Attendez-vous à ce que la Providence vous surprenne (David Mathis)

Apprendre le rythme des voies de Dieu

Il y a un an aujourd’hui, un nouveau coronavirus en Chine était tout juste en train de devenir une actualité aux États-Unis. Le 3 février 2020, le gouvernement américain a déclaré une urgence de santé publique, mais ce n’est que trois semaines plus tard, le 25 février, que le Centers for Disease Control a annoncé que la COVID-19 était en passe de devenir une pandémie. Le 11 mars, l’Organisation mondiale de la santé a fait cette déclaration officielle, et deux jours plus tard, la pandémie est devenue une urgence nationale aux États-Unis et a entraîné une interdiction de voyager en Europe pour les citoyens non américains.

Que dire de tout ce qui s’est passé au cours des onze derniers mois ? De tels rebondissements inattendus, rien que dans nos vies personnelles, nous incitent souvent à nous demander, à juste titre, « Que prépare Dieu ? » – et d’autant plus lorsque l’inattendu est si global. Peu d’événements au cours de notre vie, s’il en est, ont été aussi mondiaux. Ainsi, au cours de l’année écoulée, nous avons peut-être été plus nombreux que jamais à nous demander ce que Dieu prépare dans cette pandémie mondiale.

Que nous ayons utilisé le mot ou non, nous nous interrogeons sur la providence.

La providence dans notre expérience incertaine

Lorsque nous parlons de providence divine, l’accent est mis non pas tant sur le pouvoir absolu de Dieu que sur ses desseins. La providence, selon John Piper, est la souveraineté intentionnelle de Dieu : « En référence à Dieu, le substantif providence en est venu à signifier “l’acte consistant à intentionnellement pourvoir aux besoins du monde, à le soutenir et à le gouverner”. »

Pour les chrétiens, la Parole de Dieu et la providence de Dieu vont de pair. Dieu a parlé dans notre monde, par l’intermédiaire de ses prophètes et de ses apôtres, et surtout de son Fils, et il nous a transmis ses paroles par écrit (les Écritures). Il nous dit qu’il « soutient et gouverne » effectivement le monde – et qu’il le fait intentionnellement. La providence met l’accent sur le fait qu’il pourvoit, sur le fait qu’il ne se contente pas de régir et de prévoir tout ce qui se passe, mais qu’il veille à ce que ses desseins mûrissent selon ses méthodes parfaites, étonnantes pour le monde entier, et selon son agenda.

Dieu est toujours souverain, et agit toujours avec des plans précis en tête dans sa souveraineté, non seulement dans l’inhabituel, mais aussi dans le quotidien. Pourtant, ce sont souvent certains aperçus de sa main providentielle, en particulier les rebondissements surprenants de la vie, qui nous poussent à nous demander : « Que fait Dieu ? Qu’est-ce qu’il fabrique ? »

Nous restons dans l’incertitude quant aux significations particulières de ces événements providentiels. Quelle est la signification de cette pandémie mondiale, par exemple ? Que dit Dieu au monde, à notre nation, à notre église, à notre famille et à moi-même ? En d’autres termes, comment interprétons-nous les empreintes de Dieu dans les divers actes providentiels d’aujourd’hui ? Que pouvons-nous comprendre de la providence, et que ne pouvons-nous pas comprendre ?

Ce que nous ne savons pas

Alors que nous entrevoyons Dieu, dans sa providence, « s’occuper » de nos vies et de notre monde, nous devrions faire attention à la place que nous accordons à notre propre vision et à notre interprétation au-delà de ce que nous savons à partir de la Parole de Dieu. Comme l’a écrit William Cowper dans « God Moves in a Mysterious Way », « le manque de foi aveugle ne peut qu’errer » – et il en va de même pour toute prétention de notre part de connaître avec certitude un sens que Dieu n’a pas révélé dans sa Parole. « Dieu est son propre interprète », disait Cowper.

Dans l’amour, nous devrons veiller à ne pas présumer, à ne pas faire pression sur les autres, à ne pas formuler d’exigences, en nous fondant sur ce que nous pensons que Dieu fait. Lorsque nous passons de l’observation de sa providence à la réflexion sur sa signification, nous l’appliquons d’abord et avant tout à nous-mêmes. « Cette foi que tu as, garde-la pour toi devant Dieu » (Romains 14.22).

Il nous faudra également veiller à ce que nos yeux ne se contentent pas de voir des affirmations de nos propres désirs et de les appeler « providence ». Lorsque nous avons un désir croissant – par exemple, à propos d’une prochaine étape dans la vie, qu’il s’agisse d’une personne à fréquenter, d’un emploi à poursuivre, d’une ville où déménager ou d’un achat important à faire – il peut être trop facile, dans les nombreuses couches et complexités de la réalité, de saisir quelques aspects qui s’alignent dans nos yeux et notre esprit partiaux comme des confirmations providentielles de ce que nous voulions depuis le début. Nous ferons bien de nous demander, lorsque nous pensons voir la providence le plus clairement, si elle convient à notre chair. Sommes-nous prêts à suivre la direction de la providence lorsqu’elle va dans la direction opposée à ce qui semble le plus facile ?

Ce qui nous amène à la question de savoir ce que nous pouvons savoir du modèle de Dieu dans le monde et dans nos vies.

Ce que nous savons

Dans notre incertitude quant aux significations particulières des circonstances providentielles de nos vies, nous savons avec clarté et certitude, à partir de la Parole de Dieu, qu’il y a certains buts qu’il poursuit toujours.

