Adam : chef représentatif (John MacArthur)

Selon la position la plus acceptable, le péché d’Adam est imputé à tous ceux qui sont unis à lui en tant que représentant de l’humanité. La culpabilité d’Adam est notre culpabilité. Tout en affirmant que la nature corrompue se transmet depuis Adam, la thèse d’un chef représentatif enseigne que tous les humains sont condamnés en raison de leur lien direct avec Adam.

Selon cette conception (souvent appelée chef fédéral), l’action d’un représentant est déterminante pour tous les membres qui lui sont rattachés. Quand Adam a péché, il représentait tout le monde ; c’est pourquoi son péché est imputé à ses descendants.

On trouve un exemple de ce lien fédéral qui a des implications sur d’autres dans Josué 7, à propos d’Acan et de sa famille. La défaite d’Israël devant Aï est attribuée à Acan qui avait désobéi à Dieu en s’emparant d’or et d’argent et en le dissimulant sous sa tente. Alors que seul Acan a commis cette action coupable, ses fils et ses filles sont lapidés en même temps que lui, subissant le châtiment d’Acan pour ses actes (Jos 7.24,25). De la même manière, la faute d’Adam est imputée à tout le reste de la famille humaine, ou lui est attribuée.

Les parallèles entre Christ et Adam

Ceux qui défendent l’idée de « chef représentatif » s’appuient d’abord sur les parallèles que Paul établit avec Jésus dans Romains 5.12-21 (étudié ci-dessus dans la section consacrée au « Réalisme »). Romains 5.18 déclare : « … de même par un seul acte de justice la justification qui donne la vie s’étend à tous les hommes. » L’acte par lequel Jésus est mort sur la croix procure la justification aux pécheurs. Romains 5.19 ajoute : « Car, comme par la désobéissance d’un seul homme beaucoup ont été rendus pécheurs, de même par l’obéissance d’un seul beaucoup seront rendus justes. » L’obéissance de Jésus est imputée à d’autres comme si elle était justice. La logique suggère ici que si la justification et la justice du Seigneur Jésus sont imputées à ceux qui sont en lui, ainsi, la culpabilité du péché d’Adam a été imputée à tous ceux qu’il représente. Comme nous l’avons déjà dit, le parallèle entre Adam et Christ dans Romains 5.12-21 s’explique le mieux par l’idée de la représentation. Tout comme les chrétiens sont considérés justes parce que la justice étrangère de Christ (une justice qui est extérieure au croyant) est imputée à tous ceux qui sont en Christ, de même la culpabilité d’Adam est imputée à tous ses descendants, même s’ils n’ont pas péché personnellement comme lui.

Les défenseurs de cette interprétation s’appuient également sur 1 Corinthiens 15.22 qui affirme : « Et comme tous meurent en Adam, de même aussi tous revivront en Christ. » Ce verset montre que mort et vie sont associées à Adam et à Christ comme les deux représentants de l’humanité. De plus, Romains 5.14 déclare que « la mort a régné depuis Adam jusqu’à Moïse, même sur ceux qui n’avaient pas péché par une transgression semblable à celle d’Adam ». Ce verset enseigne explicitement que la descendance d’Adam n’a pas commis le péché d’Adam. Adam est donc lié à sa descendance en tant que « chef représentatif » et que l’acte d’Adam est imputé aux autres, même s’ils n’ont pas réellement commis le péché d’Adam.

Deux hommes qui représentent l’humanité

En résumé, les deux hommes – Adam et Christ – sont considérés comme représentatifs de l’humanité et, pour les deux, les effets de leurs actions atteignent les autres. Adam est le représentant de l’humanité pécheresse et Jésus, celui de l’humanité juste. Il importe de noter que si cette interprétation souligne l’imputation à partir du chef, Adam, elle insiste également sur la corruption héritée d’Adam et transmise à l’ensemble de l’humanité.

Cette théorie de la représentativité a été lancée par Johannes Cocceius (1603-1669) et est devenue très populaire parmi bon nombre de défenseurs de la théologie de l’alliance qui établissait un lien entre cette perspective et une prétendue « alliance des œuvres » dans laquelle Adam, en tant que chef de la race humaine, était chargé d’obéir parfaitement afin d’obtenir la vie éternelle. Lorsqu’Adam transgressa cette soi-disant alliance des œuvres, il entraîna toute l’humanité dans sa transgression, si bien que son péché a été compté comme faute pour tous ses descendants. Sachons toutefois que tous les partisans de l’alliance qui défendent le principe du chef fédéral ne la rattachent pas à une alliance des œuvres. Anthony Hoekema déclare par exemple : « Bien que… j’aie rejeté la doctrine de l’alliance des œuvres, cela n’implique pas le rejet de l’imputation directe, aussi longtemps que nous reconnaissons qu’Adam était vraiment la tête et le représentant de la race humaine »1. Hoekema a eu raison de rejeter une alliance des œuvres comme principe orientant vers l’idée de chef fédéral, puisque l’Écriture ne fait aucune mention d’une alliance des œuvres.

Bien que connu historiquement sous le nom de chef fédéral (« federal headship »), le titre chef représentatif (« representative headship ») est préférable, car il souligne mieux le fait qu’Adam et Christ agissent comme les représentants légaux de ceux qui sont reconnus en eux. Comme nous l’avons expliqué plus haut, cette position rend mieux justice aux parallèles entre Adam et Christ développés dans Romains 5 et 1 Corinthiens 15.

Une objection récurrente

Certains suggèrent que cette idée de représentativité est contraire au puissant témoignage scripturaire que les enfants ne sauraient être tenus responsables des péchés de leurs pères. Deutéronome 24.16, par exemple, déclare : « On ne fera point mourir les pères pour les enfants, et l’on ne fera point mourir les enfants pour les pères ; on fera mourir chacun pour son péché. » Ézéchiel 18.20 ajoute : « L’âme qui pèche, c’est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l’iniquité de son père, et le père ne portera pas l’iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui. » Il n’existe cependant aucun lien réel entre la doctrine du péché originel et ces passages qui traitent de la culpabilité et du châtiment du péché personnel.


  1. Anthony Hoekema, Created in God’s Image, Grand Rapids, Mich., Eerdmans, 1994, 161n65.

Cet article est tiré du livre : Théologie systématique de John MacArthur.