Sommes-nous en train de performer ou de participer ? (Tim Challies)

Avec tout le respect que je dois à mes amis presbytériens réformés, je pense qu’il est difficile de soutenir que le chant dans l’église locale ne doit pas être accompagné d’instruments. Mais avec tout le respect que je dois à tous les autres, je pense qu’il est également difficile d’affirmer que le chant dans l’église locale doit être accompagné d’instruments. Il me semble que nous avons beaucoup de liberté là-dessus, la liberté de chanter d’une manière qui correspond à nos convictions et la liberté de chanter d’une manière que nous jugeons appropriée à notre environnement.

J’ai tendance à penser que la position la plus difficile à justifier à partir de la Bible est celle qui semble être en vigueur dans un grand nombre d’églises évangéliques aujourd’hui, à savoir que la musique est à son meilleur lorsqu’il y a un groupe complet de chanteurs et de musiciens qualifiés qui jouent si fort qu’ils étouffent les voix de la congrégation. Alors que les instruments étaient traditionnellement utilisés pour rehausser la beauté de la musique et aider à diriger le chant de l’assemblée, aujourd’hui, ils semblent souvent dominer.  Au lieu d’utiliser un groupe musical pour compléter et accompagner l’assemblée, c’est l’assemblée qui se contente de faire de son mieux pour chanter avec le groupe musical.

Un ami a récemment fait la distinction entre deux catégories utiles : les célébrations de performance et les célébrations de participation. Une célébration de performance pourrait se dérouler joyeusement même s’il n’y avait personne d’autre que les personnes à l’avant de la salle : le(s) pasteur(s) et le groupe de louange. Une célébration de participation n’aurait aucun sens si la congrégation n’était pas présente et ne faisait pas sa part. Et si l’assemblée peut et doit participer à d’autres activités que le chant (par exemple, les prières, la sainte cène, les lectures et les réponses), elle doit participer au moins au chant. Pourtant, la réalité dans tant d’églises aujourd’hui est que le chant est bien plus performatif que participatif. En fait, moins on entend les voix des chanteurs non qualifiés dans les bancs, plus la musique est jugée bonne. Le chant, qui était le domaine d’une foule d’amateurs, semble maintenant être réservé à quelques professionnels.

Le Nouveau Testament ne dit précisément rien sur le rôle des instruments dans les cultes d’adoration.  Comme la majorité des protestants, je considère que ce silence laisse place à la sagesse et à la conviction de chaque église. J’ai joyeusement chanté a capella dans certaines églises et j’ai joyeusement chanté avec un groupe musical complet dans d’autres. Mais si le Nouveau Testament est silencieux sur les instruments, il est clair sur les voix : il semble dire que le chant appartient à toute l’église et pas seulement à un groupe. Dans deux de ses épîtres, Paul affirme clairement que nous devons tous chanter lorsque nous nous réunissons pour adorer.  Son invitation est la suivante : « dites-vous des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels; chantez et célébrez de tout votre cœur les louanges du Seigneur » (Éphésiens 5.19, S21) et « instruisez-vous et exhortez-vous les uns les autres en toute sagesse, par des psaumes, par des hymnes, par des cantiques spirituels, chantant à Dieu dans vos cœurs en vertu de la grâce » (Colossiens 3.16, S21) Aussi bons que soient les instruments, les voix sont meilleures, car elles expriment la louange et l’adoration d’une manière que même le plus habile des musiciens ne peut pas faire. 
Par conséquent, il semble raisonnable de conclure que si nous devons utiliser des instruments et des chanteurs pour nous conduire, ceux-ci doivent chercher à servir les voix, et non à les dominer ou à les noyer. Et les voix ne doivent pas être seulement celles d’un ou deux chanteurs qualifiés à l’avant de la salle, mais celles de toute l’assemblée qui, ensemble, portent la responsabilité d’obéir aux commandements de Dieu. Ce sont tous les participants, et pas seulement les meilleurs chanteurs, qui doivent s’encourager mutuellement en chantant des psaumes, des hymnes et des chants spirituels. Et pour ce faire, ils doivent être entendus ! Leur voix ne doit pas être étouffée par les instruments, mais s’élever au-dessus d’eux.

Je dis donc qu’il est grand temps que les Églises mettent l’accent sur la participation plutôt que sur la performance. Si le groupe de louange a du bon temps alors que l’assemblée a du mal à suivre, si on entend le groupe musical, mais pas l’assemblée, si deux voix sont entendues alors que des centaines d’autres ne le sont pas, quelque chose ne va pas du tout. Il serait de loin préférable de chanter sans instruments plutôt que de voir l’Église rester silencieuse avec des instruments. Il serait de loin préférable de retirer tous les instruments plutôt que de faire taire toutes les voix. Servez les gens lorsqu’ils chantent – servez les gens lorsqu’ils chantent l’Évangile, chantent les uns pour les autres, et chantent pour le Seigneur – exactement comme le Seigneur le commande.


Merci à Sylvio Janelle pour la traduction de cet article. Traduit avec autorisation. © Tim Challies.