7 raisons pour lesquelles Actes a été écrit avant l’an 70 (John MacArthur)

Il existe deux écoles de pensée parmi les érudits évangéliques pour ce qui est de la date de rédaction du livre des Actes. Certains affirment que Luc l’a écrit du vivant de Paul, probablement vers la fin de son premier emprisonnement (Ac 28). D’autres avancent que le livre des Actes a été écrit entre la chute de Jérusalem (70 apr. J.-C.) et la mort de Luc (vers 85 apr. J.-C.).

Le principal argument en faveur de la date ultérieure vient du fait qu’on dit que Luc aurait utilisé Marc comme source pour l’Évangile selon Luc. Les défenseurs de ce point de vue s’appuient sur le raisonnement suivant : l’Évangile selon Marc a été écrit après la mort de Pierre et pendant la persécution de Néron. L’Évangile selon Luc ne peut avoir été écrit qu’après cela. Et étant donné que le livre des Actes a été écrit après l’Évangile selon Luc, sa date de rédaction doit être encore plus tardive.

Bien qu’un traitement du soi-disant problème synoptique dépasse le cadre de cette introduction, on doit remarquer que la priorité de Marc n’a jamais été établie. Des érudits compétents ont soulevé de sérieuses objections quant à la dépendance de Luc envers Marc (voir Robert L. Thomas et Stanley N. Gundry, éd., A Harmony of the Gospels, Chicago : Moody 1979, p. 274-279 ; Eta Linnemann, Is There a Synoptic Problem ?, Grand Rapids : Baker, 1992). Si on ne peut établir cette théorie de la dépendance de Luc envers Marc, l’argument principal en faveur d’une date de rédaction ultérieure du livre des Actes tombe.

Il y a de bonnes raisons de croire que Luc a écrit le livre des Actes pendant le premier emprisonnement de Paul à Rome. On pourrait les résumer comme suit:

La fin abrupte du livre

Premièrement, ce point de vue est celui qui explique le mieux la fin abrupte du livre des Actes. Luc a cessé d’écrire parce qu’il était rendu au moment présent et qu’il n’avait plus rien à relater. De plus, le livre des Actes prend fin sur une note de triomphe, puisque Paul proclame alors l’Évangile à Rome sans opposition de la part des autorités romaines. Or, cette fin triomphale serait difficile à comprendre si le livre des Actes avait été écrit après la mort de Paul et après le déclenchement de la persécution par Néron (F. F. Bruce, « The Acts of the Apostles », dans D. Guthrie et J. A. Motyer, éd., The New Bible Commentary : Revised, Grand Rapids : Eerdmans, 1978, p. 968).

Les autorités sont tolérantes

Deuxièmement, dans le livre des Actes, les autorités romaines sont tolérantes, sinon favorables au christianisme. Or, ce n’était certainement pas le cas après le déclenchement de la persécution par Néron en 64 apr. J.-C. De plus, le seul moment où il aurait été bon d’évoquer l’attitude amicale première de l’État romain envers les chrétiens est celui où elle existait encore, mais risquait de disparaître, c’est-à-dire lors du procès de Paul, après qu’il en a eu appelé à César (Johannes Munck, The Acts of the Apostles, Garden City, N.Y. : Doubleday,1973, p.lii).

La persécution n’est pas mentionnée

Troisièmement, Luc ne mentionne pas la persécution initiée par Néron. Kistemaker fait le commentaire suivant : « Si Luc avait écrit le livre des Actes dans les années 70, il aurait fait violence à son sens de l’intégrité historique en ne relatant pas ces cruelles persécutions dont Néron était l’instigateur » (Acts, p. 23).

Le silence sur la destruction de Jérusalem

Quatrièmement, le livre des Actes ne fait aucune mention de la chute de Jérusalem en 70 apr. J.-C. Le silence de Luc est étonnant si cet événement capital s’est déjà produit, surtout parce que « dans son Évangile, Luc accorde davantage d’attention à Jérusalem que les autres Évangiles synoptiques » (Guthrie, New Testament Introduction, p. 340). De même, le fait qu’il ne mentionne pas le martyre de Jacques, le frère du Seigneur (62 apr. J.-C. d’après Josèphe, Antiquités XX, ix, p. 1), est étrange s’il a écrit le livre des Actes ultérieurement. Luc considérait certainement les martyres de l’apôtre Jacques et d’Étienne comme dignes de mention. Alors pourquoi pas celui du chef de l’Église de Jérusalem?

Exposer la situation de l’Église primitive

Cinquièmement, le contenu du livre des Actes reflète la situation de l’Église primitive. Des sujets comme les conflits entre Juifs et non-Juifs, l’inclusion des non-Juifs dans l’Église et les interdits alimentaires juifs (Ac 15) n’étaient plus critiques après la chute de Jérusalem. De même, le livre des Actes ne reflète pas les préoccupations théologiques des dernières décennies du premier siècle (Kistemaker, Acts, p. 23).

Le silence sur les épître de Paul

Sixièmement, Luc ne révèle aucune connaissance des épîtres de Paul. Cela démontre que le livre des Actes a été écrit avant que l’ensemble des épîtres de Paul ne soit largement diffusé dans l’Église.

Le silence sur la suite de la vie de Paul

Enfin, et peut-être le plus important, c’est que Luc ne parle pas de la carrière ultérieure de Paul. Dans les Actes, il ne mentionne pas les voyages que Paul a faits après sa libération, ni son deuxième emprisonnement (bien que Luc ait été avec lui à ce moment-là [2 Ti 4.11]), ni sa mort. Toutefois, Luc consacre plus de la moitié du livre des Actes au ministère de Paul. Pourquoi n’irait-il pas jusqu’au bout de ce récit triomphant s’il en savait davantage sur le grand apôtre ? La meilleure façon d’expliquer ces omissions, c’est de présumer que ces événements ne s’étaient pas encore produits quand Luc a écrit le livre des Actes.


Cet article est tiré du livre : Actes, 1-12 – John MacArthur de John MacArthur