Une perspective biblique du mal (John MacArthur)

Une juste théodicée biblique reconnaît le droit de Dieu d’agir selon son bon plaisir sans devoir s’expliquer, droit aussi de condamner les pécheurs pour le mal répandu dans le monde, et d’inviter les pécheurs à l’accepter, lui, comme remède au mal. Dieu est juste et bon parce que la justice et la bonté constituent sa vraie nature. Dieu défend sa justice en aidant les gens à voir l’Histoire selon son point de vue.

Dieu ouvre une perspective sur le passé

En premier lieu, Dieu ouvre une perspective sur le passé. Il s’est toujours justifié en mettant fin à des périodes de souffrances par un acte de grâce. Il a suscité Moïse pour conclure quatre siècles d’asservissement. Et Moïse lui-même dut attendre quarante ans avant de recevoir son ordre de mission. La traversée du désert fut une période d’attente qui prit fin avec l’entrée dans la Terre promise. Et même si les pérégrinations du peuple furent marquées par des moments de manque d’eau et de nourriture, la providence gracieuse de Dieu y a chaque fois mis fin. L’alternance entre les attentes humaines et les interventions divines s’est poursuivie par des cycles d’oppression et de délivrance sous les juges et après le schisme. Tout l’Ancien Testament est marqué par l’attente de l’accomplissement de l’alliance abrahamique. Sous l’Ancien Testament, la longue attente s’est accompagnée de la dialectique entre justice et grâce, ce qui ne manquait pas de susciter des questions concernant la cohérence entre la justice et la grâce de Dieu. La justice était prédite, mais Dieu promettait aussi de réaliser ses promesses. Comment concilier et harmoniser justice et grâce sans compromettre l’une des deux ? La justice de Dieu jetait une ombre sur sa grâce, et sa grâce sur sa justice.

Jésus a résolu le problème vétérotestamentaire du mal

Jésus a résolu le problème vétérotestamentaire du mal en conciliant justice et grâce divines. Par sa mort expiatoire, il est la théodicée divine, donnant raison, sur la croix, à la fois à la justice et à la grâce (Ro 3.26 ; 5.8,9,20,21). La grâce règne par la justice qui est révélée par l’Évangile de la grâce (Ro 1.17). Par sa grâce, Dieu nous incite à louer sa justice. De nombreux saints de l’Ancien Testament ont beaucoup plus souffert que n’importe quel croyant contemporain, et ils sont morts avant d’assister au triomphe de Dieu sur le mal par la croix de Christ. Ils ont dû croire qu’un jour Dieu leur donnerait lui-même raison. Combien plus les croyants de la nouvelle alliance devraient-ils faire confiance à Dieu pour les approuver lors du retour de Christ selon ses fidèles promesses.

Dieu ouvre une perspective sur le présent

Deuxièmement, Dieu ouvre une perspective sur le présent. L’Écriture montre que Dieu s’est toujours servi et continue aujourd’hui encore à se servir du mal pour accomplir ses projets en vue du bien. Au problème du mal, il faut trouver une solution théocentrique, et non une réponse anthropocentrique. Elle ne doit pas chercher à rendre l’homme plus heureux ou plus libre, mais contribuer à glorifier davantage Dieu. L’apologie du plus grand bien n’est valable que si ce dernier glorifie Dieu davantage qu’un moindre bien. Le bonheur de l’homme passe seulement par ce qui glorifie Dieu : l’obéissance, l’abnégation, et la souffrance dans l’anticipation de la gloire finale. Si Dieu est glorifié au maximum, les croyants et toute la création (à l’exclusion des incroyants) jouiront de leur bien suprême (Ro 8.28).

Sans expliquer tous les maux de façon exhaustive et en encourageant à la patience au milieu des tribulations, l’Écriture révèle quelques-uns des moyens que Dieu utilise pour faire aboutir son dessein : manifester la grâce et la justice divines (Ro 3.26 ; 5.8,20,21 ; 9.17) ; juger le mal dès maintenant et dans le futur (Mt 23.35 ; Jn 5.14) ; racheter par les souffrances de Christ (1 Pi 3.18) ; répandre le témoignage de l’Évangile par les souffrances du peuple de Christ (Col 1.24) ; choquer les incroyants, attirer leur attention et les appeler à un changement de cœur (Za 13.7-9 ; Lu 13.1-5 ; Jn 9) ; corriger les croyants (Hé 12.3-17) et justifier Dieu (Ro 3.26).

Dieu donne l’assurance que dans tout événement, il vise la gloire de sa personne et le bien de ses enfants (Ro 8.28). Toutes les preuves qui démontrent que Dieu se sert effectivement du mal pour faire du bien devraient encourager ses élus à croire fermement que les maux encore inexpliqués sont divinement utilisés pour leur bien.

Dieu ouvre une perspective sur l’avenir

Troisièmement, Dieu ouvre une perspective sur l’avenir. L’Écriture promet que Dieu aura finalement raison et que les croyants seront délivrés de tous leurs maux. Un jour futur, les souffrances déboucheront sur la gloire pour les croyants, et la prospérité des méchants fera place au jugement (Ps 73 ; És 40 ; Mt 25 ; Lu 1.46-55). Si Dieu semble injuste dans le présent, nous avons besoin d’attendre la glorification de Dieu et le jugement (Ha 2.2,3) et nous rappeler ses interventions passées (Ha 3.1-18). Dans le futur éternel, plus personne ne mettra en doute la justice et la compassion de Dieu. Il n’exposera pas de théodicée théorique finale et exhaustive, mais lorsqu’il se manifestera à tous lors de la seconde venue de Christ, tous les doutes se transformeront en silences confus ou en louanges sonores. Et lorsque Christ régnera avec une justice parfaite, le problème du mal ne sera plus. Si on croit fermement à une justification finale de Dieu, il suffit d’admettre avec foi que le problème du mal est déjà résolu dans la pensée et le conseil souverains de Dieu. L’Écriture ne répond donc pas au problème du mal par un raisonnement philosophique, mais par l’assurance divine que la solution sera la justification et l’approbation de Dieu. Tous les chrétiens devraient adopter cette attitude en exposant une théodicée au monde présent.

L’Écriture est le moyen que Dieu utilise pour donner un cœur nouveau

Enfin, l’Écriture ouvre sa propre perspective en étant le moyen dont Dieu se sert pour donner un cœur nouveau aux croyants. Par la Parole de Dieu, l’Esprit sauve et transforme le doute en foi, humilie l’être humain pour son autonomie orgueilleuse et le conduit à rendre grâces à Dieu pour sa miséricorde. Par cette Parole, Dieu donne un cœur nouveau qui permet de contempler Christ, de croire et de louer (1 Co 2.12,13). Le changement de valeurs qui accompagne le cœur nouveau élève le regard au-dessus des maux de cette vie pour le fixer sur Dieu qui fera cesser le mal et s’en sert déjà pour accomplir ses desseins. Cette nouvelle perspective est la théodicée chrétienne.


Cet article est tiré du livre : Théologie systématique de John MacArthur.