Vous êtes et serez justifié (Scott Hubbard)

Cet article fait partie de la série : Desiring God sur la justification par la foi.

La promesse future d’une œuvre achevée

Si vous êtes en Christ, vous avez été justifié – éternellement, irréversiblement, glorieusement.

Dieu a prononcé sa sentence éternelle sur votre âme. Par la foi seule (Romains 5.1), sur la base de la mort et de la vie de Jésus Christ seul (Romains 5.9), vous n’êtes pas coupable, mais juste ; pas condamné à l’enfer, mais au ciel ; pas condamné, mais justifié. Vous n’avez plus à vous demander ce que vous réserve le jour du jugement. Bien que les hommes, les démons et une conscience déréglée puissent vous accuser, il n’y a donc maintenant aucune condamnation pour vous (Romains 8.1). Que votre âme soupire de soulagement : vous avez été justifié.

Et pourtant, aussi surprenant que cela puisse paraître, vous serez aussi justifié. Comme l’écrit l’apôtre de la justification lui-même, « Nous, c’est de la foi et par l’Esprit que nous attendons la justice espérée » (Galates 5.5) – une déclaration qui semble suggérer une certaine dimension future à la justice que Dieu nous rend en Christ. En lui, nous avons la justice, et nous espérons la justice ; nous avons été justifiés, et nous serons justifiés.

Je pense que pour beaucoup, la dimension future de la justification nous surprend au début, comme une constellation que nous n’avions jamais remarquée auparavant. Mais si elle est bien comprise, elle rend le ciel de notre espérance céleste d’autant plus lumineux.

Le salut déjà – et pas encore

Dire que nous avons été justifiés et que nous le serons peut être perçu comme un double discours. Comment la justification peut-elle se produire à la fois au passé et au futur ? Mais les auteurs du Nouveau Testament, et Paul en particulier, ne cessent de parler ainsi.

§  Nous avons été adoptés (Romains 8.14-16) – et nous le serons (Romains 8.23).

§  Nous avons été ressuscités (Éphésiens 2.4-6) – et nous le serons (1 Corinthiens 15.22).

§  Nous avons été rachetés (Colossiens 1.13-14) – et nous le serons (Éphésiens 4.30).

§  Nous avons été sanctifiés (1 Corinthiens 1.2) – et nous le serons (1 Thessaloniciens 5.23).

§  Nous pouvons même dire que nous avons été glorifiés (Romains 8.30 ; 2 Corinthiens 3.18) – et nous le serons (Colossiens 3.4).

Nous avons tendance à présenter les bienfaits du salut dans un ordre chronologique : nous avons été justifiés, nous sommes en train d’être sanctifiés, et nous serons glorifiés, par exemple.

Mais comme l’écrit Sinclair Ferguson : « Nous ne pouvons pas penser aux bénédictions de l’Évangile, ni en jouir, isolées les unes des autres ou séparées du Bienfaiteur lui-même » (The Holy Spirit, 102 ; trad. « Le Saint Esprit »).

En d’autres termes, les bienfaits du salut sont moins des maillons d’une chaîne abstraite que des rayons attachés au moyeu de Christ lui-même (voir Saved by Grace, 16, pour une image utile ; trad. « Sauvés par la grâce »). « Toute bénédiction spirituelle » vit en Christ (Éphésiens 1.3), et parce que nous sommes nous-mêmes en Christ, toute bénédiction spirituelle, dans un sens, est déjà nôtre.

Et dans un autre sens, toute bénédiction spirituelle n’est pas encore nôtre. « Dans le Nouveau Testament », poursuit Ferguson, « il reste un aspect à consommer pour chaque facette du salut » (102-3) – y compris la justification.

Une justification future

Parler d’une justification future demande de la prudence, bien sûr. La puissance de la justification réside en grande partie dans le passé. « Étant donc justifiés… » (Romains 5.1), dit Paul – et il le pense. Et pourtant, une certaine dimension future de la justification nous attend.

