Christ comme prophète (Mark Jones)

(Cet article fait partie d’une série de cinq articles sur les trois offices de Christ, à savoir : prophète, sacrificateur et roi).

Christ, dans son rôle prophétique, nous révèle la volonté de Dieu pour notre salut, par sa Parole et par son Esprit (1). Le Dieu-homme glorifié sera celui par qui Dieu se révélera continuellement à ses enfants au paradis. Nous pouvons penser à l’office prophétique de Christ principalement en relation avec son ministère terrestre qui a duré environ trois ans. Mais cela ne représente qu’une infime partie de l’étendue de son rôle prophétique, étant donné qu’il continuera à révéler le Père à son épouse pour toute l’éternité. D’une part, son office de médiateur et de prophète se terminera donc à la consommation. D’autre part, sa fonction de révélateur de la volonté et de la pensée de Dieu continuera au ciel. Car sans Christ, nous ne pouvons pas accéder à Dieu.

Christ, dans sa fonction prophétique, communique la vraie connaissance de Dieu et nous rend capables de la recevoir. Il est la source de toute lumière qui nous conduit au salut (2 Co 4.6). Le Fils de Dieu, dans sa personne divine, révélait la volonté de Dieu aux prophètes de l’Ancien Testament, parfois par la médiation des anges et parfois par ses apparitions comme l’ange de l’Éternel (Ge 16.13 ; Jg 13.22).

À l’ère du Nouveau Testament, l’âge de l’Évangile, Jésus, la Parole (logos), continue à révéler la volonté de Dieu à l’Église selon sa nature divine. Mais Jésus révèle la volonté de Dieu selon sa nature humaine dans son rôle de médiateur, et ce, par la puissance du Saint-Esprit (Ac 1.2). John Owen souligne ceci : « Bien que la personne du Christ, Dieu et homme, soit notre médiateur… il a acquitté ses fonctions dans sa nature humaine (2). »

Selon sa nature humaine, Jésus a reçu les dons et les grâces nécessaires à l’accomplissement de son rôle prophétique. À part ses propres capacités humaines naturelles, qui étaient exemptes du péché, Christ avait « une mesure particulière de l’Esprit », selon Owen. Ce don, « qu’il recevrait comme le grand prophète de l’Église par qui le Père parlerait et se révélerait pour la dernière fois, dépassait les frontières de toute mesure compréhensible (3) ».

Jésus a reçu l’Esprit au moment de son incarnation, mais la plénitude de cette communication a eu lieu à son baptême dans le Jourdain. Lorsqu’il communiquait de nouvelles révélations, c’était parce qu’il les avait reçues du Père, par l’Esprit. Christ, contrairement à Moïse qui a reçu certaines révélations à des moments particuliers, possédait tous les trésors de la sagesse, de la connaissance et de la vérité (Col 2.3). Ainsi, il a pu parler de manière infaillible et avec autorité des choses de Dieu, plus que tout autre prophète qui l’avait précédé. Jésus a compris parfaitement tout ce que Dieu lui a révélé par l’Esprit. Ce que Christ a révélé à l’Église pendant son ministère terrestre lui avait d’abord été révélé d’en haut.

Christ a révélé la volonté de Dieu selon sa nature humaine. Il y avait, donc, certaines vérités qu’il ignorait, parce que le Père avait
choisi de ne pas les révéler à son Fils. Cela explique ses paroles dans Matthieu 24.36 : « Pour ce qui est du jour et de l’heure, personne ne le sait, ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le Père seul » (italiques pour souligner). Jésus ne connaissait pas l’heure exacte du dernier jour, parce que le Père ne la lui avait pas montrée. Le principe de la Réforme selon lequel le fini ne peut pas comprendre l’infini demeure vrai du Christ dans les termes de son office prophétique, même dans son état d’exaltation. Cependant, il y a eu des changements dans l’étendue de sa connaissance depuis sa résurrection.

Jésus possédait l’Esprit sans mesure pendant son ministère terrestre, surtout après son baptême (Jn 3.34). Néanmoins, comme le souligne Goodwin, quand Christ a reçu l’Esprit au ciel « c’était une fois pour toutes, dans la plus grande plénitude qu’une nature humaine [glorifiée] peut recevoir (4) ».

Cela a des implications importantes pour tous ses offices. Son rôle de médiateur se poursuit au ciel et la plénitude de l’Esprit accentue sa fonction de prophète, sacrificateur et roi dans son état d’exaltation. En ce qui concerne son rôle prophétique, la connaissance de Christ est accrue, car, affirme Goodwin, « il ne connaissait pas auparavant le Jour du jugement, mais au moment où il a écrit l’Apocalypse, il le savait (5) ». Avec son ascension et son exaltation,  Christ est entré en possession de l’Esprit d’une façon tellement complète que ses grâces humaines ont été « élargies » à leur plus grande mesure.

Jésus est la somme et le centre de toute vérité, car il est la source sacrée de toute vérité. Il est le médiateur non seulement de notre salut, mais aussi de toute la communication qui a lieu entre Dieu et l’humanité déchue. Charnock a noté que Jésus est un rayon de lumière par lequel l’être divin est manifesté auprès des croyants. En effet, « tout ce qui a trait à la gloire de Dieu… est pleinement révélé en Christ (6) ». Aucun homme ne pouvait connaître Dieu sans que Christ le fasse connaître. Et ce, parce qu’il est le seul qui est en mesure de le connaître ainsi, et qui possède une telle prérogative. Christ jouissait d’une intimité avec le Père qu’aucun autre homme n’a jamais connue (Jn 3.13).

En résumé, « l’objectif ultime » de la vie terrestre de Jésus était de révéler Dieu à l’homme (Mt 13.35 ; Jn 1.18). Le contenu des Écritures reposait sur Christ. Plutôt que d’insister à lire une Bible où les paroles de Christ apparaissent en rouge, nous devrions mettre la Bible entière en rouge, car toute vérité divine nous vient de Christ et a été communiquée à travers Christ parce qu’il est la Parole du Père.

On peut même dire que les anges reçoivent leur connaissance de Dieu par l’intermédiaire de Christ, qui a été l’instrument de leur création. Quand ils ont vu Jésus crucifié sur la croix, abandonné du Père, enseveli dans le tombeau, ressuscité d’entre les morts et monté au ciel, « ils ont appris plus sur Dieu et sa nature, sur les profondeurs de sa sagesse, les trésors de sa grâce et la puissance de sa colère qu’ils avaient appris de toutes les actions de Dieu dans le monde… au cours des quatre mille ans de leur existence (7) ».

Notes :

(1). Voir le Petit catéchisme de Westminster, Q & R 24, < http://leboncombat.fr/wp-content/uploads/2013/09/Le-petit-cat%C3%A9chisme-de-Westminster.pdf > (page consultée le 7 février 2018).

(2). Owen, op. cit., vol. 20, p. 30 (traduction libre).

(3). Ibid.

(4). Goodwin, op. cit., vol. 4, p. 21 (traduction libre).

(5). Ibid.

(6). Charnock, op. cit., vol. 4, p. 131 (traduction libre).

(7). Ibid., p. 135 (traduction libre).


Lisez la suite de la série : 

  1. Les offices de Christ (introduction)
  2. Christ comme prophète
  3. Christ comme sacrificateur
  4. Christ comme roi
  5. Une méditation sur l’humiliation liée aux offices de Christ (conclusion)

Cet article est un extrait du livre “Connaître Christ” de Mark Jones