6 questions sur le cœur du Christ pour les pécheurs (Dane Ortlund)

Q : Dieu est-il en colère contre moi à cause de mes péchés ?

R : Les pécheurs déchus et anxieux ont la capacité de trouver à l’infini des raisons qu’aurait Jésus de les mettre dehors. Nous inventons constamment de nouvelles façons de résister à l’amour de Christ. Même lorsque nous épuisons nos raisons tangibles justifiant, selon nous, qu’il nous mette dehors, comme des péchés ou des échecs précis, nous avons tendance à nourrir le sentiment vague qu’avec le temps Jésus en viendra à se lasser et à s’éloigner de nous.

Nous ne pouvons avancer aucune raison pour laquelle Christ finirait par refuser d’ouvrir son cœur à ses propres brebis. Rien ne va en ce sens. Tout ami humain a ses limites. Si nous le vexons un peu trop, si la relation se détériore un peu trop, si nous le trahissons trop souvent, il nous rejettera. Un mur s’érigera entre nous. Or, dans le cas de Christ, nos péchés et nos faiblesses mêmes nous rendent admissibles en sa présence. Il nous suffit de venir à lui – d’abord lors de notre conversion et des milliers de fois par la suite jusqu’à ce que nous soyons avec lui à notre mort.

Q : Si Christ est parfaitement saint, n’est-il pas nécessaire qu’il se retire du péché ?

R : Nous nous trouvons ici devant l’un des mystères les plus profonds entourant l’identité de Dieu en Christ. Non seulement la sainteté et l’impiété sont-elles mutuellement exclusives, mais Christ, étant parfaitement saint, connaît et ressent l’horreur et le poids du péché plus profondément que quiconque parmi nous, pécheurs, le pourrait. Plus un homme a le cœur pur, plus il est horrifié à l’idée qu’on vole ou maltraite son prochain. À l’inverse, plus un homme a le cœur corrompu, moins le mal qui l’entoure l’affecte.

Poussons l’analogie un peu plus loin. Plus un cœur est pur, plus le mal l’horrifie, de même, plus un cœur est pur, plus il est naturellement poussé à aider, à soulager, à protéger et à consoler, alors que le cœur corrompu reste de marbre, indifférent. Ainsi en va-t-il de Christ. Sa sainteté le pousse à trouver le mal révoltant, plus que quiconque parmi nous le pourrait. C’est toutefois cette même sainteté qui le pousse à aider, à soulager, à protéger et à consoler. Ici encore, nous devons nous rappeler l’immense
distinction que Christ établit entre ceux qui sont en lui et ceux qui ne le sont pas. Les péchés évoquent une colère sainte envers ceux qui ne lui appartiennent pas. Comment un Dieu véritablement moral pourrait-il réagir autrement? En revanche, les péchés évoquent une soif, une tendresse et un amour saints envers ceux qui lui appartiennent. Dans le passage clé portant sur la sainteté divine (És 6.1-8), cette dernière (6.3) donne lieu naturellement et immédiatement au pardon et à la miséricorde (6.7).

Q : Je sais ce que Christ a fait de mon péché sur la croix, mais que fait Christ de mon péché maintenant ?

R : Il n’y a aucun lieu de spéculer. La Bible nous le dit : il intercède pour nous.
La justification est reliée à ce que Christ a accompli dans le passé. L’intercession correspond à ce qu’il accomplit dans le présent.
Considérez les choses sous cet angle. La réalité des affections de Christ a été constante, à toutes les époques. Son cœur, qui battait pour son peuple lorsqu’il était ici-bas ne s’est pas arrêté de battre pour lui une fois qu’il est monté au ciel. La miséricorde l’ayant conduit jusqu’à la croix ne s’est pas transformée en indifférence. Son cœur l’attire tout autant à son peuple maintenant qu’au cours de sa vie incarnée. Par ailleurs, son intercession constante en faveur de ce dernier témoigne de ses affections envers lui.

Q : Si nous parlons de l’œuvre achevée du Christ sur la croix, la doctrine de l’intercession suggère-t-elle que la croix est restée inachevée ?

