la maturité spirituelle. Il est dangereux de penser que le diplômé du séminaire une fois muni d’une solide éducation et d’une bonne formation est apte au ministère. Il est également imprudent de croire que la connaissance, l’effort et les aptitudes démontrés dans le ministère sont synonymes de maturité spirituelle. La maturité se trouve dans une communion à la verticale et entraîne un vaste éventail de répercussions dans nos relations sur le plan horizontal. La maturité concerne la relation avec Dieu d’où découle une vie empreinte de sagesse et d’humilité. La maturité de l’amour qu’on éprouve envers Jésus-Christ s’exprime dans l’amour envers les autres. La reconnaissance pour l’amour de Christ envers nous s’exprime dans la grâce accordée aux autres. La gratitude pour la patience et le pardon de Christ engendre la patience et le pardon envers les autres. L’expérience quotidienne du secours de l’Évangile fait naître un désir passionné de voir les autres expérimenter le même secours.

Puisque toutes ces choses sont vraies, elles doivent être au premier plan dans l’examen de la candidature de tout pasteur. Nous n’appelons pas au ministère des aptitudes, des connaissances et de l’expérience. Nous appelons des hommes entiers qui suivent l’élan de leur cœur et dont le ministère sera toujours façonné et gouverné par une forme ou une autre d’adoration. Nous appelons des hommes engagés dans le processus de leur sanctification personnelle : ils luttent encore avec la puissance séductrice et trompeuse du péché. Nous appelons des personnes qui font face aux pièges quotidiens d’un monde rebelle au dessein de Dieu. Des personnes que Dieu appellera à la souffrance pour le perfectionnement de leur salut et pour sa propre gloire. Des personnes qui sont en relation quotidienne étroite avec d’autres pécheurs. Des individus qui risquent de s’égarer, de se tromper eux-mêmes et qui seront tentés par l’autosuffisance et l’arrogance. Des individus qui transposeront leurs opinions au sujet du ministère et leur interprétation d’une expérience antérieure à ce nouveau contexte. Des individus qui ont désespérément besoin de la grâce qui pardonne, transforme, ravive et libère, et ce, au même titre que ceux qui sont confiés à leur ministère. Nous appelons des personnes, de vrais individus qui ne sont pas encore des experts en matière de grâce.

Il nous faut donc connaître, et connaître vraiment, les personnes à qui nous confions la direction spirituelle et le soin du peuple de Dieu.

Cet article est tiré du livre : Un appel dangereux de Paul Tripp.