Nous avons déjà noté, par exemple, les paroles de Paul dans Galates 5.5 : « Nous, c’est de la foi et par l’Esprit que nous attendons la justice espérée. » Nous pourrions également mentionner l’enseignement de Paul (faisant écho à Jésus) selon lequel tous, y compris les croyants, « comparaîtron[t] … devant le tribunal de Christ » (Romains 14.10 ; voir aussi 2 Corinthiens 5.10). Si le verdict de justification de Dieu n’était que passé, pourquoi les chrétiens auraient-ils besoin de comparaître devant le tribunal de Dieu ? Plus encore, nous disposons d’un autre indice biblique indiquant que la justification est, en un sens, encore future – un indice qui peut paraître surprenant : notre corps se décompose et meurt malgré tout.

Au commencement, nous rappelle Paul, « par un seul homme le péché est entré dans le monde, et par le péché la mort » (Romains 5.12). La mort n’est pas la fin naturelle du processus naturel de la vie. La mort est une punition et un châtiment, la fin non naturelle de la vie sous le péché. Chaque pierre tombale est un témoin silencieux de la sentence judiciaire de Dieu sur l’homme pécheur : « Tu es poussière, et tu retourneras à la poussière. » (Genèse 3.19)

En d’autres termes, la mort est la fin juste de l’injustifié. Et bien que, en Christ, nous ayons été réellement justifiés, nous mourons comme si nous ne l’avions pas été, comme si nous étions toujours sous la même sentence de condamnation. Nos corps, « mort[s] à cause du péché » (Romains 8.10), attendent le jour où, nous qui avons reçu « le don de la justice », nous « régneron[s] à bien plus forte raison dans la vie par Jésus-Christ lui seul » (Romains 5.17).

Ressuscité et justifié

Le lien entre la mort et la condamnation approfondit l’obscurité du Vendredi saint et du Samedi saint.  Chaque goutte de sang tombée de la croix, puis chaque heure passée dans le tombeau, semblait confirmer l’affirmation des pharisiens selon laquelle « cet homme est un pécheur » (Jean 9.24). « Tant qu’il restait dans un état de mort », écrit Richard Gaffin, « le caractère juste de son œuvre, l’efficacité de son obéissance jusqu’à la mort restaient en question, en fait, étaient implicitement niés » (Resurrection and Redemption, 121 ; trad. « Résurrection et rédemption »). Si la pierre n’avait jamais roulé, Jésus serait resté immolé parmi les injustifiés.

Mais la pierre a bel et bien été roulée, de sorte que Paul peut chanter : « Dieu a été manifesté en chair, justifié par l’Esprit » (1 Timothée 3.16). Dans un sens, la résurrection de Jésus, opérée par l’Esprit, a servi à le justifier – à déclarer à tous que le soi-disant « pécheur » sur la croix était en réalité « celui qui était saint et juste » (Actes 3.14). Malgré les calomnies de ses ennemis, Jésus n’a jamais péché. C’est pourquoi, selon Pierre, « il n’était pas possible qu’elle [la mort] le retienne » (Actes 2.24). La mort, incapable d’emprisonner un homme sans péché, a dû s’incliner devant les pieds ressuscités de Christ.

La résurrection atteste donc que la sentence de mort de Genèse 3 ne pèse plus sur une personne, qu’elle est désormais en règle avec Dieu, et donc apte à habiter avec lui sur la terre des vivants. En Christ, bien sûr, nous aussi sommes ressuscités (Éphésiens 2.4-6) – mais seulement en esprit, pas encore en corps. Ce qui signifie que notre justification se caractérise à la fois par le déjà et le pas encore. Comme l’écrit Gaffin :

Comme les croyants sont déjà ressuscités avec Christ, ils ont été justifiés ; comme ils ne sont pas encore ressuscités, ils doivent encore être justifiés. . . . « L’homme extérieur », sujet à la décomposition et au dépérissement, mortel et destiné à la mort, attend toujours la justification dans un certain sens. (By Faith, Not by Sight, 98-99 ; trad. « Par la foi, non par la vue »)

Pour l’instant, le verdict justificatif de Dieu est voilé sous nos corps tordus et brisés. Mais un jour, « lorsque ce corps corruptible aura revêtu l’incorruptibilité et que ce corps mortel aura revêtu l’immortalité » (1 Corinthiens 15.54), notre justification deviendra évidente pour tous.