R : À vrai dire, l’intercession met en œuvre ce que l’expiation a accompli. L’actuelle intercession de Christ en notre faveur reflète la plénitude et la victoire de son œuvre terrestre, et non le fait qu’il manquerait quoi que ce soit à cette dernière. L’expiation a accompli notre salut; l’intercession constitue l’application, instant par instant, de cette œuvre expiatoire. Dans le passé, Jésus a accompli ce dont il parle actuellement; dans le présent, Jésus parle de ce qu’il a alors accompli. Voilà d’ailleurs pourquoi le Nouveau Testament marie la justification à l’intercession, comme dans Romains 8.33,34 : « Qui accusera les élus de Dieu ? C’est Dieu qui justifie ! Qui les condamnera ? Christ est mort; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, et il intercède pour nous! » L’intercession constitue le bouton «Actualiser » de notre justification dans la cour céleste.


Nous ne pouvons pas présenter une raison pour que le Christ ferme définitivement son cœur à ses propres brebis. Une telle raison n’existe pas.


L’intercession de Christ reflète les implications personnelles et profondes de notre salut. Si nous étions informés quant à la mort et à la résurrection de Christ, mais pas en ce qui a trait à son intercession, nous serions tentés de percevoir notre salut en termes outrancièrement axiomatiques. Notre salut nous semblerait plus mécanique que conforme à la véritable identité de Christ. Son intercession en notre faveur reflète ses affections – celles qui l’ont animé tout au long de sa vie et qui l’ont amené jusqu’à mourir pour son peuple. Ces affections s’expriment actuellement par sa défense constante de son peuple auprès de son Père et son intercession, le priant de nous accueillir favorablement.

Q : Qu’est-ce que cela signifie que Christ est notre avocat ?

R : Le mot grec parakletos évoque une personne qui se présente au nom d’une autre ; peut-être que l’équivalent français « avocat » est celui qui, entre tous, décrit le mieux le rôle d’un parakletos. (Les premiers théologiens, comme Tertullien et Augustin, qui écrivaient en latin, rendaient souvent parakletos dans le Nouveau Testament par advocatus.)
L’apôtre Jean, dans sa première épître (2.1), s’empresse d’ajouter que Jésus est aussi «une victime expiatoire pour nos péchés » (1 Jn 2.2). En tant que «victime expiatoire», Jésus apaise et détourne
la juste colère du Père contre nos péchés. Il s’agit d’un terme juridique, objectif. Il se peut que le titre de Christ pour désigner notre avocat ait une légère connotation juridique, mais le plus souvent dans la littérature primitive autre que néotestamentaire, il concerne une réalité plus subjective exprimant une profonde solidarité. Jésus participe à notre vécu. Il ressent ce que nous ressentons. Il s’approche de nous. Et il parle avec amour en notre faveur.

Q : Pourquoi le Christ est-il capable de nous aider dans notre péché ?

A : Il est « juste ». Lui, et lui seul. Nous sommes injustes; il est juste. Même notre repentance la plus sincère est suivie d’autres péchés requérant plus de pardon. Nous serions sans recours si nous venions au Père sans avocat. M’allier à un avocat – venu me chercher plutôt que d’attendre que je vienne à lui, qui est juste en toutes choses – voilà ce qui procure le calme et la confiance devant le Père.

Il ne s’agit pas d’une partie statique de son œuvre. Sa défense s’établit lorsque la situation l’exige. La Bible n’enseigne nulle part qu’une fois que nous avons été unis à Christ par le salut, nous cesserons de pécher. Au contraire, notre état régénéré nous sensibilise plus profondément à l’inconvenance de nos péchés. Ces derniers nous font l’effet d’être bien pires après notre conversion qu’avant celle-ci. Et ce n’est pas qu’une simple perception de notre impiété ; nous continuons réellement à pécher après être devenus croyants. Nous commettons d’ailleurs parfois de graves péchés. Et c’est à ces derniers que sert la défense de Christ. C’est la façon dont Dieu nous encourage à ne pas baisser les bras. Oui, nous décevons Christ en tant que disciples. Il reste que sa défense en notre faveur transcende nos péchés. Sa défense parle plus fort que nos manquements. Christ s’occupe de tout.


Cet article est adapté du livre : « Doux et humble de coeur » de Dane Ortlund