Cinquième siècle : La cité de Dieu et la cité de l’homme

Deux événements importants se sont produits au ve siècle du vivant d’Augustin. Le premier a été l’invasion de l’Italie par des tribus barbares qui ont mis à sac la ville de Rome en 410 et 455, brisant ainsi le sceptre de fer de l’Empire romain. Certains ont accusé les chrétiens d’être la cause de cette tragédie ; accusation qu’Augustin a réfutée dans son célèbre ouvrage La cité de Dieu. Selon lui, depuis le début des temps, l’homme déchu construit sa « cité » (ou royaume) en opposition à Dieu. Tout royaume fondé sur autre chose que le royaume de Dieu est nécessairement temporaire. Seule l’Église, la « cité » ou le royaume que Dieu bâtit en Jésus-Christ, sera permanente. À ceux qui voulaient jeter le blâme de la destruction de Rome sur les chrétiens, Augustin a déclaré : « L’essor des royaumes terrestres et leur déclin ne nous surprennent point, puisque notre allégeance ne va point à la Rome éternelle, mais à Jésus-Christ seul et le royaume qu’il bâtit. » Il y a deux royaumes, mais seul celui de Dieu et de son Fils Jésus-Christ demeurera éternellement.

Le deuxième événement marquant de la vie de l’Église du ve siècle a été la controverse pélagienne, dans laquelle Augustin s’est engagé. Un moine britannique du nom de Pélage a lu la célèbre autobiographie d’Augustin et a été frappé par cette prière : « Donnez-moi ce que vous m’ordonnez, et ordonnez-moi ce qu’il vous plaît. » Autrement dit, l’homme déchu dépend entièrement de la grâce de Dieu pour être sauvé. Nul ne peut exercer la maîtrise de soi ou l’abstinence que Dieu requiert si celui-ci ne lui en donne pas la grâce. De telles paroles déconcertaient Pélage, qui adhérait plutôt à un évangile défendant le fait que « quand on veut, on peut », selon lequel on peut réformer sa vie et se sauver soi-même par ses propres efforts.

Une violente controverse théologique a alors éclaté au sein de l’Église. Pour réfuter le pélagianisme, Augustin a exposé les grandes doctrines de la grâce qu’enseignait l’apôtre Paul : le péché originel, la dépravation totale de l’homme déchu, son incapacité à se sauver lui-même, l’efficacité du sacrifice expiatoire de Christ et la nécessité de placer sa foi en lui pour le salut. Finalement, le grand savoir biblique et la persévérance d’Augustin ont triomphé de l’enseignement de Pélage dans l’Église.

À cette même époque, s’est démarqué un autre Britannique : Patrick. Appelé par Dieu à proclamer l’Évangile et rempli d’amour pour les perdus, il a déployé un zèle missionnaire hors du commun. Quand il avait 16 ans, des pirates irlandais ont pillé la ferme familiale et ont kidnappé le jeune homme. De retour en Irlande, il a été vendu comme esclave et a travaillé comme berger dans le comté de Mayo pendant plusieurs années. Puis un jour Dieu a ouvert le cœur de Patrick, et celui-ci a donné sa vie à Christ. Dans sa jeune vingtaine, il s’est échappé et est parvenu à retourner dans son pays, où il a embrassé une vie de sainteté en se faisant moine.

Plus tard, se sentant appelé dans une vision, il est retourné en Irlande, où il a exercé un ministère pour l’Évangile de 432 à 461. La vie et l’œuvre de « l’apôtre des Irlandais » montrent que Dieu appelle certains hommes et femmes à faire sa volonté, parfois même depuis l’obscurité de l’esclavage. L’Éternel, au moyen d’expériences diverses, façonne les passions et désirs de ces individus, puis les dirige d’une façon unique pour faire d’eux des serviteurs de Christ. L’histoire du christianisme est jalonnée de récits d’éminents serviteurs de Dieu au passé sombre.

De ces récits, nous apprenons à quel point il est important de ne pas s’appuyer sur le royaume de l’homme. Seul le royaume de Jésus-Christ dure toujours. De plus, le salut s’obtient par la grâce de Dieu exclusivement, par le moyen de la foi en Jésus-Christ, et non par nos efforts. Dieu est à l’œuvre même dans les situations les plus défavorables ; pour accomplir son plan de salut parmi les nations, il peut se servir des personnes les plus improbables.


Cet article est tiré du livre : ABC de l’histoire de l’Église de Sinclair Ferguson, Joel Beeke, et Michael Haykin