Votre conjoint devrait vous compléter (Steven Wedgeworth)

Ce que devenir une seule chair signifie

Lorsque les chrétiens pensent au mariage parfait, ils ne doivent pas s’inspirer des comédies romantiques. Mais nous pouvons nous inspirer d’au moins une chose : nous devrions pouvoir regarder notre conjoint en face et lui dire : « Tu me complètes. »

Si vous ne me croyez pas, écoutons ce que dit Jean Calvin. Écrivant sur le premier mariage, il a dit :

Quelque chose a été enlevé à Adam, afin qu’il puisse embrasser, avec plus de bienveillance, une partie de lui-même. . . . Il se voyait maintenant, lui qui n’était auparavant qu’à moitié complet, rendu entier par sa femme. (Commentaire sur Genèse 2.21)

Cette complétude formée par le mari et la femme est la raison pour laquelle l’apôtre Paul peut dire qu’aimer son conjoint, c’est s’aimer soi-même (Éphésiens 5.28). Les deux ne font vraiment qu’un, et cela signifie bien plus qu’un sentiment. Cela signifie qu’ils sont une seule chair.

Vivre ensemble comme une seule chair

Paul écrit :

C’est ainsi que le mari doit aimer sa femme comme son propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime lui-même. Car jamais personne n’a haï sa propre chair, mais il la nourrit et en prend soin, comme Christ le fait pour l’Eglise, parce que nous sommes membres de son corps. C’est pourquoi l’homme quittera son père et sa mère, s’attachera à sa femme, et les deux deviendront une seule chair. Ce mystère est grand; je dis cela par rapport à Christ et à l’Eglise (Éphésiens 5.28-32)

Qu’est-ce que cela signifie de vivre comme une seule chair ? Voici quelques implications découlant du fait que le mari et la femme sont une seule chair.

UN SEUL CORPS

Pour comprendre cette unité, nous devons voir que c’est l’unité évoquée dans Genèse 2.21-24. Cette unicité est celle d’un seul corps. Dieu a créé Adam en premier, mais Adam est incomplet : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. » Même parmi les animaux, « il ne trouve pas l’aide qui lui convienne parfaitement » (Genèse 2.18,20). Dieu a donc créé l’aide appropriée pour Adam, et il a fait cela à partir du propre corps d’Adam (1 Corinthiens 11.8).

Quand Adam voit Ève, il dit : « Os de mes os et chair de ma chair. » (Genèse 2.23) Ainsi, selon les Écritures, c’est pour cette raison que « l’homme quittera son père et sa mère, et s’attachera à sa femme, et ils deviendront une seule chair » (Genèse 2.23-24 ; Éphésiens 5.31). Parce qu’ils sont une seule chair, ils deviendront une seule chair.

UNE SEULE MISSION

L’unicité conjugale crée une unicité de vocation. Adam a reçu une vocation originelle, celle d’être fécond et de se multiplier, de remplir la terre et de la soumettre, et c’est quelque chose qu’il était incapable de faire seul (Genèse 1.28 ; 2.18). La femme a donc été faite pour l’homme (1 Corinthiens 11.9). À la différence des animaux, la femme seule était une aide appropriée pour cette tâche (Genèse 2.20).

UNE SEULE UNION

L’unicité biblique exige de quitter les autres unions, notamment celle de ses parents. Le psaume 45 l’explique en parlant de l’entrée dans un nouveau foyer : « Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille, oublie ton peuple et la maison de ton père. Le roi porte[ra] ses désirs sur ta beauté. » (Psaume 45.11-12). Cela nous indique que l’union conjugale est distincte des communautés familiales étendues. Elle inaugure une nouvelle relation tête-corps. Ainsi, la famille conjugale est l’institution civique la plus fondamentale. Elle représente une seule chair.

UNE SEULE PROMESSE

Une troisième signification de l’unité biblique est la permanence. Jésus lui-même fait ce lien : « Ainsi, ils ne sont plus deux, mais ne font qu’un. Que l’homme ne sépare donc pas ce que Dieu a uni. » (Matthieu 19.6) Même pour les chrétiens et les églises qui reconnaissent certains motifs de divorce, le divorce est toujours tragique, car il déchire un corps. Comme la mort, le divorce sépare deux choses qui vont ensemble. C’est pourquoi les chrétiens s’engagent dans le mariage pour la vie et font tout ce qu’ils peuvent pour que le mariage dure jusqu’à la fin.

UN SEUL AMOUR

Une dernière implication du mariage comme étant une union d’une seule chair est la logique de l’amour. Comme le dit Paul dans Éphésiens 5.28, aimer son conjoint, c’est s’aimer soi-même. Quand un mari aime sa femme, il aime son corps, et quand une femme aime son mari, elle aime sa tête. C’est pourquoi haïr son conjoint est si tragique. C’est en fait une forme de haine de soi. Maltraiter sa femme, c’est se maltraiter soi-même. Mépriser son mari, c’est se mépriser soi-même.

Les défis à relever pour vivre comme étant une seule chair

Je pense que beaucoup de chrétiens, sinon la plupart, diraient que l’image biblique du mariage est en fait attrayante. Elle est encourageante et même inspirante. Mais alors, pourquoi est-ce si difficile ?

Le péché est toujours la première réponse. Les seuls candidats au mariage sont des pécheurs, et ils auront le désavantage supplémentaire de vivre autour, de travailler pour, et de se lier d’amitié avec d’autres pécheurs. En plus de cela, des forces pécheresses et des puissances mauvaises les affligeront et les attaqueront au cours de leur vie. La vie sur terre est une guerre (Job 7.1), et nos mariages n’existent que sur la terre.