Nous savons, par exemple, que Dieu appelle toujours le monde à se repentir, et qu’il donne l’occasion de se tourner vers lui (Luc 13.1-5 ; Actes 17.30). Il est toujours en train d’édifier son Église, de sauver et de sanctifier son peuple, d’intensifier l’adoration de son Nom, de briser le désespoir, de renforcer la foi et le courage, de donner de la joie dans l’affliction et de créer l’amour dans les cœurs (Matthieu 16.18). Et il ne cesse d’humilier les orgueilleux (1 Pierre 5.6), y compris de mettre à mal les dominations et les autorités (Colossiens 2.15).

Ces desseins, et bien d’autres encore, Dieu nous les annonce à l’avance, dans sa Parole, de sorte que lorsqu’il agit dans l’histoire, comme dans une pandémie mondiale, nous pouvons connaître de nombreuses vérités précieuses sur ce qu’il prépare. Nous ne sommes pas laissés dans l’ignorance. Mais au-delà de cela, il y a aussi une logique divine, ou une rime et un rythme, du dessein de Dieu dans le monde, même au milieu des nombreux rebondissements inattendus de la providence.

La mélodie de la providence, pourrions-nous dire, joue au rythme d’Ésaïe 55 et de 1 Corinthiens 1.

Qui comprend les voies de Dieu ?

Dans Ésaïe 55, le prophète met une vérité plus vaste au service d’une réalité spécifique, étonnamment merveilleuse. Contrairement aux hommes, qui pourraient supposer que Dieu se contente de condamner les injustes, le prophète implore les méchants de se détourner de leurs pensées et de leurs voies, pendant qu’il est encore temps, car Dieu est compatissant. « Qu’il retourne à l’Eternel … car il pardonne abondamment » (Ésaïe 55.7). Vient ensuite une vérité plus large qui s’applique également à la providence :

En effet, vos pensées ne sont pas mes pensées et mes voies ne sont pas vos voies, déclare l’Eternel. Le ciel est bien plus haut que la terre. De même, mes voies sont bien au-dessus de vos voies, et mes pensées bien au-dessus de vos pensées. (Ésaïe 55.8-9)

Aussi enclins que nous puissions être à présumer que Dieu est comme nous, ce n’est pas le cas. Ses pensées ne sont pas humaines. Ses voies, pas humaines. Ses plans ne sont pas humains. Ses voies et ses pensées ne sont pas seulement différentes, elles sont plus élevées – « mes voies sont bien au-dessus de vos voies ». Et nous devons donc garder cela à l’esprit, dans nos humbles pensées humaines, alors que nous observons la providence de Dieu et que nous essayons de spéculer sur sa signification. Oh, il y a un sens ! Ne vous y trompez pas : sa souveraineté est bel et bien orientée vers un but. Elle est remplie à ras bord de buts. Elle déborde de buts innombrables, bien au-delà de notre capacité à les apprécier. Et l’un de ses buts est de montrer, encore et encore, à quel point il est merveilleusement différent de nous.

Qui reçoit l’adoration dans le cadre de la Providence ?

Nous pourrions nous tourner ailleurs dans les Écritures, mais la fin de 1 Corinthiens 1 est peut-être le meilleur passage pour conclure. En fait, 1 Corinthiens 1.28-29 est peut-être la déclaration la plus importante de toute la Bible pour apprendre à lire la providence de Dieu et à discerner son sens :

Dieu a choisi les choses basses et méprisées du monde, celles qui ne sont rien, pour réduire à néant celles qui sont, afin que personne ne puisse faire le fier devant Dieu.

En cherchant à discerner les desseins de Dieu dans la providence, nous demandons-nous : « Comment Dieu fait-il pour qu’aucun être humain – y compris moi-même – ne puisse se vanter en sa présence ? » Est-il en train de magnifier sa sagesse, sa puissance et sa grâce, en la personne de son Fils, pour que les faibles yeux de ses créatures le voient davantage pour ce qu’il est vraiment ?

1 Corinthiens 1.20-31 donnent la vision d’un Dieu qui bouleverse les schémas du monde. Il donne de l’espace à la sagesse, au pouvoir et à la noblesse de l’homme pour qu’ils s’épanouissent – tout cela pour qu’ils soient au bout du compte renversés. Alors qu’il boucle les longues trajectoires de sa providence et achève ses objectifs, il rend folle la sagesse du monde, faible la force du monde et faible la noblesse du monde. Il transforme les « choses qui sont », selon les normes humaines, en rien – et fait quelque chose à partir de rien – « afin que personne ne puisse faire le fier devant Dieu. »

Ainsi, malgré tous nos efforts pour rechercher le sens de Dieu lorsque nous observons les divers aspects de sa providence, nous pourrions nous demander : « Ce sens me met-il en valeur ou met-il en valeur Dieu ? Sa signification me conduira-t-elle à être fier de moi-même ou de quelque autre simple humain, ou bien à être fier du Seigneur ? »

Nous ne savons évidemment pas grand-chose de tout ce que Dieu a fait au cours d’une année comme celle-ci – ou de n’importe quelle autre année à vrai dire – mais nous savons ceci : ceux qui sont le plus à l’écoute de sa providence s’émerveillent de la sagesse contre-intuitive de ses voies, apprennent à s’attendre à être surpris, et à être fiers en lui seul.


Cet article est une traduction de l’article anglais « Expect Providence to Surprise You » du ministère Desiring God par Timothée Davi.