Notre acquittement cosmique

Le « Petit catéchisme de Westminster » nous aide à nous représenter ce jour : “A la résurrection, les croyants, ressuscités dans la gloire, seront ouvertement reconnus et acquittés au jour du jugement” (réponse à la question 38).

Dieu nous a déjà « reconnus et acquittés » sur la base de la mort et de la résurrection de Jésus. Mais il ne l’a pas encore fait « ouvertement ».

Comme l’écrit Dane Ortlund, « la manifestation ouverte et la justification des pécheurs déjà justifiés n’est pas encore affichée devant un monde hostile » (Inaugurated Glorification, 119 ; trad. « Une glorification inaugurée »).

Pour l’instant, nous vivons dans un monde qui s’oppose à notre justification et la nie. Le diable nous accuse encore. Notre conscience nous condamne injustement. Notre corps se ride, s’affaiblit et finit par mourir sous la peine de mort du péché. Mais pas pour toujours.

Au jour du jugement, nous nous tiendrons devant Dieu et le monde entier, nos corps ressuscités témoignant que nous ne sommes plus de la poussière destinée à la poussière, mais de la gloire destinée à la gloire (1 Corinthiens 15.48-49). L’« accusateur de nos frères » (Apocalypse 12.10) aura la bouche fermée, définitivement et pour toujours. Notre conscience ne protestera plus, nos ennemis ne calomnieront plus. Et surtout, Dieu lui-même, qui nous a déjà réclamés en Christ, claironnera sa juste satisfaction de l’orient à l’occident (Matthieu 25.21). Il nous justifiera ouvertement et publiquement.

Ce jour futur ne servira pas de seconde justification, comme si la première était en quelque sorte provisoire et incertaine. Il ne reposera pas non plus sur une autre base que Christ seul – même si les bonnes œuvres créées par l’Esprit joueront leur rôle de témoins publics de la foi qui sauve (2 Corinthiens 5.10). Ce jour-là, la justification que Dieu a déjà déclarée pour nous en Christ sera simplement consommée. Le chant qui résonne dans nos cœurs résonnera dans tout le cosmos (Romains 5.5).

Nous attendons avec espérance

Dans la galaxie de notre espérance céleste, voici une étoile à voir et à savourer. Non seulement nous serons ressuscités, sauvés, adoptés et accueillis à la maison au dernier jour, mais nous serons aussi ouvertement justifiés. Oh, quel plaisir cela sera de déclarer avec l’apôtre Paul : « Nous, c’est de la foi et par l’Esprit que nous attendons la justice espérée. » (Galates 5.5)

Paul lui-même nous dit comment le rejoindre dans son attente empreinte d’espérance : « Nous, c’est de la foi et par l’Esprit que nous attendons la justice espérée. »

Douglas Moo résume ce que Paul veut dire : « C’est en s’appropriant et en vivant de la puissance de l’Esprit que les croyants attendent avec confiance la confirmation ultime de leur statut de justes devant Dieu. » (Galatians, 329 ; trad. « Galates »).

Un jour, l’Esprit ressuscitera nos os ensevelis, recoudra les articulations et les tendons, et nous présentera pour une justification publique, sous le regard de l’univers. Entre-temps, le même Esprit accroît notre confiance pour ce jour-là en nous rendant lentement plus justes maintenant.

Nous ne deviendrons jamais parfaitement justes dans ce monde. Loin de là. Mais les seules personnes qui « attendent la justice espérée » sont celles qui « ont faim et soif que la justice » remplisse nos paroles et nos actes, nos pensées et nos sentiments (Matthieu 5.6). Ainsi, tant que nous vivons ici, marchant dans un corps brisé sur une terre brisée, nous nous efforçons d’être justes, en attendant le jour où Dieu nous couronnera ouvertement de la justice qui nous appartient déjà en Christ.


Cet article est une traduction de l’article anglais « You Are and Will Be Justified » du ministère Desiring God par Timothée Davi.