Mais il y a certains défis spécifiques et prévisibles pour vivre comme étant une seule chair.  Tous les bons conseillers conjugaux savent qu’il faut discuter des questions de l’argent et de la famille élargie. Ils mettent en garde contre les dangers de trop travailler ou de consacrer trop de temps aux amis et aux loisirs. Ce sont des dangers prévisibles, et ils sont bien réels. Mais chacun de ces dangers revient en fait à la question de l’identité : ce que nous pensons que le mariage est et qui nous pensons être.

L’INFLUENCE DES PARENTS

L’influence de nos parents se poursuit certainement après notre mariage, mais l’enseignement biblique de l’unicité du mariage est clair : l’autorité des parents prend fin lorsque l’homme et la femme se marient. Le mari et la femme doivent continuer à honorer et à respecter leurs propres parents et leurs beaux-parents, mais ils doivent aussi se séparer d’eux de manière appropriée. La famille élargie ne doit pas s’interposer entre le mari et la femme ni essayer de les monter l’un contre l’autre. Ce genre de conseil est plus facile à donner qu’à appliquer, mais tout commence par la compréhension de l’unicité du mariage. Le mari et la femme sont leur propre foyer.

L’ARGENT

L’argent aussi est affecté par notre état d’esprit. Il divise un mariage lorsqu’un partenaire dépense sans tenir compte de l’autre, et cela parce qu’ils pensent encore à « moi » et « toi ». Mais en réalité, l’argent et les autres biens sont maintenant « à eux » – tout est à eux.

Le père de l’Église du quatrième siècle, Jean Chrysostome, l’a exprimé de la façon suivante :

Avant tout, bannissez de son âme cette notion de à moi et de à toi. Si elle dit le mot « mien », dis-lui : « Quelles sont les choses que tu appelles tiennes ? Car, en vérité, je l’ignore ; pour ma part, je n’ai rien qui soit à moi. Comment donc parles-tu du mot “mien”, alors que tout t’appartient ? » (Homélie 20 sur Éphésiens)

LE TRAVAIL

Il en va de même pour les engagements professionnels. Dans le monde moderne, surtout avec la disparition des frontières claires entre le temps de travail et le temps libre, les gens travaillent plus longtemps que jamais. Grâce à leurs smartphones, ils travaillent même pendant qu’ils mangent, qu’ils se promènent au parc et qu’ils sont censés dormir. Mais ce style de travail vide le mariage de sa substance.

L’unicité biblique du mariage signifie que le mariage passe avant tout. Les chrétiens doivent comprendre leur « travail » comme une extension et une application du mandat culturel du foyer, une façon pour eux de se multiplier ensemble, de remplir la terre et de la soumettre. En pratique, cela signifie que le travail de nos emplois doit soutenir le travail plus fondamental de notre mariage et de notre famille. Si nos emplois nuisent à notre famille, alors ils nuisent à notre propre corps.

LES AMIS

Il en va de même, enfin, pour les amis. Si les hommes et les femmes ont naturellement leurs propres types d’amis, et généralement des amis très différents les uns des autres, les limites doivent être claires. Nous ne sommes jamais « seuls » avec nos amis, mais faisons toujours partie de notre corps. Ainsi, ce que nous faisons avec nos amis, et la durée de cette activité devraient être bons pour notre conjoint également, bon pour la tête et le corps.

Le mariage que nous voulons tous

Pourquoi cette conception du mariage est-elle particulièrement chrétienne ?

Cette conception du mariage est chrétienne parce qu’elle provient de la parole de Dieu, mais plus encore, elle est chrétienne parce qu’elle témoigne de Christ. Elle vit l’amour sacrificiel que Christ a montré à l’Église (Éphésiens 5.25-27). Se marier en tant que chrétien, c’est entrer dans une vie de mort à soi-même. Les conjoints ne peuvent pas faire passer leurs propres désirs en premier. Ils doivent servir l’autre et apprendre à trouver leur joie dans la joie de leur bien-aimé. En effet, ils doivent comprendre qu’ils ne réussiront et ne s’épanouiront que dans la mesure où leur conjoint réussit et s’épanouit. Ils recevront la gloire de la gloire de leur moitié.

Se marier en tant que chrétien, c’est entrer dans une vie de mort à soi-même.

Un mariage chrétien témoigne également de la communion des croyants avec Christ. Toutes les bénédictions de Christ sont maintenant nôtres par notre union avec lui (1 Corinthiens 3.21-23 ; Éphésiens 1.3). Nous sommes si étroitement identifiés à Christ que nous pouvons dire : « ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi. » (Galates 2.20) Quand le mari aime sa femme comme Christ a aimé l’Église, et quand la femme se soumet à son mari comme au Seigneur, ils sont une icône vivante du Christ tout entier.

En fin de compte, ce type de mariage pointe vers le grand mariage de la fin de l’histoire, lorsque la ville sainte descendra du ciel, « préparée comme une mariée qui s’est faite belle pour son époux » (Apocalypse 21.2). Il renvoie au grand mariage où chacun d’entre nous, après avoir été lavé et rendu sans tache ni ride, sera présenté à son époux éternel avec splendeur.

C’est le mariage, supérieur aux meilleurs mariages terrestres, que nous souhaitons tous.


Cet article est une traduction de l’article anglais « Your spouse should complete you » du ministère Desiring God par Timothée Davi.