Vous ne pouvez aimer Jésus sans aimer son Église (Jason Allen)

Avez-vous déjà entendu quelqu’un affirmer : « J’aime Jésus, mais je n’aime pas l’Église » ?

Je venais tout juste de devenir pasteur lorsque j’ai été confronté pour la première fois à la théologie du type « oui à Jésus, non à l’Église ». Mon épouse et moi tenions un événement portes ouvertes à l’Église. Environ une demi-douzaine de jeunes familles étaient présentes. Tout allait comme prévu jusqu’à ce que j’aborde la question de l’adhésion à une Église locale. Un homme de l’auditoire m’a talonné à ce sujet. Il soutenait que le principe même de l’adhésion à une Église locale n’était pas biblique. J’étais mal à l’aise, mais j’ai essayé de lui offrir une réponse. Il a toutefois continué à présenter ses arguments sans se montrer intimidé.

La conversation m’a pris de court et m’a forcé à improviser un plaidoyer en faveur de l’Église locale. Pendant un moment, je me suis senti désemparé et gêné d’être incapable de formuler une réponse claire.

Pourtant, même à cette époque, j’avais la conviction que le christianisme et l’Église locale étaient unis d’une manière inextricable − ce que je comprends mieux maintenant. En réalité, dans le Nouveau Testament, on voit que l’Église locale est l’expression même du christianisme. Le Nouveau Testament montre comment les chrétiens et l’Église locale vont de pair.

Éviter les extrêmes

Maintenant que je sers l’Église d’une manière plus globale en tant que président d’un séminaire, je me heurte constamment à deux extrêmes malsains − et tous les deux sous-estiment le rôle de l’Église.

L’individualisme spirituel

Le premier, et le plus commun, de ces extrêmes est l’individualisme spirituel.

Cet extrême met un accent si fort sur l’importance d’une relation personnelle avec Christ qu’il met complètement de côté le rôle de l’Église. Pour plusieurs évangéliques, la conversion se réduit à une rencontre personnelle avec Christ, et il en va de même pour la croissance en Christ. Le chrétien est nourri spirituellement par des livres, des conférences, des baladodiffusions, des ministères paraecclésiastiques et des études bibliques.

Une approche exagérément institutionnelle

L’autre extrême est une approche exagérément institutionnelle.

Sa forme la plus malsaine est observée dans le catholicisme romain traditionnel, qui stipule « hors de l’Église, point de salut » et rend le salut conditionnel à la réception des sacrements.

Toutefois, certains évangéliques ne font pas beaucoup mieux. Leur type d’erreur institutionnelle les pousse à assimiler le salut au fait de devenir membre d’une Église locale, et la croissance du chrétien à son activité dans son Église.

Ces deux extrêmes dénotent une mauvaise compréhension de la vie chrétienne. La conversion est une expérience individuelle vouée à devenir une réalité communautaire. Il est impossible de concevoir le christianisme exposé dans le Nouveau Testament sans l’Église locale.

L’Église universelle, l’Église locale

Une autre méprise concerne l’Église universelle et l’Église locale. L’Église universelle désigne tous les rachetés de l’Histoire du monde. L’Église universelle est souvent surnommée « l’Église invisible », puisqu’en fin de compte, nous ne savons qui en fait partie ni combien de gens la composent.

Pourtant, dans le Nouveau Testament, presque toutes les mentions de « l’Église » font référence à l’Église locale. Par « Église locale », je désigne un groupe de chrétiens qui se sont engagés à s’assembler régulièrement pour adorer et servir ensemble.

Encore une fois, plusieurs personnes affirment que la notion d’adhésion à une Église locale ne se trouve pas dans la Bible. Seulement, l’Église primitive elle-même tenait des registres, du moins sous une certaine forme. On voit que l’Église primitive mentionnait le compte de conversions et de baptêmes. On voit les premiers chrétiens parler de la notion d’inclusion et d’exclusion de l’Église. Comment les auteurs du Nouveau Testament auraient-ils pu relater ces éléments sans tenir un certain type de registres des membres ?

Le Nouveau Testament et l’Église

Plus généralement, en faisant un survol du Nouveau Testament, on se rend compte que l’Église y est centrale. Dans Matthieu 16, Jésus déclare :

« Je construirai mon Église, et les portes du séjour des morts ne l’emporteront pas sur elle » (Mt 16.18, Segond 21).

Jésus a accompli cette promesse par sa propre mort, en versant son sang pour l’Église (voir Ac 20.28).

Le livre des Actes des apôtres s’ouvre sur la naissance de l’Église par le moyen de la prédication de Pierre lors de la Pentecôte. Le livre continue alors que l’Église s’étend dans la région de la Méditerranée, puis au-delà, par la prédication des apôtres et la puissance du Saint-Esprit.

De plus, dans toutes les épîtres du Nouveau Testament, les Églises figurent soit comme sujet, soit comme destinataires. Les auteurs y expliquent ce que les Églises doivent croire et enseigner, ainsi que la façon dont elles doivent exercer leur ministère et s’organiser. À la fin du Nouveau Testament, dans le livre de l’Apocalypse, l’apôtre Jean rapporte sept lettres que Jésus adresse à sept églises, puis il clôt la Bible avec une scène spectaculaire du retour de Jésus, qui vient chercher son épouse, l’Église.

Sur la route de Damas, Jésus fait un rapprochement entre lui et l’Église. Vous vous souvenez ce qu’il a dit à Paul ?

« Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu ? » (Ac 9.4, Segond 21.)

En d’autres termes, la façon dont un individu voit l’Église de Jésus, s’intéresse à elle et la traite reflète la façon dont il voit Jésus lui-même, s’intéresse à lui et le traite.

Le tout est plus grand que la sommes des parties

Quand les Églises locales se réunissent, le tout est plus grand que la somme de ses parties − tout particulièrement dans le contexte de l’adoration en groupe, de l’exercice de ministères en communauté et du témoignage collectif.

Adoration en groupe

Dans le Nouveau Testament, on voit les Églises locales se réunir dans des maisons pour recevoir l’enseignement de la Parole et rompre le pain ensemble. À mesure que l’Église se développe, on constate l’importance primordiale accordée aux rassemblements d’adoration tenus le premier jour de la semaine − le jour de la résurrection de Christ.

En fait, ceux qui négligent de se rassembler avec le reste du peuple de Dieu reçoivent un sévère avertissement. L’auteur de l’épître aux Hébreux exhorte les croyants ainsi :

« N’abandonnons pas notre assemblée, comme certains en ont l’habitude, mais encourageons-nous mutuellement. Faites cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le jour » (Hé 10.25, Segond 21).

Les croyants d’aujourd’hui feraient bien de suivre ce conseil et de se joindre à une Église locale. Ils pourront ainsi tirer parti des avantages de l’adoration en groupe, et encourageront du même coup les autres à faire de même.

Ministère en communauté

Lorsque vous êtes devenu un croyant, Dieu vous a donné des dons spirituels pour servir à l’édification de l’Église locale. Méditez le passage suivant :

C’est lui qui a donné les uns comme apôtres, les autres comme prophètes, les autres comme évangélistes, les autres comme bergers et enseignants. Il l’a fait pour former les saints aux tâches du service en vue de l’édification du corps de Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous à l’unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à la maturité de l’adulte, à la mesure de la stature parfaite de Christ (Ép 4.11-13, Segond 21).

Je vous encourage à dépoussiérer vos dons spirituels afin de les utiliser avec joie pour édifier les croyants dans l’Église et gagner les perdus à Christ.

Témoignage collectif

C. H. Spurgeon a dit :

« Si avant de joindre une Église, j’avais attendu d’en trouver une qui soit parfaite, je n’en aurais jamais joint aucune ; et si j’en avais trouvé une, je l’aurais gâchée dès que je m’y serais joint, puisque ma présence l’aurait rendue imparfaite. Cela dit, aussi imparfaite soit-elle, l’Église est l’endroit sur la terre qui nous est le plus cher. » [1]

Il est primordial de saisir qu’il n’existe aucune Église parfaite, puisque toutes les Églises locales sont composées de pécheurs − de pécheurs rachetés. Ne passez donc pas votre temps à vous promener d’une Église à une autre. Un de mes professeurs au séminaire, Chip Stam, répétait souvent à sa classe : « Il en faut peu pour édifier le chrétien qui grandit bien. »

Dieu utilise chacun des dons de ses enfants d’une manière unique pour accomplir la mission qu’il a pour l’Église dans son entièreté. Assurez-vous de remplir vos engagements. Après tout, un chrétien qui fait cavalier seul n’est pas un bon témoin de Christ. En fin de compte, Jésus vous a racheté pour que vous soyez une créature qui appartient à une communauté : un chrétien qui s’engage à vivre l’Évangile avec les autres chrétiens de son Église locale.


NOTES:

[1]C. H. Spurgeon and Tom Carter, Spurgeon at His Best: Over 2200 Striking Quotations from the World’s Most Exhaustive and Widely-Read Sermon Series, trad. libre, Grand Rapids, Mich., Baker, 1988.